Corée du Sud

Les sanctuaires de Corée

Baeron shrine, Corée. © Missionnaires des serviteurs de l'Evangile
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Le P. Kim Jeong Chang (Jean) est prêtre du diocèse de Daejeon en Corée. Il est spécialiste de l’histoire de l’Église en Corée et travaille actuellement sur l’histoire des martyrs et des premières générations chrétiennes. Il nous présente les sanctuaires de son pays.

Quelle est la signification des lieux saints en Corée ?

En Corée, tous les saints vénérés sont des martyrs. Ceux qui ont été martyrisés pendant la période de persécution du XIXe siècle sont aujourd’hui vénérés comme des saints, ce sont les 103 martyrs canonisés. De plus, les 124 bienheureux (N.D.L.R. béatifiés par le Pape François en 2014) sont également tous des martyrs. C’est pourquoi, en Corée, la mémoire des martyrs occupe une place unique dans la piété populaire, et les lieux qui y sont associés sont également étroitement liés au thème du martyre.

Les lieux où les martyrs ont été exécutés, leurs tombes, les prisons où ils furent détenus, les petits villages chrétiens – appelés “kyo-ou-chon” (교우촌) – où ils vivaient en communauté, les sites de leurs maisons natales sont les lieux de pèlerinage les plus représentatifs de Corée. De plus, après la fin des persécutions, les anciennes églises – qui ont joué un rôle fondamental dans la reconstruction des communautés chrétiennes qui avaient alors complètement disparu -, ainsi que les premières églises et petites chapelles (appelées “kong-so” 공소) de chaque région, sont également des lieux de pèlerinage qui attirent de nombreux pèlerins.

À côté de cette piété des martyrs, il existe également des lieux de pèlerinage consacrés à la dévotion mariale. Bien qu’elles n’aient aucun lien avec des apparitions de la Vierge Marie, des petites chapelles mariales, fruits de la piété populaire, servent également de lieux de pèlerinage.

Baeron shrine, lieu du premier séminaire de Corée durant la persécution.
© Missionnaires des Serviteurs de l'Evangile

Qui sont les pèlerins qui se rendent dans ces sanctuaires ?

Ce sont principalement des catholiques qui se rendent dans ces lieux saints. Divers groupes actifs dans les paroisses, les équipes de la Légion de Marie, les personnes des “universités du troisième âge” et les enfants et adolescents du catéchisme (“l’école du dimanche” comme on l’appelle ici) participent à ces pèlerinages. Ceux-ci ont lieu principalement après Pâques jusqu’en mai, puis en septembre – mois des martyrs en Corée – et en octobre, mois du rosaire.

Est-ce que des non-croyants visitent eux aussi ces sanctuaires ?

Parmi les lieux de pèlerinage, certains sont classés au patrimoine culturel national. Ces lieux sont visités non seulement par les chrétiens, mais aussi par toutes sortes de personnes, indépendamment de leur confession religieuse. Ces sanctuaires sont considérés comme faisant partie intégrante de l’histoire de la Corée et permettent à toutes les personnes de découvrir la foi des chrétiens coréens. De plus, ces “lieux saints” qui abritent des musées ou des salles d’exposition sont également utilisés, dans une dimension éducative, comme lieux de visite scolaire.

Que recherchent les pèlerins qui visitent ces lieux ?

Les personnes qui viennent en pèlerinage dans les sanctuaires prient principalement pour leur santé et celle de leur famille. Les adultes prient également pour que leurs enfants trouvent un emploi et pour le retour à l’Église de nombreux non-pratiquants. Lors des années saintes (jubilaires), ils viennent aussi pour demander l’indulgence et prier pour les âmes du purgatoire.

En ce qui concerne la dévotion aux martyrs, chaque sanctuaire rappelle des martyrs particuliers qui peuvent être considérés comme les saints patrons de ce lieu et leur donne une signification propre. En demandant leur intercession, le pèlerin se trouve aussi amené à se poser la question: “Pourrais-je vivre comme les martyrs qui sont commémorés ici ? Serais-je capable de mourir en martyr si je me trouvais dans une situation où cela serait nécessaire ? ». Le pèlerinage leur donne l’occasion de se poser personnellement de telles questions. La plupart des pèlerins ne parviennent pas à y répondre aisément, mais, à travers ce cheminement, ils font l’expérience de la nécessité de vivre avec un cœur humble.

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