Inde : une loi contre la profanation des livres religieux saluée prudemment au Pendjab

Le 18/07/2025
Introduite par le ministre en chef du Pendjab, une nouvelle proposition de loi dans le nord de l’Inde prévoit d’emprisonner à vie toute personne ayant détruit intentionnellement le texte sacré de toute religion. Le Pendjab, seul État indien à la majorité sikhe, avait déjà voté une loi similaire, qui avait été rejetée par le gouvernement national parce qu’elle se limitait au Guru Granth Sahib, le livre saint du sikhisme. La nouvelle loi, qui sera examinée par un comité spécial avant d’être votée, pénalise aussi ceux qui encouragent les profanations.
En Inde, les responsables chrétiens ont salué prudemment une proposition de loi prévoyant des condamnations sévères pour toute profanation des Écritures saintes, quelle que soit la religion, dans l’État majoritairement sikh du Pendjab, au nord du pays.
La loi en question (Punjab Prevention of Offences Against Holy Scriptures Bill), la première de ce genre dans le pays, a été soumise à l’assemblée législative de l’État du Pendjab le 14 juillet, après avoir été validée lors d’une rencontre du conseil des ministres présidée par le ministre en chef du Pendjab, Bhagwant Mann.
La loi prévoit « un minimum de 10 ans d’emprisonnement, extensible jusqu’à la prison à vie » pour tout acte de profanation contre tout écrit sacré. De telles attaques sont en hausse dans la région, en particulier contre le livre saint du sikhisme, le Guru Granth Sahib, selon les médias locaux.
« Cette proposition de loi survient au bon moment, car il y a eu plusieurs affaires de profanation contre des livres saints dernièrement », signale le père Daniel Gill, vicaire général du diocèse de Jalandhar (une ville située dans le nord de l’État du Pendjab). Il espère que la loi sera bientôt votée par l’assemblée du Pendjab et qu’elle aidera le gouvernement à contrôler de tels actes de profanation.
« Ici, la majorité des gens ne manquerait pas de respect délibérément à un livre sacré »
« En Inde, les gens craignent Dieu et ne manqueraient pas de respect délibérément à un livre sacré, mais c’est vrai qu’il y a quelques personnes qui pourraient le faire volontairement pour obtenir des avantages politiques ou poussés par des rancœurs personnelles », estime le père Gill, interrogé le 15 juillet.
Toutefois, le prêtre ajoute que « cette loi comporte des avantages mais aussi des inconvénients ». « Il faudra attendre de voir comment le gouvernement fait face au problème, parce que certains pourraient tenter de détourner cette loi pour régler des différends personnels », explique-t-il.
De son côté, A. C. Michael, responsable du Forum chrétien uni, un groupe œcuménique indien qui assure une veille permanente des attaques contre les chrétiens dans le pays, a lui aussi salué la nouvelle loi. « Cette initiative d’imposer des condamnations pour des actes de profanation délibérés – comme incendier, défigurer, déchirer, endommager, détruire, décolorer, souiller ou abîmer un livre religieux ou toute partie de l’ouvrage – est une décision louable. »
Michael, ancien membre de la Commission pour les minorités de Delhi, ajoute qu’une telle loi était requise de toute urgence dans un État comme le Pendjab, où les incidents comme des livres sacrés déchirés ou brûlés, dont la Bible, sont en hausse. « Les chrétiens dans la région ont subi la montée des appels à la haine à leur encontre, alors que des groupes sikhs et hindous les accusent de conversions forcées, bien qu’aucune activité de ce genre n’ait pu être prouvée par aucun tribunal à ce jour. »
Hausse des conversions au christianisme au Pendjab au cours de la dernière décennie
Le Pendjab est un État majoritairement sikh où les chrétiens sont seulement 1,26 % pour un total de 28 millions d’habitants. Toutefois, il y aurait eu de nombreuses conversions au christianisme au cours de la dernière décennie. L’État a constaté une augmentation de nouvelles églises appartenant à des groupes évangéliques indépendants.
En août 2022, le chef d’Akal Takht, la plus haute autorité temporelle sikhe, a affirmé que les pauvres sikhs et hindous sont ciblés par les missionnaires – une accusation qui a été rejetée par les chrétiens. L’Akal Takht « Jathedar » (un terme sikh signifiant littéralement « capitaine »), Giani Harpreet Singh, avait averti que les conversions « ne seraient plus tolérées », en ajoutant que la communauté sikhe devait « songer sérieusement à demander une loi anti-conversion » au Pendjab.
Peu après, un groupe radical « Nihang Sikhs » radicaux (au sein de la communauté sikhe, ce terme désignait les moines guerriers) a attaqué un rassemblement chrétien près d’Amritsar (la ville où se trouve le temple le plus sacré de la foi sikhe). Après cet incident avait eu lieu un acte de vandalisme contre une église catholique, où la voiture d’un employé paroissial avait été incendiée à Tarn Taran, une ville de la région de Majha (Pendjab).
Selon un porte-parole du bureau du ministre en chef du Pendjab, le Code pénal indien actuel « ne suffit pas contre de tels crimes haineux, c’est pourquoi le gouvernement de l’État a décidé de voter une loi spécifique avec des sanctions renforcées ».
Le gouvernement du Pendjab estime que « la proposition de loi permettra un effet de dissuasion considérable contre les forces menaçant la société et la nation indienne, tout en renforçant les valeurs de paix, de fraternité et d’harmonie commune défendues par le Pendjab ».
Sources : Ucanews, Asianews