Indonésie

[En direct] Dialogue interreligieux : dans un temple balinais, un responsable hindou l’assure, « nous formons une seule équipe »

Le temple hindou balinais Pura Aditya Jaya, Jakarta Le temple hindou balinais Pura Aditya Jaya, Jakarta © Ad Extra
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Les hindous sont parmi les plus minoritaires en Indonésie. Leurs relations avec les autres minorités sont excellentes, selon Nyoman Darma, un des responsables du temple hindou balinais Pura Aditya Jaya, à Jakarta, qui assure qu’avec les chrétiens, les bouddhistes et les confucianistes, « nous formons la même équipe ». Une harmonie parfois fragilisée surtout vis-à-vis de la majorité musulmane, sous l’influence des fondamentalistes. L’ombre d’un banian majestueux, un arbre symbolisant la vie et de l’unité indonésienne, protège l’entrée du temple balinais.

Pura Aditya Jaya est un des plus grands temples hindous de Jakarta, et aussi un des plus anciens. Ouvert en 1973, c’est un des principaux lieux de culte et d’activités culturelles et éducatives pour les hindous de Jakarta et des villes avoisinantes. Dans l’enceinte du temple se trouvent notamment deux estrades, une pour les « gamelans », les percussions balinaises, une autre pour les chants.

Dès l’arrivée devant l’entrée du temple, un des responsables hindous du temple, habillé en blanc, invite à se déchausser et à se laver les pieds et les mains en signe de purification, avant d’entrer dans l’enceinte du temple. Il faut aussi revêtir un sarong, sous un imposant banian – cet arbre symbolique est l’arbre national de l’Inde, mais il est aussi présent sur le blason national de l’Indonésie, car il représente l’un des cinq piller de la Pancasila, la philosophie indonésienne qui prône en particulier « l’unité dans la diversité ». Le banian est ainsi symbole de la vie et de l’unité indonésienne.

Nyoman Darma et Kerut Wartika, deux responsables hindous de Jakarta.
Nyoman Darma et Kerut Wartika, deux responsables hindous de Jakarta.
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Six groupes religieux officiels en Indonésie

Au milieu du temple, le guide hindou, qui se nomme Nyoman Darma, se confie sur sa perception de la venue du pape François dans son pays. Avec un autre responsable du temple, appelé Kerut Wartika, ils commentent l’harmonie interreligieuse indonésienne, mais aussi ses limites.

« Dans l’hindouisme, nous parlons des ‘Tri Hita Kharana’, ou trois harmonies. Les relations entre l’être humain et son Dieu ; entre l’être humain et ses semblables – c’est-à-dire tout le monde, y compris les autres religions – ; entre l’être humain et son environnement. C’est le concept des hindous. Les musulmans ont eux aussi leur propre façon de voir les choses », commente Nyoman Darma en expliquant certaines différences fondamentales entre les six principaux groupes religieux reconnus en Indonésie (protestantisme, catholicisme, islam, confucianisme, hindouisme).

Les Indonésiens, l’harmonie et la modération

Tous deux insistent sur le fait que les Indonésiens apprécient l’harmonie entre ces communautés religieuses, dans un pays aux multiples différences confessionnelles mais aussi ethniques, culturelles… Ils assurent que les musulmans indonésiens, largement majoritaires, sont de manière générale modérés, même s’ils reconnaissent qu’il existe certains mouvements fondamentalistes dans le pays, qui semblent gagner en influence. « La situation semble harmonieuse, mais au fond, il y a des problèmes à cause des extrémistes. » De leur côté, comme les catholiques, les hindous sont minoritaires en Indonésie, avec près de 2 % de la population. « Nous sommes une minorité, mais ceux qui sont les plus minoritaires sont les confucianistes », ajoute Kerut Wartika.

Une situation en apparence paisible

Un banian à l'entrée du temple
Un banian à l’entrée du temple
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Interrogés sur la venue du pape en Indonésie, ils sont d’abord prudents à cause des craintes qu’ils ont vis-à-vis de la sécurité du pape. « Je pense que le gouvernement aura beaucoup travaillé pour éviter tout problème. Mais on ne peut s’empêcher d’avoir des craintes face aux fondamentalistes. Mais il n’y a aucune crainte à avoir de la part des autres religions, qu’il s’agisse des hindous, des bouddhistes ou des autres… »poursuit Kerut Wartika.

« Nous formons une seule équipe », assure Nyoman Darma. Ils résument la situation générale du pays, en matière interreligieuse, en disant que les choses « semblent paisibles » en Indonésie, et qu’elles le sont souvent, même s’il y peut y avoir des tensions sous-jacentes et parfois grandissantes.

Une évolution qui remonte selon eux à seulement quelques années. Parmi les problèmes concrets que les communautés minoritaires peuvent rencontrer, ils évoquent les difficultés qu’elles ont parfois à construire de nouveaux lieux de culte. C’est vrai pour les églises chrétiennes, dont les permis de construction peuvent être longs à décrocher, mais « c’est vrai aussi pour les temples », assurent-ils. Pourtant, selon eux, « le gouvernement indonésien s’efforce de maintenir l’unité dans la diversité, c’est leur engagement ».

(Ad Extra)