Chine

Pékin reconnaît la première nomination épiscopale par Léon XIV en Chine

Le 11 juin, Mgr Joseph Lin Yuntuan a été officiellement installé comme évêque auxiliaire du diocèse de Fuzhou dans la province chinoise du Fujian. Le 11 juin, Mgr Joseph Lin Yuntuan a été officiellement installé comme évêque auxiliaire du diocèse de Fuzhou dans la province chinoise du Fujian. © chinacatholic.cn
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Le 11 juin, Mgr Joseph Lin Yuntuan, ancien évêque « souterrain » du Fujian, a été installé comme auxiliaire du diocèse de Fuzhou. Il a été nommé le 5 juin par le pape Léon XIV, qui effectue ici sa première nomination épiscopale chinoise. Alors que la nomination a été reconnue par Pékin, le Vatican a exprimé sa « satisfaction » : « Cet événement constitue un nouveau fruit du dialogue et une étape importante dans le cheminement communautaire. » Cette région à l’ancienne tradition catholique a eu comme premier évêque Mgr François Pallu, cofondateur des Missions Étrangères de Paris (MEP). Il s’agit aujourd’hui d’un des plus importants diocèses de Chine avec environ 300 000 fidèles.

Les autorités chinoises ont officiellement reconnu un ancien évêque « souterrain » de la province chinoise du Fujian. Le pape Léon XIV l’a nommé le 5 juin comme évêque auxiliaire de Fuzhou, sa première nomination épiscopale en Chine. Dans un communiqué de presse publié le 11 juin, le Bureau de presse du Saint-Siège a annoncé que Mgr Joseph Lin Yuntuan, 73 ans, a été officiellement installé comme auxiliaire de Mgr Cai Bingrui, bien qu’il ait été ordonné à ce poste pour la première fois fin 2017.

L’évêque de Fuzhou, Mgr Cai Bingrui, a été nommé en janvier dernier par le pape François à la tête de ce diocèse. Il s’agissait de la dernière nomination épiscopale du pape défunt pour l’Église en Chine. Entre ces deux nominations par François et Léon XIV, il n’est donc pas difficile de voir une continuité dans cette nomination.

Il s’agit par ailleurs d’une avancée majeure par rapport à l’accord entre Rome et Pékin sur les nominations épiscopales, en vigueur depuis 2018 et renouvelé pour quatre ans en octobre dernier. Car la décision des autorités chinoises de reconnaître Mgr Lin Yuntuan favorise l’unité de l’une des communautés catholiques les plus importantes mais aussi les plus divisées de Chine.

Selon l’agence Fides, la nomination officielle de Mgr Joseph Lin Yuntuan comme évêque auxiliaire du diocèse de Fuzhou était un événement très attendu par la communauté locale. Jusqu’à présent en effet, les autorités et les instances gouvernementales chinoises n’avaient pas reconnu la fonction épiscopale de Mgr Lin.

Début 2025, les remarques de Mgr Lin Yuantuan sur la nomination de Mgr Cai Bingrui (57 ans, ancien évêque de Xiamen) laissaient déjà entrevoir les événements à venir. L’ancien évêque « souterrain » écrivait il y a cinq mois que le Saint-Siège espérait sa « collaboration active pour guider le clergé, les religieuses et les fidèles de Fuzhou afin qu’ils soient obéissants et soutiennent Mgr Cai Bingrui ». Cette nomination confirme officiellement ces paroles, en lui confiant un rôle désormais reconnu par les organes officiels de l’Église locale contrôlés par le Parti.

300 personnes présentes à l’installation

China Catholic, le site Internet de l’Association patriotique des catholiques chinois, a rapidement publié un communiqué sur la cérémonie d’installation, qui a eu lieu ce mercredi matin dans la cathédrale de Fuzhou en présence d’environ 300 personnes. Mgr Vincent Zhan Silu, évêque de Mindong, l’un des deux évêques chinois ayant participé au Synode en octobre dernier au Vatican, présidait la cérémonie aux côtés de l’évêque ordinaire de Fuzhou, Mgr Cai Bingrui, et de Mgr Pierre Wu Yishun, évêque de la préfecture de Shaowu (Minbei, dans le nord du Fujian). Avec le nouvel auxiliaire, ils ont concélébré une messe d’action de grâce.

Le site China Catholic s’est aussi empressé de signaler que le nouvel évêque auxiliaire a juré de respecter « la Constitution et les lois du pays, de sauvegarder l’unité de la patrie et l’harmonie sociale, d’aimer le pays et la religion, d’adhérer au principe d’indépendance et d’autogestion de l’Église, de suivre la sinisation du catholicisme dans notre pays et de contribuer à la construction générale d’un pays socialiste moderne et à la promotion globale de la grande renaissance de la nation chinoise ».

Toutefois, cette phrase ressemble davantage à un communiqué officiel qu’à une déclaration substantielle, et dissimule le fait que cette nomination est une reconnaissance de l’importance des communautés « souterraines » dans l’histoire et le présent de l’Église au Fujian. Ce n’est pas une coïncidence si le prédécesseur de Mgr Cai Bingrui, Mgr Pierre Lin Jiashian, qui est décédé en 2023 à l’âge de 88 ans, était lui aussi un ancien évêque souterrain, qui a passé du temps dans des camps de travail forcé et qui a été finalement reconnu par les autorités en 2020, toujours dans le cadre de l’accord Chine-Vatican.

« Un nouveau fruit du dialogue »

Il est compréhensible que le Saint-Siège soit satisfait de cette nouvelle évolution, qui marque effectivement un pas en avant dans la direction fixée par le pape François pour l’Église en Chine.

« Nous apprenons avec satisfaction qu’aujourd’hui, à l’occasion de la prise de possession de la charge d’évêque auxiliaire de Fuzhou par S.E. Mgr Joseph Lin Yuntuan, son ministère épiscopal est également reconnu à des fins civiles. Cet événement constitue un nouveau fruit du dialogue entre le Saint-Siège et les autorités chinoises et une étape importante dans le cheminement communautaire du diocèse », pouvait-on lire cette semaine dans un communiqué du directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni.

Le défi sera désormais de voir quel rôle concret sera attribué à l’évêque auxiliaire Lin Yuantuan dans la gestion du diocèse et dans quelle mesure sa présence contribuera réellement à surmonter le fossé entre les catholiques « officiels » et les communautés « clandestines ». Avec la nomination annoncée cette semaine et les déclarations publiées par le Saint-Siège, le pape Léon XIV montre clairement qu’il souhaite continuer à mettre en œuvre l’accord signé par le Vatican avec Pékin en 2018. Il reste cependant à voir quelles seront ses décisions concernant les deux élections épiscopales qui ont eu lieu durant la vacance pontificale (à Shanghai pour un nouvel évêque auxiliaire, et à Xinxiang pour un nouvel ordinaire).

Dans cette région à l’ancienne tradition catholique, on peut enfin signaler que Mgr François Pallu, cofondateur des Missions Étrangères de Paris (MEP), a été le premier évêque de Fuzhou (à partir de 1680). Il s’agit aujourd’hui d’un des plus importants diocèses de Chine avec environ 300 000 fidèles.

Source : Asianews, Fides, Ucanews

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