En Birmanie, la nouvelle cathédrale de Mindat bombardée par la junte : « Nous reconstruirons »

Le 13/02/2025
La cathédrale du Sacré-Cœur de Mindat a été bombardée le 6 février par la junte militaire birmane. Mindat est un nouveau diocèse créé le 25 janvier dernier par le pape François dans l’État Chin, dans l’ouest de la Birmanie. Il compte plus de 14 000 catholiques pour environ 360 000 habitants. Selon un prêtre local, les catholiques sont déterminés à reconstruire et à se relever malgré cette épreuve : « C’est une blessure dans nos cœurs, mais nous ne nous laisserons pas abattre. Nous reconstruirons. »
Le 25 janvier dernier, l’église du Sacré-Cœur était désignée par le pape François comme cathédrale pour le nouveau diocèse de Mindat. Elle a été bombardée seulement quelques jours plus tard, le 6 février, mais les informations sur cette attaque n’ont été dévoilées que très récemment. L’église, située dans l’État Chin, dans l’ouest de la Birmanie, a été gravement endommagée par les frappes aériennes de la junte militaire, alors que les combats se poursuivent dans cette région majoritairement chrétienne. Selon Vatican News, mi-2024, le bâtiment avait déjà été touché par des obus d’artillerie.
Durant le dernier bombardement, le toit et les vitraux de l’église ont été détruits, rendant l’édifice inutilisable, selon les informations de l’agence Fides. Aucune victime n’a été signalée et la zone avait été évacuée récemment. Alors que l’église venait d’être désignée comme cathédrale de Mindat, l’Église locale prévoyait des célébrations liturgiques diocésaines dont la consécration du nouvel évêque nommé de Mindat, le père Augustine Thang Zawm Hung (qui était jusqu’à présent vicaire paroissial dans l’église du Sacré-Cœur de Mindat).
Le nouveau diocèse compte une population totale de presque 360 000 habitants, dont plus de 14 000 catholiques pour 23 paroisses. Un prêtre local, appelé le père Paulinus, assure que les fidèles sont déterminés à reconstruire. « Nous sommes très tristes que notre église ait été frappée par les bombes. C’est une blessure dans nos cœurs. Mais nous ne nous laisserons pas abattre. Nous reconstruirons », ajoute-t-il. « Nous sommes certains que le Seigneur nous ‘bombardera’ avec sa grâce et ses bénédictions : Il apportera la paix et la prospérité à notre peuple. »
Quatre ans de guerre civile
Peu après la destruction de l’église de Mindat, le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, a appelé les catholiques à prier pour ceux qui ont été déplacés par les violences de la guerre civile en Birmanie. Le pays d’Asie du Sud-Est est secoué par le conflit interne qui a suivi le coup d’État militaire début 2021, au cours duquel la junte a renversé le gouvernement civil élu d’Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix 1991 – qui avait promis une nouvelle ère démocratique en Birmanie. Le coup d’État a déclenché une résistance importante, des manifestations massives et une escalade des conflits armés à travers le pays, plongeant la Birmanie dans cette crise humanitaire et cette crise des droits de l’homme.
Depuis 2021, les victimes civiles s’élèvent à plus de 6 000 selon les estimations des Nations unies, et plusieurs millions d’habitants ont été déplacés. La junte militaire a tué plusieurs milliers de personnes, détenu plusieurs milliers d’autres, et bombardé des hôpitaux, des écoles et des édifices religieux. Alors que l’économie locale s’est effondrée, le pays est au bord de la famine. La junte militaire a annoncé des élections pour 2025, auxquelles seuls les partis approuvés par la junte pourront prendre part. Depuis que le pays a acquis son indépendance en 1948, la Birmanie a connu des conflits répétés et plusieurs décennies de régime militaire (de 1962 à 2011).
Le cardinal Bo demande de prier pour la Birmanie
Ces dernières années, le cardinal Bo a fait part de ses préoccupations pour la liberté religieuse à maintes reprises. Alors que le pays bouddhiste protège la liberté religieuse dans sa Constitution, le cardinal birman a signalé que plus de 100 lieux de culte ont été bombardés et endommagés dans le pays. En avril 2024, un prêtre birman a également été abattu par balle alors qu’il célébrait la messe dans l’État Kachin.
La nation a aussi connu de multiples conflits ethniques, alors qu’on compte plus de 100 groupes ethniques différents en Birmanie. En 2017, le pape François s’est rendu dans le pays ainsi qu’au Bangladesh voisin, peu après des récits terribles d’abus contre la minorité Rohingya, un groupe majoritairement musulman qui s’est vu refuser l’accès à la citoyenneté.
La Force de défense du Chinland et d’autres groupes rebelles contrôlent une partie importante de l’État Chin, où se trouve le diocèse de Mindat. Peu après le bombardement de la cathédrale, le cardinal Bo a demandé de prier pour la Birmanie à l’occasion d’un événement interreligieux : « Ayons la vision d’une Birmanie où les divisions de la guerre disparaissent pour laisser place à l’unité de la paix. »
(Avec Catholic News Agency)