Au Manipur, un nouvel archevêque appelle à trouver des « solutions durables » aux violences ethniques
La ville d’Imphal, capitale de l’État du Manipur, au nord-est de l’Inde, une région coincée entre le Bhoutan, le Bangladesh et la Birmanie. © pixabay.comLe 10/10/2023
Samedi dernier, un nouvel évêque a été nommé pour succéder à Mgr Dominique Lumon à la tête de l’archidiocèse d’Imphal, au Manipur. L’État indien est secoué par des violences interethniques depuis le mois de mai dernier, dans le nord-est du pays. Mgr Linus Neli, 66 ans, a été nommé par le pape François alors que Mgr Lumon a atteint la limite d’âge de 75 ans. « L’Église a besoin de pasteurs pour poursuivre la mission apostolique, face à la crise sociale causée par les violences ethniques », a déclaré Mgr Neli.
Le 7 octobre, le pape François a nommé un nouvel archevêque pour l’archidiocèse d’Imphal, capitale du Manipur, un État du nord-est de l’Inde, coincé entre le Bhoutan, le Bangladesh et la Birmanie. Cet État indien est le théâtre de graves violences interethniques depuis début mai. Mgr Linus Neli, un prêtre âgé de 66 ans originaire de cette même Église locale, est appelé à succéder à Mgr Dominique Lumon à la tête de l’archidiocèse.
Mgr Lumon a été une voix favorable à la réconciliation durant ces mois d’actualité difficile au Manipur, durant lesquels les Meiteis (le groupe ethnique majoritaire local, à majorité hindou) et les Kukis (une minorité ethnique majoritairement chrétienne, vivant dans les villages des collines du Manipur) ont été impliqués dans un violent conflit interne.
Les Kukis ont considéré que leur survie était menacée par les choix du gouvernement local (dirigé par les nationalistes hindous du parti du BJP), à la suite d’une décision d’accorder le « statut tribal » aux Meiteis (statut qui donne droit aux mêmes avantages économiques et quotas dans les emplois gouvernementaux ou dans l’éducation que les Kukis, pourtant minoritaires). À ce jour, le conflit a déjà causé environ 200 décès, selon les estimations officielles, bien que ce chiffre soit probablement inférieur au nombre véritable de victimes.
Mgr Lumon, qui a eu 75 ans et qui menait cette Église d’Imphal depuis 2006, renonce à sa charge d’archevêque après avoir atteint l’âge limite. Mgr Neli aura désormais la responsabilité d’assumer sa mission dans une région fortement agitée par les tensions, où les chrétiens sont près de 100 000 pour presque 3 millions d’habitants.
Né en 1957 et prêtre depuis 1984, le nouvel archevêque a déjà occupé d’importantes positions au sein de l’Église indienne. Il a été recteur adjoint d’un hôpital catholique de Bangalore (le Saint John’s Medical College Hospital), vicaire général de l’archidiocèse d’Imphal ainsi que directeur national de Caritas Inde durant deux ans. Avant sa nomination, il était également directeur du Centre de retraite de l’archidiocèse d’Imphal et vicaire judiciaire du Tribunal métropolitain d’Imphal.
« C’est ensemble que nous pouvons sortir de cette crise »
« L’Église a besoin de pasteurs, et quelqu’un doit prendre cette responsabilité en continuant la mission apostolique, alors que nous nous retrouvons face à cette difficulté particulière, causée par la crise sociale liée aux violences ethniques », a déclaré Mgr Neli, interrogé sur sa nomination. « Nous prions pour la paix et nous attendrons jusqu’à ce que des solutions durables puissent être trouvées. Non pas une paix superficielle, mais des réponses à long terme, non seulement pour le peuple ici à Imphal mais aussi pour l’État fédéral dans son ensemble », a-t-il poursuivi.
« Pour devenir une nation forte, toute l’Inde a besoin que chacun de ses États soit équilibré, paisible et prospère. Prions ensemble pour cette cause, avec tous les autres responsables religieux, parce que c’est ensemble que nous pouvons sortir de cette crise. Et notre espérance n’est pas seulement enracinée dans un simple optimisme psychologique, mais en Dieu », a-t-il assuré.
De son côté, Mgr Lumon, archevêque émérite d’Imphal, a expliqué qu’il resterait à Imphal, afin de continuer à apporter sa contribution au service de l’Église locale, en particulier auprès des centaines de réfugiés toujours déplacés, notamment dans les villages sur les collines des Kukis. « Le travail continue, parce que les gens sont toujours dans des camps de réfugiés », a-t-il confié il y a quelques jours.
« Dans les régions périphériques, les tensions restent importantes, les produits essentiels n’arrivent pas jusque-là, et il y a beaucoup de souffrances. En tant que communauté catholique, nous avons différentes équipes qui essaient d’aider, mais c’est comme une goutte d’eau dans l’Océan. C’est pourquoi il est urgent de lancer un processus de dialogue. »
Le nouvel évêque, Mgr Neli, a choisi pour devise épiscopale les paroles de l’évangile de la Transfiguration : « Écoutez-le ! » « Écouter la voix de l’Esprit, la Parole de Dieu. Dieu nous parle de différentes manières, parfois dans le silence et discrètement, d’autres fois à travers notre vie active. En écoutant les jeunes et le peuple de Dieu, nous aussi sommes une Église synodale en marche. Et il est plus que jamais indispensable d’écouter la voix de Dieu et les besoins des habitants aujourd’hui à Imphal. »
(Avec Asianews)