Le pape Léon XIV appelle la Thaïlande et le Cambodge à « cesser le feu immédiatement et à reprendre le dialogue »
Un poste de frontière entre les villes de Poipet (Banteay Mean Chey, Cambodge) et de Aranyaprathet (Sa Kaeo, Thaïlande).
© Thanate Tan / CC BY 2.0
Le 11/12/2025
Ce mercredi lors de l’audience générale sur la place Saint-Pierre, le pape a lancé un appel pressant aux dirigeants de la Thaïlande et du Cambodge, alors que les deux pays sont de nouveau en proie au conflit. Il les a exhortés à reprendre le dialogue, après la reprise des combats le 7 décembre dans des zones contestées le long de leur frontière commune de 800 kilomètres. Selon Mgr Schmitthaeusler, vicaire apostolique de Phnom Penh, les évêques du Cambodge et de Thaïlande ont aussi préparé un appel commun au cessez-le-feu immédiat.
En raison des violences qui ont repris dimanche dernier entre la Thaïlande et le Cambodge, plus d’un demi-million de personnes ont fui les bombardements et les frappes aériennes, et on dénombre au moins une douzaine de morts dans les deux pays.
Prenant la parole à la fin de l’audience générale, ce mercredi place Saint-Pierre, le pape Léon XIV a déclaré : « Je suis profondément attristé par la nouvelle de la reprise du conflit à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, qui a coûté la vie à des civils et contraint des milliers de personnes à fuir leurs foyers. J’exprime ma proximité et ma prière à ces peuples chers et j’appelle les parties à un cessez-le-feu immédiat et à la reprise du dialogue. »
Le Saint-Père a ainsi ajouté sa voie à la longue liste des dirigeants internationaux qui ont appelé à mettre fin aux hostilités, alors que plusieurs jours d’incursions militaires thaïlandaises au Cambodge ont déclenché des évacuations de masse dans le nord et l’ouest du Cambodge. Ce jeudi 11 décembre, le gouvernement thaïlandais a annoncé la mort de neuf soldats depuis la reprise, le 7 décembre dernier, des affrontements frontaliers avec le Cambodge.
Le bilan précédent s’élevait à cinq morts côté thaïlandais, soit un total de 19 personnes tuées, tandis que Phnom Penh a annoncé la mort de dix victimes civiles, dont un enfant. En raison de la reprise des hostilités depuis le week-end dernier, plus d’un demi-million d’habitants ont dû fuir les régions frontalières.
Les deux voisins d’Asie du Sud-Est ne montrent aucun signe d’apaisement
Ce jeudi matin, les combats faisaient toujours rage dans ces zones où des tirs d’artillerie ont éclaté dans la matinée à proximité des temples khmers contestés. Les deux voisins d’Asie du Sud-Est – qui se disputent depuis longtemps des morceaux de territoire et s’accusent mutuellement de la reprise des affrontements –, ne montraient aucun signe d’apaisement alors que Donald Trump a promis de jouer à nouveau les médiateurs.
Ce dernier devait en effet appeler Anutin Charnvirakul et le Premier ministre cambodgien Hun Manet tard dans la soirée du 11 décembre, dans le cadre de sa dernière tentative pour résoudre cette guerre non déclarée, ce que les deux parties ont accepté. Cependant, Anutin Charnvirakul a indiqué que son gouvernement n’était pas encore prêt pour les négociations. « D’autres dirigeants nationaux peuvent avoir de bonnes intentions en souhaitant la paix », a-t-il déclaré aux journalistes. « Cela ne peut pas être aussi simple que de décrocher le téléphone et d’appeler. Il faut fixer un rendez-vous et convenir des points à aborder. Nous avons encore le temps de préparer ces questions si de telles discussions doivent avoir lieu », a-t-il déclaré.
L’Australie, le Canada, la Chine, la France, l’Allemagne, l’Inde, la Nouvelle-Zélande, Singapour, le Royaume-Uni, l’Union européenne, l’ASEAN, l’Organisation internationale de la Francophonie et les Nations unies ont également exhorté le Cambodge et la Thaïlande à mettre fin aux hostilités.
L’ambassade de Russie à Phnom Penh a également publié une déclaration exhortant le Cambodge et la Thaïlande à mettre fin aux combats et à revenir au plan de paix de la déclaration commune du 26 octobre, qui a été annulé par le Premier ministre thaïlandais Anutin Charnvirakul le 9 décembre avant l’escalade des incursions au Cambodge. « Ces affrontements ne devraient pas déboucher sur une guerre à grande échelle dans un avenir proche », a déclaré l’ambassade. « Mais compte tenu des divergences irréconciliables entre Phnom Penh et Bangkok, nous ne pouvons pas prévoir l’évolution future de la crise. »
Les deux parties ont appelé le Conseil de sécurité des Nations unies à agir, tout en se reprochant mutuellement d’avoir déclenché un conflit qui a débuté en février dans un contexte de tensions latentes à la frontière mal délimitée et qui s’est intensifié en mai lorsqu’un soldat cambodgien a été tué lors d’un échange de tirs.
Appel de Mgr Schmitthaeusler
Ce jeudi 11 décembre au matin, Mgr Olivier Schmitthaeusler, vicaire apostolique de Phnom Penh, a réagi à la situation des derniers jours sur les réseaux sociaux : « Chers amis, en cette triste situation, nous continuons de prier toujours plus pour la paix. » Il a également confié que les évêques du Cambodge et de Thaïlande ont préparé un appel commun au cessez-le-feu immédiat. En attendant que celui-ci soit publié il a invité « toutes les paroisses à organiser une messe ou un temps de prière pour la paix, en particulier en ce temps de l’Avent alors que nous attendons Jésus, le Prince de la Paix ». « S’il vous plaît, veuillez aussi faire de votre mieux pour vous joindre aux différentes initiatives pour le soutien des populations déplacées », a-t-il ajouté.
(Ad Extra, avec Ucanews et Asianews)