Nouveaux baptisés en Asie : la conversion d’une femme bouddhiste au Sri Lanka

Une célébration pascale au Sri Lanka. Ruwani Mudalige, 58 ans, témoigne de la difficulté de se convertir au catholicisme dans un village majoritairement bouddhiste. Une célébration pascale au Sri Lanka. Ruwani Mudalige, 58 ans, témoigne de la difficulté de se convertir au catholicisme dans un village majoritairement bouddhiste. © flickr.com / CC BY-NC-ND 2.0 DEED
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Une bouddhiste sri-lankaise, âgée de 58 ans et originaire de la région de Chilaw (une ville du district de Puttalam, dans la province du Nord-Ouest, à 80 km de Colombo), a été baptisée comme catholique il y a un an. Ruwani Mudalige explique que sa conversion est liée à son combat contre un cancer agressif survenu en 2017. Après deux ans de soins et face à l’échec de son traitement, elle raconte avoir rêvé du « Christ crucifié ». Elle témoigne d’une guérison miraculeuse et d’un appel à devenir chrétienne.

Après deux ans de douleur et de traitements échoués, Ruwani Mudalige raconte avoir « rêvé du Christ » en 2019. À l’âge de 58 ans, Ruwani a choisi de se faire baptiser comme catholique au Sri Lanka après des années passées loin du catholicisme, la religion de sa mère. « J’ai grandi dans une maison bouddhiste, mais ma mère était une catholique fervente. J’avais l’habitude d’aller à la messe du dimanche avec elle durant mon enfance, mais je me suis jamais sentie liée à l’Église », ajoute-t-elle.

Elle s’est encore plus éloignée du christianisme lors de son mariage avec « un bouddhiste fervent » à l’âge de 22 ans, en 1988. La famille de son mari, Aloka Weerathunga, comptait des danseurs traditionnels qui participaient à des festivals religieux et des cérémonies bouddhistes à travers le pays. Ruwani Mudalige les accompagnaient (son mari, son beau-père et d’autres proches) alors qu’ils participaient à des processions dans des temples, accompagnées d’éléphants richement ornés.

« Jésus ne guérit peut-être pas que pour qu’on retrouve la santé physique »

Ruwani Mudalige (troisième à partir de la gauche) en prière au sanctuaire de Kurusa Palliya (Sainte-Croix) de Marawilla, au Sri Lanka.
Ruwani Mudalige (troisième à partir de la gauche) en prière au sanctuaire de Kurusa Palliya (Sainte-Croix) de Marawilla, au Sri Lanka. Crédit : Ucanews

Durant ces fêtes, les jeunes de sa belle-famille formaient un groupe afin d’exécuter la « danse du feu » devant les temples bouddhistes, dans le cadre des festivités religieuses. « C’étaient des moments joyeux et hauts en couleurs, et nous pensions peu au sens et au but de la vie », confie-t-elle. Cette insouciance s’est estompée quand on lui a diagnostiqué un cancer du sein en 2017, à l’âge de 51 ans. Il s’agissait d’un cancer agressif selon les médecins, qui lui ont prescrit une opération et une chimiothérapie, alors qu’elle refusait de croire les rapports médicaux.

On lui a dit qu’il n’y avait pas d’autre moyen de traiter son cancer à part l’opérer, afin d’éviter que son état ne devienne grave à cause de son âge. Elle a accepté l’opération et la chimiothérapie. Après deux ans et face à l’échec du traitement, elle raconte avoir vu en songe « l’image du Christ crucifié », qui lui disait que Dieu l’aimait « à cause de sa miséricorde » et non à cause de ses mérites à elle. Ses prières au Christ, confie-t-elle émue, l’ont « guérie miraculeusement du cancer, en surprenant même les docteurs ».

Quand les médecins ont programmé une autre opération en 2020, elle a insisté pour qu’on fasse un nouveau scanner. Les examens ont certifié qu’elle était guérie. Malgré sa guérison, sa récupération a été progressive avant qu’elle retrouve pleinement la santé. Durant ces mois de convalescence, elle raconte avoir lu longuement la Bible. « Quand je lisais des récits de guérisons miraculeuses dans la Bible, je comprenais que Jésus ne guérissait peut-être pas leur maladie que pour qu’ils retrouvent la santé physique. Mais comme nous tous, leur plus grand besoin était spirituel – rencontrer l’amour qui bouleverse tout. »

Marie-Elizabeth, une amie proche de Ruwani Mudalige, une catholique qui est restée à ses côtés durant sa maladie et qui priait pour elle, est convaincue que sa guérison était miraculeuse, tout comme des prêtres et des religieuses qui ont suivi Ruwani. Après 2020, Ruwani et Marie-Elizabeth (qui est plus tard devenue sa marraine de baptême) se sont rendues tous les vendredis au sanctuaire de Kurusa Palliya (Sainte-Croix) de Marawilla. « Là-bas, je me sentais proche de Dieu, et j’y ai reçu un appel à rejoindre l’Église. »

« Personne ne m’a donné de l’argent pour que je change de religion »

Ruwani explique qu’elle a partagé son histoire avec un des prêtres du sanctuaire, et ce dernier l’a confiée à une religieuse. Cette dernière a commencé à lui enseigner le catéchisme. « Ce n’est pas évident de comprendre qu’on puisse se convertir au catholicisme à un âge aussi avancé. Je respecte toujours le bouddhisme, et je ressens toujours quelque chose envers le Seigneur Bouddha. Toutefois, à cause de ce que j’ai vécu, j’ai choisi de suivre Jésus. »

Une statue de Bouddha entouré de ses disciples, dans un centre bouddhiste populaire au Sri Lanka.
Une statue de Bouddha entouré de ses disciples, dans un centre bouddhiste populaire au Sri Lanka. Crédit : Ucanews

Elle a été baptisée dans l’église Sainte-Marie du diocèse de Chilaw en avril 2023, ouvrant un nouveau chapitre de son cheminement spirituel. Cependant, sa conversion n’a pas été appréciée par les villageois bouddhistes. « Certains groupes extrémistes se sont mis à faire différentes sortes de mauvaises annonces dans le village contre mon changement, et certains villageois ont aussi répandu des fausses affirmations sur ma famille », raconte-t-elle. « Personne ne m’a trompé, et personne ne m’a donné de l’argent pour que je change de religion. C’était une décision personnelle dans ma vie », ajoute-t-elle, en assurant qu’elle respecte tous ses amis bouddhistes.

Elle évoque la difficulté de se convertir au catholicisme dans un village majoritairement bouddhiste, à cause de la pression des groupes bouddhistes cingalais militants qui défendent la domination de leur religion majoritaire. Mais Ruwani Mudalige souligne qu’elle veut servir la communauté locale. Depuis son baptême, elle est devenue membre du conseil paroissial et songe à rejoindre d’autres groupes. « Je ne perds jamais foi en Dieu et je continue de soutenir les personnes vulnérables et ceux qui ont besoin de mon aide. »

(Avec Ucanews)