Le nonce à Kandhamal sur le site des violences antichrétiennes de 2008: « Vous êtes comme les premiers chrétiens »

Le 04/02/2025
Mgr Girelli, le nonce apostolique en Inde, a visité les communautés victimes des plus graves violences antichrétiennes de l’histoire récente du pays, survenues en 2008. « Je suis heureux et ému de me retrouver ici pour prier devant le mémorial des martyrs. Vous êtes comme les premiers chrétiens, qui sont restés fermes dans la foi », a-t-il confié. À cette occasion, il a reçu une lettre destinée au pape François, demandant d’inclure le nom du père Bernard Digal dans la liste des « Martyrs du XXIe siècle » qui seront commémorés durant le Jubilé 2025.
La 36e Assemblée plénière des évêques indiens de rite latin, qui a eu lieu ces derniers jours à Bhubaneswar, dans l’État d’Orissa dans l’est du pays, a permis une visite non-officielle du nonce apostolique, Mgr Leopoldo Girelli, dans le district de Kandhamal, un lieu devenu symbole des violences subies par les minorités chrétiennes démunies de la région durant l’été 2008. Il était accompagné de Mgr John Barwa, l’archevêque de Cuttack-Bhubaneswar (la capitale de l’Orissa est Bhubaneswar, et Cuttack est la 2e plus grande ville de l’État). Le père Mrutyunjaya Digal, secrétaire de l’archevêque, était également présent avec d’autres prêtres.
Le nonce a visité trois localités à Kandhamal : Raikia, Tiangia et Nandagiri. En célébrant la messe dans la paroisse Notre-Dame de Charité, à Raikia, le nonce a exprimé sa joie devant la foi manifestée par les fidèles : presque 1 500 enfants, jeunes et adultes étaient présents, ainsi que 30 prêtres et 25 religieux et religieuses.
« Vous êtes comme les premières communautés chrétiennes, qui sont restées fermes dans la foi. Vous êtes devenu un exemple pour des millions de chrétiens, sur la façon dont on peut persévérer même dans la souffrance », a déclaré Mgr Girelli. Il s’est aussi rendu au mémorial des Martyrs à Tiangia, un village catholique où sept chrétiens ont été tués durant les violences il y a presque 17 ans. « Je suis heureux et ému d’être ici pour prier devant le mémorial des Martyrs. Votre village est un lieu de paix, d’harmonie, de foi et d’amour », a-t-il commenté.
Martyrs du XXIe siècle
Le nonce a également visité Nandagiri, un village d’où ont été chassées 82 familles. « Le nonce nous a dit que le souhait du pape est d’être ici avec nous », a confié le père Mrutyunjaya. Mgr Girelli a également parlé aux élèves du lycée Vijay à Raikia : « Aujourd’hui, je suis ici avec vous au nom du Saint-Père et nous sommes ensemble pour prier et nous engager à former une communauté de paix, d’harmonie et d’amour. C’est le message que nous avons appris de Jésus, et nous voulons le mettre en pratique en ce lieu. »
En accueillant le nonce, le père Madan Singh, directeur de Jana Vikas (une organisation chrétienne locale basée à Kandhamal), a déclaré que la visite de Mgr Girelli représente pour la communauté un « grand espoir » de voir l’Église reconnaître officiellement les victimes de 2008 comme des martyrs. En octobre 2023, le dicastère pour les Causes des saints a autorisé l’Église en Inde à « initier le processus de béatification » pour les 35 catholiques « martyrs de Kandhamal ». L’une de ces victimes était un prêtre catholique, le père Bernard Digal.
« Le nonce a reçu une lettre devant être remise au pape François, et lui demandant d’inclure le nom du père Bernard Digal dans la liste des Martyrs du XXIe siècle, qui seront commémorés durant le Jubilé 2025 », a précisé le père Mrutyunjaya Digal, un prêtre de Beticola – une paroisse où les chrétiens n’ont pas pu retourner depuis.
En 2008, une série d’émeutes violentes menées par des extrémistes hindous a causé près d’une centaine de morts, plusieurs milliers de blessés, la destruction de 300 églises et de 6 000 habitations, et le déplacement forcé de 50 000 habitants – beaucoup ont dû se cacher dans la jungle alentour, où d’autres encore sont morts de faim ou de morsures de serpents. Les foules en colère étaient excitées par des rumeurs affirmant que les chrétiens avaient tué un saint homme hindou local (il s’est avéré plus tard que ce dernier avait en fait été assassiné par des guérillas maoïstes de la région).
(Avec Asianews)