Cambodge

Cambodge : trois sites du génocide Khmer Rouge inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco

Une cellule de l’ancienne prison S-21, aujourd’hui le musée du génocide de Tuol Sleng, à Phnom Penh, Cambodge. Une cellule de l’ancienne prison S-21, aujourd’hui le musée du génocide de Tuol Sleng, à Phnom Penh, Cambodge. © Ted McGrath / CC BY-NC-SA 2.0
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Ce vendredi 11 juin, l’ancienne prison M-13, le musée du génocide de Tuol Sleng (ancien centre S-21) et le centre d’exécution de Choeung Ek, trois sites situés autour de Phnom Penh, ont été inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco (à l’occasion de la 47e session du Comité du patrimoine mondial de l’Unesco, à Paris du 6 au 16 juillet). Selon Youk Chhang, survivant des « champs de la mort » et directeur du Centre de documentation du Cambodge, « l’enseignement de l’histoire des Khmers Rouges sera ainsi plus efficace et plus pertinent ».

Trois sites cambodgiens tristement célèbres de torture et d’exécution, utilisés par le régime Khmer Rouge pour perpétrer son génocide il y a 50 ans, ont été inscrits le 11 juillet sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Le 17 avril 1975, le groupe maoïste impitoyable dirigé par Pol Pot a remis le calendrier à l’« année zéro », en vidant les villes dans le but de créer une société agraire pure, sans classes, sans politique et sans capital. Entre 1975 et 1979, environ 2 millions de personnes sont mortes à cause de la faim, du travail forcé ou de la torture, ou ont été massacrées lors d’exécutions massives.

Parmi les trois sites cambodgiens qui ont été inscrits la semaine dernière au registre de l’Unesco figurent deux prisons, ainsi qu’un « champ d’exécution » où des milliers de personnes ont été exécutées.

« Que cette inscription permette de rappeler durablement que la paix doit toujours être défendue », a déclaré le Premier ministre Hun Manet dans un message vidéo diffusé par la télévision nationale TVK. « Des chapitres les plus sombres de l’histoire, nous pouvons tirer la force de construire un avenir meilleur pour l’humanité. »

Des commémorations ont lieu tous les ans au mémorial du centre S-21

Deux des sites ajoutés à la liste se trouvent dans la capitale, Phnom Penh – le musée du génocide de Tuol Sleng et le centre d’exécution de Choeung Ek.

Tuol Sleng est un ancien lycée qui est devenu la prison tristement célèbre connue sous le nom de S-21 – où on estime que près de 15 000 personnes ont été emprisonnées et torturées. Aujourd’hui, le site abrite un espace dédié à la commémoration et à l’éducation, exposant les clichés en noir et blanc de nombreuses victimes ainsi que l’équipement préservé qui était utilisé par les bourreaux Khmers Rouges.

Choeung Ek – un ancien cimetière chinois – est l’ancien « champ d’exécution » où les prisonniers du centre S-21 étaient exécutés de nuit. Plus de 6 000 corps ont été exhumés de plus de 100 fosses communes sur le site au début des années 1980, selon des documents du gouvernement cambodgien qui ont été déposés auprès de l’Unesco.

Tous les ans, plusieurs centaines de personnes participent à des prières de commémoration devant le mémorial du site, où sont exposés les crânes des victimes, et regardent des étudiants mettre en scène des reconstitutions dramatiques des crimes sanglants perpétrés par les Khmers Rouges.

« C’est le paysage de notre mémoire partagée au Cambodge »

Un autre site connu sous le nom de M-13, situé dans une région rurale de la province centrale de Kampong Chhnang (au nord-ouest de la capitale), a été l’une des prisons les plus importantes au début du régime Khmer Rouge. Isolée dans la jungle, l’ex-prison M-13 fut le premier centre d’expérimentation de la torture. Aujourd’hui, ce n’est plus qu’une parcelle de terre abandonnée.

Selon un document cambodgien soumis à l’Unesco, les dirigeants Khmers Rouges ont « inventé et testé diverses méthodes d’interrogatoire, de torture et de mise à mort » et gardaient les prisonniers dans des fosses encore faiblement visibles aujourd’hui, selon un document cambodgien soumis à l’Unesco.

« C’est le paysage de notre mémoire partagée au Cambodge », a déclaré Youk Chhang, un survivant des « champs de la mort » et directeur du Centre de documentation du Cambodge, qui étudie les atrocités commises par les Khmers rouges. « L’enseignement de l’histoire des Khmers Rouges sera ainsi plus efficace et plus pertinent », a-t-il ajouté.

En 2018, un tribunal international parrainé par l’Onu a reconnu la qualification de « génocide » pour des actes perpétrés par le régime Khmer Rouge entre 1975 et 1979. Une décision qui était attendue depuis près de 40 ans.

Source : Ucanews

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