Pakistan

Pendjab : une paroisse pakistanaise salue les infirmières chrétiennes, souvent victimes d’abus

Pour les infirmières chrétiennes au Pakistan, leur discrimination illustre le climat d’intolérance dans le pays envers les minorités chrétiennes. Pour les infirmières chrétiennes au Pakistan, leur discrimination illustre le climat d’intolérance dans le pays envers les minorités chrétiennes. © @Sunny Gill
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À l’occasion de la Journée internationale des infirmières, célébrée le 12 mai, une paroisse de Madina, un quartier résidentiel de Faisalabad (Pendjab), a tenu à remercier les infirmières chrétiennes. L’évènement a mis en évidence les violences qu’elles subissent souvent à cause de leur genre et de leur religion. Sœur Alvina, une franciscaine en charge du dispensaire médical de la paroisse depuis trente ans, explique que les infirmières sont « souvent discriminées » et « découragées par leurs supérieurs dans les hôpitaux ».

La Journée internationale des infirmières a été célébrée dimanche dernier dans l’église paroissiale du quartier résidentiel de Madina, à Faisalabad dans la province du Pendjab. Le curé, le père Khalid Rashid Asi, a béni 16 infirmières et 25 sage-femmes, en déposant l’onction sur leurs mains – leurs outils de travail pour le soin des malades.

Près de soixante personnes ont assisté à l’évènement, y compris des soignants travaillant pour le dispensaire de la paroisse, ainsi que des mères et des étudiants. Sœur Alvina, infirmière en chef de la paroisse locale, était à l’honneur : la religieuse franciscaine est au service du dispensaire médical paroissial depuis une trentaine d’années, en fournissant des soins gratuits aux pauvres avec l’aide du diocèse catholique de Faisalabad, mené par Mgr Joseph Indrias Rehmat.

« Je félicite toutes les infirmières du monde entier pour leur travail remarquable », a déclaré le père Khalid Rashid Asi. « Comme le messie, les infirmières servent les gens quand ils souffrent, et elles ont continué de le faire durant la pandémie de Covid-19, alors que les gens étaient confinés chez eux. » « Elles vivent comme des anges, en servant les autres et en les ramenant à la vie. J’ai toujours salué et admiré leur travail, dans l’histoire de l’Inde et du Pakistan », a ajouté le prêtre.

Un climat d’intolérance envers les minorités chrétiennes

La journée a aussi été l’occasion d’évoquer les nombreux obstacles que rencontrent les infirmières chrétiennes dans leur travail au Pakistan. « Nous avons pris la parole pour défendre leurs droits et nous avons demandé qu’elles reçoivent des salaires équitables », a rappelé le prêtre. « Elles sont harcelées au travail, elles doivent souvent endurer des mots durs de la part des familles et des personnes âgées, et pourtant elles continuent de travailler pour notre guérison. Le gouvernement devrait se préoccuper d’elles davantage. »

Pour les infirmières chrétiennes au Pakistan, l’hostilité et les mauvais traitements qu’elles subissent font écho au climat d’intolérance dans le pays envers les minorités chrétiennes, en particulier quand ce sont des femmes. « En ce jour, je veux encourager les infirmières chrétiennes. Je sais qu’elles sont moins privilégiées et que bien souvent, elles sont découragées par leurs supérieurs dans les hôpitaux », a confié sœur Alvina.

« Nous savons bien qu’une infirmière fait souvent plus d’efforts qu’un médecin pour sauver une vie, et qu’elle construit des relations pures avec les patients, en prenant soin d’eux le mieux possible », a-t-elle ajouté. « Je remercie la paroisse d’avoir organisé un tel évènement, afin de montrer cette gratitude aux infirmières, ce qui revient à reconnaître leur rôle important dans la société. Toutes les paroisses devraient organiser ce genre d’évènement. »

Nusrat Bibi, une infirmière salariée, a confié sa joie d’y participer, en réitérant qu’elle et ses collègues sont souvent victimes de discriminations sur leur lieu de travail à cause de leurs différentes religions minoritaires. Selon elle, leurs salaires sont insuffisants, en particulier dans les hôpitaux privés, alors qu’elle assure qu’elles travaillent davantage que tous les autres membres du personnel médical.

« Je travaille comme infirmière depuis 25 ans, mais je n’avais encore jamais été traitée ainsi avant », a-t-elle ajouté en évoquant l’initiative de la paroisse de Madina. « Le curé nous a donné des bouquets de fleurs en signe de gratitude, parce qu’il admire nos services et apprécie notre rôle. Je vous assure que je continuerai de servir le peuple de dieu avec beaucoup de zèle, parce que nous croyons qu’Il nous a assignés ce rôle et qu’Il nous a mis au service du peuple. »

(Avec Asianews)