Sur les 1 734 nouveaux martyrs du XXIe siècle, 357 sont en Asie et en Océanie, le Sri Lanka en tête

Le 12/09/2025
Ce dimanche 14 septembre, le pape Léon XIV présidera une célébration œcuménique à Rome en présence de 24 représentants d’autres confessions chrétiennes, afin de faire mémoire des « nouveaux martyrs » morts à cause de leur foi depuis l’an 2000. Une commission vaticane créée en 2023 par le pape François a dressé une liste de 1 734 martyrs. Le résultat des recherches a été présenté ce lundi 8 septembre. Parmi ces chrétiens tués en un quart de siècle, 357 sont en Asie et en Océanie, le Sri Lanka en tête.
Une célébration œcuménique aura lieu ce dimanche 14 septembre à l’occasion de la fête de la Croix Glorieuse, dans la basilique de Saint-Paul-hors-les-Murs à Rome, afin de commémorer les martyrs et témoins de la foi du XXIe siècle. Elle sera présidée par le pape Léon XIV, aux côtés de 24 représentants de plusieurs Églises et confessions chrétiennes.
Une conférence de presse a eu lieu ce lundi 8 septembre au matin au Bureau de presse du Saint-Siège afin de souligner l’importance de cet événement, 25 ans après les événements qui ont été présidés par saint Jean-Paul II au Colisée de Rome durant le Jubilé de l’an 2000. À l’époque, une commission avait rassemblé les témoignages des martyrs du XXe siècle.
En 2023, le pape François a lancé la « Commission des nouveaux martyrs – témoins de la foi » au sein de la Congrégation pour les causes des saints, avec pour mission de dresser « un Catalogue de tous ceux qui ont versé leur sang pour confesser le Christ et témoigner de son Évangile » depuis le début de ce siècle.
La Commission est présidée par Mgr Fabio Fabene, secrétaire de la Congrégation pour les causes des saints, et compte onze membres dont des prêtres, des religieux, des religieuses et des laïcs sélectionnés de tous les continents. Pour leur recherche, ils se sont basés sur « les contributions des Églises particulières, des instituts religieux et de nombreux autres entités ecclésiastiques », a expliqué Mgr Fabene.

Selon lui, le fait de mettre en avant le témoignage des martyrs permet d’offrir « un signe d’espérance » pour « toutes les confessions chrétiennes » dans l’esprit de « l’œcuménisme du sang », tel qu’il a été décrit par Jean-Paul II, et qui se réalise en « tout chrétien qui a donné sa vie ».
357 martyrs identifiés en Asie et en Océanie
« Le cœur de ce travail est la mémoire », a indiqué le professeur Andrea Riccardi, vice-président de la Commission des nouveaux martyrs et fondateur de la communauté de Sant’Egidio, en évoquant les activités menées au cours des deux dernières années. Historien, le prof. Riccardi a pris la parole ce lundi après l’intervention de Matteo Bruni, directeur du Bureau de presse du Saint-Siège. Ce dernier a présenté les résultats des recherches menées sur les martyrs des 25 dernières années.
Par rapport à la précédente étude présentée en l’an 2000, la première différence majeure se trouve « dans la situation géographique des témoins de foi ». On compte 304 martyrs identifiés dans les Amériques. Parmi eux, « beaucoup ont été victimes d’organisations criminelles, du trafic de drogue, de la déforestation et de l’exploitation des ressources naturelles », a expliqué le prof. Riccardi. Par comparaison, on compte seulement 43 martyrs en Europe, le plus « petit nombre » a-t-il précisé. Toutefois, il a attiré l’attention sur le fait que 110 chrétiens européens, « presque toujours des missionnaires religieux, des prêtres fidei donum ou des volontaires », sont morts en mission en dehors de l’Europe.
Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord comptent 277 témoins. « Cela nous rappelle l’histoire des dernières décennies, la persécution des chrétiens au Moyen-Orient et en Irak », a indiqué le professeur. Ce groupe compte beaucoup de « non-catholiques » en raison de leur appartenance aux chrétiens d’Orient.
Le prof. Riccardi parle également de 357 martyrs identifiés en Asie et en Océanie. « Ce qui est frappant ici, c’est le nombre de morts causés parmi des chrétiens en prière, particulièrement lors des attaques dans trois églises différentes de Colombo, le 21 avril 2019 au Sri Lanka », a-t-il précisé à propos des attentats du dimanche de Pâques qui ont causé plus de 250 morts il y a six ans – dont 167 fidèles catholiques. « Il faut noter que le diocèse de Colombo a envoyé beaucoup de documents » et s’est montré « très actif afin de commémorer cette tragédie qui l’a ébranlé ».
L’Afrique, enfin, est le continent qui compte le plus grand nombre de chrétiens tués avec 643 martyrs recensés par la Commission. La plupart d’entre eux ont été tués par « des attaques djihadistes, mais aussi des attaques ethno-politiques, qui visaient aussi les missionnaires », a ajouté le prof. Riccardi.

Un chiffre qui ne représente que le « sommet de l’iceberg »
Les causes principales de mort sont le terrorisme, les attaques djihadistes et les actions des gangs criminels et autres acteurs du crime organisé. Le nombre total de martyrs tués à travers le monde entre 2000 et 2025 est officiellement de 1 734 selon la Commission, qui a cependant indiqué que ce chiffre ne représente que le « sommet de l’iceberg ».
Le prof. Riccardi a en effet évoqué les difficultés qu’ils ont rencontré dans leurs recherches, qui devraient se poursuivre au-delà de l’année 2025. En particulier en raison de l’impossibilité de rassembler des données fiables dans certaines « régions reculées », en Afrique et ailleurs. Pourtant, malgré les obstacles, une chose est claire malheureusement : « Les chrétiens continuent d’être tués. »
Ainsi, beaucoup de martyrs restent inconnus, mais leurs histoires ne sont pas moins « touchantes » et « emblématiques […] des régions tourmentées dans le monde d’aujourd’hui », a-t-il ajouté. « L’une d’entre elle est celle du jeune prêtre chaldéen, le père Ragheed Ganni, tué à Mossoul, en Irak en 2007, aux côtés de trois diacres. En prenant la parole lors d’une conférence eucharistique à Bari, il a dit : ‘Je suis plein de frayeur, mais quand je tiens l’Eucharistie dans ma main […], je sens sa force en moi. Cela nous fait résister et espérer. »
Une célébration œcuménique centrée sur les Béatitudes
Le père Marco Gnavi, secrétaire de la Commission des nouveaux martyrs, a également expliqué que la célébration œcuménique de ce dimanche 14 septembre sera basée sur la Liturgie de la Parole, et centrée sur l’Évangile des Béatitudes.
À ce jour, 24 délégués officiels, représentant différentes Églises et confessions chrétiennes, ont confirmé leur présence, dont le métropolite Antoine, prélat de l’Église orthodoxe russe, métropolite de Volokolamsk et président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou.
Selon le père Angelo Romano, membre de la Commission, le Vatican « aurait aimé » organiser cette célébration au Colisée comme en l’an 2000, mais de nouvelles fouilles archéologiques à proximité limitent fortement l’espace disponible. Par ailleurs, la date du 14 septembre a été choisie en raison d’une « fête commune à plusieurs confessions chrétiennes en souvenir de la découverte de la vraie Croix par sainte Hélène, mère de l’empereur Constantin ».
Outre les représentants religieux, des hommes et femmes consacrés, des laïcs et des pasteurs seront présents dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs ce dimanche, afin de prendre part à ce que Mgr Fabene a décrit comme « la seule célébration œcuménique organisée à Rome durant toute l’année jubilaire ».
Sources : Asianews, Fides