Le dôme et le soleil levant pour l’exposition universelle 2025 à Osaka

Le 07/02/2025
Alors que l’exposition universelle 2025 débute dans près de deux mois à Osaka, le Vatican y aura sa propre section, sur le thème « la beauté amène l’espérance », en lien avec le thème du Jubilé 2025 (« pèlerins d’espérance »). Le logo choisi par le Saint-Siège pour l’occasion mélange des thèmes empruntés à Rome et au Japon, pour « une union heureuse entre les symboles chrétiens et la culture japonaise ».
Fin octobre était dévoilé le logo du Saint-Siège pour l’exposition universelle 2025 (qui se tiendra à Osaka du 13 avril au 13 octobre prochain, sur le thème « Concevoir la société du futur, imaginer notre vie de demain »). Selon les organisateurs, le logo du Vatican pour l’événement représente « l’union entre les symboles chrétiens et la culture japonaise ». Le thème de la section vaticane sera « la beauté amène l’espérance », en lien avec le jubilé 2025 sur les « pèlerins d’espérance ».
Le logo montre le dôme de la basilique Saint-Pierre de Rome, entouré du soleil levant et d’une bande noire évoquant la technique traditionnelle de peinture à l’encre « sumi-e ». Mgr Rino Fisichella, pro-préfet du dicastère pour l’Évangélisation et responsable de la section pour la nouvelle évangélisation, a présenté le logo quelques semaines avant le début du Jubilé 2025, lors d’une conférence de presse organisée fin octobre 2024, en introduisant quelques initiatives culturelles en lien avec l’Année jubilaire. « Ce logo représente une union heureuse entre les symboles chrétiens et la culture japonaise », a-t-il expliqué.
« Union heureuse entre les symboles chrétiens et la culture japonaise »
Le Vatican n’aura pas son propre pavillon à l’exposition d’Osaka, mais sa section facilement reconnaissable qui se trouvera dans le pavillon italien. Les visiteurs pourront y admirer le tableau de « La mise au tombeau du Christ » de Caravage, qui sera amené au Japon depuis les Musées du Vatican. Pour le pro-préfet, avec cette peinture unique, « paradoxalement, nous avons l’intention d’exprimer un message d’espérance ». « Face à la tragédie de la mort, nous savons que la foi en la résurrection existe, que la vie est vraiment et réellement donnée à ceux qui croient dans le Christ. »
Comme le prévoient les règles de l’exposition universelle, le Saint-Siège a nommé quatre artistes comme ses ambassadeurs afin d’appuyer la présence du Vatican à Osaka 2025. Parmi eux, Etsuro Sotoo, un sculpteur originaire de Fukuoka, qui a œuvré dans l’église de la Sagrada Familia de Barcelone, où il s’est converti au catholicisme en découvrant le travail et les écrits de l’architecte Antoni Gaudi. Etsuro Sotoo a également reçu le Prix Ratzinger en 2024.
Les autres « ambassadeurs » sont Cecco Bonanotte, un sculpteur italien très apprécié au Japon, ainsi que la chef d’orchestre Tomomi Nishimoto et la mangaka Kan Takahama (connue internationalement pour sa série manga Nyx no lantern). Autre initiative en lien avec le Jubilé pour l’exposition, le Vatican présentera sa mascotte Luce (« lumière ») devenue virale sur les réseaux sociaux, en particulier en Asie.
Les sans-abri expulsés en masse d’Osaka avant l’exposition
En parallèle des préparatifs de l’exposition d’Osaka, dimanche dernier, un incident est venu ternir les enthousiasmes qu’un tel événement peut susciter, alors que celle de 1970 (également à Osaka) avait été considérée comme un « symbole de la croissance économique rapide du Japon ».
Le 2 février dernier, près de cinq cents fonctionnaires et policiers antiémeutes ont fait une descente dans le quartier de Kamagasaki (arrondissement de Nishinari-ku à Osaka), connu comme le quartier du Japon à la plus grande population de travailleurs journaliers, afin d’en chasser les personnes sans-abri vivant près du Centre Général Airin.
Après la fermeture de ce centre en 2019, où les gens venaient trouver du travail et de l’aide, beaucoup se sont installés dans les rues voisines. Le gouvernement de la préfecture d’Osaka, qui possède le terrain, a déposé une plainte en demandant aux personnes sans domicile fixe de quitter les lieux. Les autorités sont suspectées de vouloir vider le quartier avant l’exposition 2025 d’Osaka.
L’itinérance invisible du Japon
Ainsi que l’explique le journaliste italien Cristian Martini Grimaldi, qui écrit sur le Japon, la Corée et d’autres pays asiatiques depuis Tokyo, « au Japon, les normes culturelles et les structures sociales insistent sur l’ordre et la discrétion, donc les sans-abri sont moins visibles, et pourtant plus nombreux qu’on ne pense ». Au mois de janvier 2024, le ministère de la Santé, du Travail et du Bien-social avait publié le chiffre de 2 820 sans-abri à travers le pays. « À première vue, ce faible chiffre semble être une victoire : moins de 3 000 personnes sans-abri dans un pays comptant 125 millions d’habitants, soit près de 0,02 %. Toutefois, ces chiffres ne disent pas tout. »
Il explique que l’itinérance est souvent minimisée dans le pays, en raison de normes sociétales qui stigmatisent la pauvreté et l’échec public. Beaucoup de Japonais confrontés à l’insécurité liée au logement vivent ainsi dans des webcafés, des hôtels capsule ou des appartements insalubres, afin d’éviter d’être catégorisés officiellement comme « sans-abri », tout en vivant dans des conditions précaires.
Selon Cristian Grimaldi, en comptant toutes ces réalités cachées, on pourrait estimer le chiffre réel des personnes en difficulté d’accès au logement entre 100 000 et 200 000, soit loin des 2 820 personnes officiellement reconnues comme sans-abri par le ministère. Le journaliste, auteur du livre Japan does it better ? (Est-ce que tout est vraiment mieux au Japon ?), explique régulièrement dans ses articles comment le Japon est parfois idéalisé depuis l’étranger. Une façon pour lui de présenter un tableau plus réaliste et plus complexe sur un pays unique.
(Avec Ucanews et Asianews)