Pakistan : près de deux millions de personnes déplacées par les inondations

Le 08/09/2025
Le bilan ne cesse de s’alourdir dans le nord du Pakistan, frappé par une mousson dévastatrice et les effets du réchauffement climatique. Selon les autorités pakistanaises, au moins 884 personnes ont péri depuis le début de la mousson, dont plus de 220 dans la région du Pendjab. Les crues d’une ampleur historique touchent cette province en particulier, et affectent près de deux millions de personnes, submergeant des milliers de villages et de terres agricoles. Le Pakistan est confronté à une véritable catastrophe humanitaire.
Campagnes et champs noyés, eau boueuse envahissant les ruelles, maisons à moitié submergées… Les images diffusées par les télévisions locales traduisent l’ampleur de la destruction. « Il s’agit de la plus grande inondation de l’histoire du Pendjab », a alerté Maryam Aurangzeb, ministre en chef de cette province, lors d’une conférence de presse. Selon les Nations Unies, des centaines de milliers de Pakistanais ont actuellement besoin d’aide humanitaire, tandis que des milliers de maisons, mais aussi d’écoles et d’hôpitaux, ont subi des dommages. À ce jour, deux millions de personnes ont été déplacées par les pluies torrentielles et le débordement des cours d’eau. Près de 900 personnes ont perdu la vie.
Provoquée par une forte mousson, la catastrophe est aggravée par l’effet du changement climatique. Les pluies qui s’abattent sur l’Himalaya continuent de déferler dans le nord de l’Inde et le Pakistan, descendant dans les plaines et notamment au Pendjab, vaste région partagée par les deux pays. Plusieurs vagues de précipitations intenses se sont succédé, amplifiant les dégâts initiaux et la détresse des communautés rurales. Le Département météorologique du Pakistan (PMD) prévoit encore des pluies importantes dans plusieurs districts du Sindh et de l’est du Pendjab, avec des risques d’inondations urbaines.
L’Inde et le Pakistan, les deux frères ennemis, dépendent des glaciers de l’Himalaya et du Karakoram pour alimenter leurs rivières partagées. Vital pour le Pakistan et son agriculture, le bassin de l’Indus est en crue, gonflé par les pluies mais aussi par les lâchers d’eau des barrages indiens. En amont, l’Inde a émis plusieurs alertes à Islamabad concernant l’ouverture de ses barrages. New Delhi a notamment communiqué des données sur les crues importantes au Pakistan par le biais de canaux diplomatiques en tant que « geste humanitaire », a déclaré vendredi le ministère des Affaires étrangères indien. L’Inde elle-même est gravement touchée : ses États du Nord, dont l’Himachal Pradesh, l’Uttarakhand et le Pendjab, subissent de vastes inondations ayant déjà fait plus d’une centaine de morts, dont une trentaine dans le Pendjab indien.
Mobilisation de Caritas Pakistan
Face à la tragédie, la Caritas locale se mobilise et lance des appels à la solidarité. Ses équipes d’intervention d’urgence, soutenues par un réseau de bénévoles, travaillent activement sur le terrain à travers le pays, apportant soutien et assistance aux familles touchées par les inondations, notamment dans le district isolé de Buner, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa. « Nous sommes profondément attristés par les souffrances causées par les inondations massives. Par la prière et par l’action, l’Église est aux côtés des familles affectées. Caritas Pakistan réagit activement et nous demandons le soutien continu de tous nos fidèles, de nos partenaires locaux et internationaux », a déclaré à l’agence Fides Mgr Benny Mario Travas, archevêque de Karachi et président de Caritas Pakistan.
« Nos équipes sont sur le terrain pour évaluer les besoins et fournir de la nourriture, des abris, des soins médicaux et rétablir la dignité des familles touchées, désormais également dans le Sud », a expliqué Amjad Gulzar, directeur exécutif. D’après lui, Caritas prévoit d’aider 2 500 familles en distribuant des colis alimentaires, des kits d’hygiène, de l’eau potable, tout en organisant des camps médicaux et en sensibilisant les communautés à l’hygiène pour prévenir les épidémies.
Parallèlement, les agences internationales renforcent leur soutien au Pakistan. Le Royaume-Uni et les Nations Unies ont annoncé une aide humanitaire supplémentaire. Le coordinateur des secours d’urgence des Nations Unies, Tom Fletcher, a débloqué 600 000 dollars du Fonds humanitaire régional commun pour les efforts de secours et de relèvement. Mais les opérations de sauvetage s’avèrent périlleuses. En raison de mauvaises conditions météorologiques, un hélicoptère s’est écrasé le mois dernier dans la province de Khyber Pakhtunkhwa.
L’un des pays les plus vulnérables au changement climatique
Alors que la mousson ne semble pas battre en retraite, la peur d’épidémies et de nouvelles inondations grandit, tandis que les populations sont déjà privées d’eau potable et de routes d’accès. Le ministère fédéral de la Santé du Pakistan a publié des recommandations pour contenir le risque accru d’épidémies lié à la contamination généralisée de l’eau. L’Institut national de la santé (NIH) a pour sa part mis en garde contre les menaces croissantes de choléra, typhoïde, dengue, chikungunya et paludisme. Le ministère a exhorté les citoyens à suivre les protocoles publiés sur son site web et celui du NIH.
Ces inondations constituent les pires connues au Pakistan depuis 2022. Cette année-là, un tiers du pays avait été submergé, 33 millions d’habitants avaient été affectés, 250 000 habitations détruites et 1,8 million d’hectares de terres agricoles endommagées. Près de 2 000 personnes avaient alors perdu la vie.
Ces catastrophes répétées renforcent l’inquiétude des 255 millions de Pakistanais, confrontés à la multiplication des phénomènes climatiques extrêmes. Le pays, l’un des plus vulnérables au changement climatique, est frappé saison après saison par des inondations meurtrières, des sécheresses inédites, et des explosions de lacs glaciaires en haute altitude. Alors que les moussons sont traditionnellement porteuses de vie et de renouveau, vitales pour l’agriculture et l’économie, elles deviennent de plus en plus destructrices, transformant un phénomène naturel essentiel en menace croissante pour les populations et les cultures.
(Ad Extra, A. B.)