Vers le conclave, les voix qui comptent en Asie (1) : le cardinal Filipe Neri Ferrao, Goa, Inde

Durant ces jours de vacance du Saint-Siège, nous présentons quelques-unes des voix asiatiques les plus influentes au sein du collège des cardinaux, réunis en congrégations générales avant le conclave qui débutera le 7 mai. Parmi les cardinaux créés par le pape François (108 sur 135 cardinaux électeurs) se trouve l’archevêque de Goa en Inde : le cardinal Filipe Neri Ferrao, 72 ans, est aujourd’hui président de la Fédération des conférences épiscopales d’Asie (FABC) et de la Conférence épiscopale indienne de rite latin (CCBI).

Le cardinal Filipe Neri Ferrao, âgé de 72 ans, est archevêque de Goa et Daman, sur la côte ouest indienne, depuis 2004. En tant qu’archevêque métropolitain de Goa, il détient également les titres honorifiques de « patriarche des Indes orientales » et « primat de l’Inde ». Il apporte au conclave son expérience d’une Église qui sauvegarde la mémoire de saint François Xavier, grand évangélisateur de l’Asie. C’est également un pasteur très respecté bien au-delà des frontières de l’Inde, à tel point que les présidents des autres conférences épiscopales d’Asie l’ont choisi l’an dernier pour présider la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie (FABC).

Originaire d’Aldona, un village du nord de l’État de Goa, il a été ordonné évêque en 1994, avant de servir l’archidiocèse de Goa comme évêque auxiliaire durant dix ans. Il est le visage de l’Église dans un État du Sud de l’Inde aux profondes racines chrétiennes. En 1553, un an après la mort de saint François Xavier sur l’île chinoise de Shangchuan, son corps a été placé dans la basilique de Bom Jesus (Bon Jésus) de Vieux-Goa, là où se trouvait le siège principal de son apostolat missionnaire.

Il y a quelques mois, le cardinal Ferrao a présidé l’exposition solennelle des reliques du saint missionnaire à Goa, qui a lieu tous les dix ans et attire à chaque fois plusieurs millions de pèlerins. « Une visite de Vieux-Goa est suffisante pour se convaincre du caractère plus qu’actuel de son message », avait alors déclaré l’archevêque de Goa à propos de l’héritage du saint. « La présence de ses reliques est une force unificatrice, qui construit la paix et l’harmonie entre des personnes de toutes cultures et religion. »

« Que tous soient un »

« Que tous soient un » (Jn 17, 21) est la devise épiscopale du cardinal Ferrao. Il est entré au petit séminaire de Saligao alors qu’il était encore très jeune, en 1963 à l’âge de dix ans. Quatre mois après être entré au grand séminaire de Rachol, ses études ont été interrompues brutalement par une fièvre cérébrale, suffisamment sérieuse pour inquiéter les médecins.

Il a pourtant pu reprendre ses études au séminaire de Pune, jusqu’à son ordination sacerdotale en 1979. Il a ensuite poursuivi ses études, d’abord en théologie biblique à l’université pontificale urbanienne, puis avec une licence en catéchèse et théologie pastorale à l’Institut international Lumen Vitae de Bruxelles, en Belgique.

Durant ses années de ministère à Goa, il a toujours montré un fort intérêt pastoral pour les familles, comme responsable du centre diocésain pour les familles (Diocesan family service centre). Quand il visite une paroisse, il aime parler aux familles, leur offrir un soutien spirituel et les soutenir. Il rend visite aux familles en particulier afin de réconforter les plus âgés et malades, et leur insuffler l’espérance. C’est aussi un ami des jeunes et des enfants, qu’il encourage à devenir de bons citoyens de l’Inde et des membres fidèles de l’Église.

Le premier archevêque de Goa au collège des cardinaux

Le cardinal Ferrao est le premier archevêque de Goa à avoir rejoint le collège des cardinaux, au cours des 465 années d’histoire de l’Église locale, quand le pape François l’a nommé en 2022. D’autres prélats qui ont servi à Goa durant un temps ont également la barrette cardinalice, alors qu’ils occupaient d’autres postes épiscopaux en Inde.

Le 22 février 2024, il a été élu président de la FABC lors de la rencontre du comité central de l’organisation à Bangkok, en succédant au cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun en Birmanie. Un rôle qu’il occupe depuis le 1^er janvier 2025. Il a immédiatement pris une décision importante en créant une commission présidée par le cardinal Pablo Virgilio David, vice-président de la FABC et président de la Conférence épiscopale philippine, afin de soutenir la synodalité des Églises du continent asiatique.

L’archevêque de Goa est aussi président de la Conférence épiscopale indienne (CCBI), l’assemblée collégiale rassemblant les évêques de rite latin du grand pays d’Asie du Sud. Dans ce domaine également, il a beaucoup insisté sur le thème de la synodalité, en soutenant une des consultations diocésaines importantes qui ont pris fin il y a quelques semaines lors de l’assemblée plénière de la CCBI à Bhubaneswar (Odisha).

Le 23 avril, en communion avec le monde qui rendait grâce pour les fruits du pontificat du pape François, le cardinal Ferrao a présenté le document « Pèlerins d’espérance : discerner la voie synodale », qui pose les fondations afin de permettre à l’Église indienne de rite latin de poursuivre son cheminement dans l’esprit du synode voulu par le pape défunt entre 2021 et 2024. Ce document souligne six thèmes majeurs pour la réflexion et l’action pastorale de l’Église indienne, qui englobent de nombreuses problématiques comme les jeunes, les laïcs, les communautés ecclésiales de base, les migrants internes, les Dalits, les femmes, la Création, les technologies numériques et la construction de la paix.

(Avec Asianews, Nirmala Carvalho)