Malaisie

Père Devadass, délégué malaisien au Synode : « Quel est le caractère unique des Églises en Asie ? »

Le père Clarence Devadass, le dimanche 27 octobre lors de la messe de clôture du Synode sur la synodalité au Vatican. Le père Clarence Devadass, le dimanche 27 octobre lors de la messe de clôture du Synode sur la synodalité au Vatican. © . Clarence Devadass / Facebook
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Le père Clarence Devadass, de Malaisie, participant au Synode sur la synodalité qui s’est terminé dimanche dernier, est intervenu le 23 octobre au Vatican lors d’un point presse quotidien. En prenant la parole, il a fait part de sa préoccupation sur la réduction des espaces publics permettant l’expression religieuse dans plusieurs régions d’Asie. Il a rappelé que le dialogue et l’harmonie sont essentiels pour la survie et la coexistence en Asie.

Le père Clarence Devadass, prêtre malaisien, qui a participé à la rédaction du document final de l’Assemblée synodale, l’a souligné le 23 octobre lors d’un point presse quotidien : « En Asie, le dialogue fait partie de l’expérience que nous vivons tous les jours, au sein d’une culture pluraliste. » Alors que la 2e session du Synode sur la synodalité a pris fin le dimanche 27 octobre à Rome, le document final a été rédigé par un petit groupe de 14 délégués élus par l’Assemblée, parmi lesquels se trouvait le père Devadass, de l’archidiocèse de Kuala Lupur.

À quelques jours de la fin du Synode, face aux journalistes, il a fait part de quelques-unes de ses réflexions depuis le début de l’expérience synodale sur l’immense continent asiatique, qui compte plus de 4,8 milliards d’habitants, où différentes religions, cultures et langues vivent côte à côte, et où les chrétiens ne sont que 383 millions, dont 153,3 millions de catholiques.

« Quel est le caractère unique des Églises en Asie ?

Dans cette réalité complexe, le prêtre malaisien explique que la synodalité – le thème central du Synode – est une expérience unique, à la fois dans l’Église (Ad Intra) et en relation avec le gigantesque pluralisme démographique de l’Asie (Ad Extra).

« Je viens d’Asie, et je me suis toujours demandé ce que l’Asie apporte au processus synodal », a-t-il commenté. « À part les Philippines et le Timor oriental, qui sont majoritairement chrétiens, nous sommes une minorité dans toutes les autres régions d’Asie. C’est le prisme qu’utiliseraient beaucoup d’Asiatiques pour analyser cela. Qu’est-ce que cela signifie ? Quel est le caractère unique des Églises en Asie dans ce contexte ? »

« Dans ce chemin synodal, en vivant avec les autres comme minorité, nous devons explorer deux perspectives : comment nous vivons la synodalité ‘Ad Intra’, c’est-à-dire ‘dans l’Église’, et ‘Ad Extra’, c’est-à-dire avec les autres », a-t-il ajouté.

« La synodalité, ce n’est pas quelque chose de nouveau en Asie »

« Beaucoup de gens disent que la foi est très fervente et vivante en Asie, mais cela ne veut pas dire que les autres problèmes comme la sécularisation ne sont pas présents. Ils existent, peut-être à des degrés différents. Par exemple, en Asie, nous constatons que l’espace public pour l’expression de la foi se réduit dans beaucoup de régions, sans doute en partie à cause de l’extrémisme religieux et politique », a-t-il poursuivi en soulignant que dans un tel contexte, l’harmonie doit être recherchée en engageant le dialogue.

« Le dialogue n’est pas une option en Asie, mais une question de survie. C’est une nécessité, et cela fait partie de notre expérience quotidienne dans une société pluraliste », a-t-il ajouté. « Parce que nous venons de sociétés très pluralistes, avec différentes cultures, religions et traditions, il est nécessaire de rechercher l’harmonie, de vivre avec les autres », a-t-il souligné, en expliquant que la synodalité est la base même de ce dialogue.

« Nous constatons par exemple que les mariages interreligieux et interculturels augmentent, et nous voyons que les enfants nés dans ces familles apprennent à s’écouter les uns les autres, à se parler avec respect. Ainsi, au cœur même de la famille se trouve une expérience de synodalité. Donc la synodalité n’est pas quelque chose de nouveau en Asie, elle existe déjà et continue d’animer l’Église. »

« Comment évangéliser quand on ne peut exprimer sa foi publiquement ? »

Pour lui, le fait d’être minoritaires en Asie pousse aussi les catholiques à voir la théologie, la recherche théologique, dans la perspective de cette coexistence interreligieuse et interculturelle. Par exemple sur ce que peut être l’évangélisation « dans un contexte où on ne peut pas évangéliser publiquement » : « Qu’est-ce que cela veut dire d’exprimer sa foi dans un lieu de travail où vous êtes seul ou seulement quelques-uns de votre communauté ? Comment vivre les valeurs évangéliques dans ce contexte ? Ce sont des choses dont nous avons souvent besoin de parler, pour voir comment l’Église peut être le sel et la lumière dans beaucoup de régions du monde. »

En évoquant le phénomène migratoire, qui a conduit beaucoup de catholiques asiatiques à vivre dans d’autres régions du monde, il a aussi souligné : « Ils sont les nouveaux missionnaires, parce que quand ils quittent leurs foyers, ils ne recherchent pas seulement un revenu, mais ils emportent aussi leur foi avec eux. Et je sais que dans beaucoup de régions du monde, ils animent les Églises dans les communautés où ils vivent et travaillent, en aidant à garder la foi vivante. »

(Avec Asianews et Herald Malaysia)