Les évêques indonésiens prennent la parole face aux manifestations et aux tensions dans l’archipel

Le 03/09/2025
La Conférence des évêques d’Indonésie (Konferensi Waligereja Indonesia, KWI) a exprimé sa profonde tristesse à la suite de la récente vague de violences dans le pays, en se montrant solidaire avec les Indonésiens ordinaires qui souffrent face aux difficultés économiques et aux tensions politiques. Depuis le 25 août, ont déplore au moins dix morts et vingt disparus dans le cadre des manifestations qui ont éclaté à Jakarta et d’autres villes du pays.
Dans leur déclaration datée du 30 août 2025, les évêques de l’archipel déplorent les violences qui ont causé des morts, des blessés et semé la peur. Ils appellent à la compassion, à la justice et à la retenue, et demandent aux dirigeants d’écouter les cris des pauvres et des plus vulnérables, lourdement impactés par l’augmentation du coût de la vie et les mesures politiques perçues comme injustes.
Les manifestations, qui ont éclaté à la suite de la mort d’un jeune motard durant une manifestation à Jakarta, se sont rapidement répandues dans d’autres villes. Ce qui avait commencé avec de simples appels à la justice et à la dignité humaine a finalement dégénéré en violents affrontements, avec vandalisme et pillages.
Pour beaucoup, la tragédie de la mort du jeune homme est devenue un symbole de la souffrance et de la frustration ressenties par les familles, les travailleurs et les jeunes à travers le pays. Les évêques ont donc appelé les dirigeants à prendre les mesures nécessaires afin de corriger les politiques qui renforcent les souffrances de la population. Ils ont aussi demandé la transparence, la responsabilité et la justice.
Le président invoque l’unité nationale
Ils ont également appelé les forces de l’ordre à agir avec humanité et patience, en protégeant le peuple même dans les situations tendues. Tous les Indonésiens, ont-ils ajouté, sont invités à rejeter la provocation et la violence et à s’unir afin de défendre la réconciliation et la solidarité.
En réaction aux tensions, le président Prabowo Subianto, , a annoncé l’abrogation de certains avantages parlementaires qui avaient suscité la colère populaire. Par ailleurs, il a condamné les actes violents de ces derniers jours comme perfides et néfastes à l’unité nationale, en avertissant que l’État agira fermement contre les pilleurs et les incendiaires. Tout en réaffirmant le droit à manifester pacifiquement, il a souligné que la sécurité publique devait être préservée.
Malgré les tensions, le message des évêques indonésiens reste un message d’espoir. Ils encouragent les Indonésiens à marcher ensemble, main dans la main, afin de construire un avenir enraciné dans la justice et la paix. « Répandons la lumière de bonté pour le bien de notre bien-aimée Indonésie », ont-ils conclu, en confiant la nation à la bénédiction et à la protection divine.
Appel des Nations unies et du cardinal de Jakarta
Les manifestations en Indonésie ont fait au moins dix morts, et à ce jour au moins vingt personnes portées disparues selon une alerte lancée le 2 septembre par une ONG locale. Le mouvement avait débuté le 25 août en réaction à l’annonce d’une indemnité versée aux députés ; elles ont dégénéré le 28 août après la mort du jeune chauffeur de mototaxi, écrasé par un fourgon de police.
Depuis le 25 août, la police a également arrêté près de 1 240 personnes à Jakarta dans le cadre des manifestations. De leur côté, les Nations unies ont demandé l’ouverture d’enquêtes sur les victimes et sur « l’usage disproportionné de la force ». Outre Jakarta, le mouvement a aussi gagné Bandung et Yogyakarta (Java), Palembang (Sumatra), Banjarmasin (Bornéo) et Makassar (Célèbes), ainsi que l’île de Bali et d’autres villes de l’archipel.
Dans ce contexte, le président a annulé son voyage en Chine, où il devait se rendre afin de participer au sommet de Tianjing à l’invitation de Xi Jinping. Face aux tensions, le cardinal Ignatius Suharyo, archevêque de Jakarta, a également invité les fidèles à rester lucides et loyaux, afin de défendre la solidarité sociale et le bien commun et agir de manière responsable. « Prenons soin de Jakarta, de l’Indonésie. Que Dieu Tout Puissant protège et bénisse notre nation. »
Sources : Kasmir Nema, RVA ; Asianews