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Cardinal Tagle : « Comme les mages, les peuples d’Asie sont invités à prendre un autre chemin comme pèlerins d’espérance »

Le cardinal Tagle, le 27 novembre à Penang durant son discours d'ouverture du congrès de la FABC Le cardinal Tagle, le 27 novembre à Penang durant son discours d’ouverture du congrès de la FABC © Social Communication Office Diocese of Penang
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L’intervention du cardinal Luis Antonio Tagle, pro-préfet du dicastère pour l’évangélisation, le 27 novembre en Malaisie, a inauguré le Grand Pèlerinage de l’espérance, organisé à Penang, Malaisie, par la FABC (Fédération épiscopale d’Asie). Ses propos ont fait partie des interventions qui ont marqué le plus grand nombre durant les quatre jours du congrès, qui s’est terminé le 30 novembre pour près de 900 participants de 32 pays dont 20 asiatiques. Ad Extra vous propose donc la traduction intégrale de son discours.

Tout d’abord, je tiens à remercier la Fédération des conférences épiscopales d’Asie (FABC), en particulier son Bureau de l’évangélisation, d’avoir organisé ce pèlerinage de l’espérance pour les peuples d’Asie en cette année jubilaire 2025. Lorsque j’ai informé Sa Sainteté le pape Léon XIV de ma venue à cette assemblée, il m’a répondu : « Salutations et bénédictions à tous ! » Je vous apporte également les salutations chaleureuses du Dicastère pour l’évangélisation, de la Section pour la première évangélisation et des jeunes Églises particulières.

C’est une grâce, une bénédiction pour moi d’être invité à prononcer le premier discours liminaire de cette assemblée synodale. En 2006, lors du premier Congrès missionnaire asiatique à Chiang Mai, en Thaïlande, on m’avait demandé de prononcer le discours d’ouverture sur le thème « Mission en Asie : raconter l’histoire de Jésus ». J’étais alors un jeune évêque et j’étais très nerveux lorsque j’ai prononcé mon discours. Qui ne tremblerait pas devant le préfet sortant de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, le cardinal Crescenzio Sepe, et le préfet entrant, le cardinal Ivan Dias, qui étaient tous deux présents ?

Le congrès de la FABC, le premier depuis celui de Chiang Mai en 2006, s'inscrit dans le jubilé 2025 sur les pèlerins d'espérance
Le congrès de la FABC, le premier depuis celui de Chiang Mai en 2006, s’inscrit dans le jubilé 2025 sur les pèlerins d’espérance
© Ad Extra

Aujourd’hui, devant vous, je suis toujours nerveux, voire plus nerveux encore. Mais quelles que soient les circonstances, nous continuons de dire l’histoire de Jésus à l’Asie et au monde entier. Nous ne nous lasserons jamais de raconter son histoire. Jésus est à la fois le conteur et l’histoire qui transforme les histoires des personnes, des communautés, des pécheurs, des exclus, voire du monde entier.

Le titre du discours qui m’a été attribué aujourd’hui est : « Emprunter une voie différente en tant que pèlerins renouvelés de l’espérance ». Il s’inscrit dans le thème général de la 50e Conférence générale de la FABC qui s’est tenue à Bangkok en 2022 : « Cheminer ensemble comme peuples d’Asie… et ils repartirent par un autre chemin » (Matthieu 2, 12). Le texte biblique de Matthieu fait référence au retour des mages dans leur pays après avoir vu et adoré Jésus, le nouveau roi. Mais, poussés par un rêve, ils ont pris un chemin différent, au lieu de retourner vers Hérode. Comme les mages, les peuples d’Asie sont invités à prendre un autre chemin comme pèlerins d’espérance. Mais nous devons le faire en étant poussés par des rêves saints, et non par des désirs de fuite !

Première partie :  « Pèlerins renouvelés d’espérance »

Pour devenir d’authentiques pèlerins d’espérance, nous devons être porteurs de l’histoire de Jésus. Par notre discours, nos actions, nos relations et notre personne en tant que chrétiens, nous devenons des histoires vivantes d’espérance en Jésus. Nous manifestons ainsi comment l’histoire de Jésus a réorienté notre vie et écrit de nouvelles histoires de foi, d’espérance et d’amour.

Je tiens à rappeler à tous que nous parlons ici de l’espérance chrétienne. Il ne s’agit pas simplement d’optimisme ou de croire que tout ira bien. Ce n’est pas un vœu pieux ni un déni des difficultés. Ce n’est certainement pas une fuite devant les dures réalités et les épreuves de la vie. Je remarque une confusion sémantique lorsque nous utilisons le mot « espérance » alors que nous voulons dire « souhait ». Certains d’entre vous pensent peut-être en ce moment : « J’espère que nous aurons du vin pour le dîner ce soir. » Mais il serait plus approprié de dire : « Je souhaite que nous ayons du vin pour le dîner ce soir. »

L’espérance chrétienne est une vertu théologique, insufflée en nous par la grâce de Dieu et qui a Dieu pour objet. Son objet n’est pas une chose, mais Quelqu’un, Dieu incarné en Jésus-Christ.

Pour en revenir à notre exercice sémantique, je pense qu’au lieu de consoler une personne malade en lui disant : « J’espère que tu guériras bientôt », il serait plus approprié de dire : « J’espère en Dieu pour ta guérison ». La beauté de l’espérance chrétienne réside dans le fait que, puisque Dieu en Jésus en est à la fois l’origine et le but, elle est profondément humaine et humanisante.

La basilique Sainte-Anne de Penang, durant la messe le 29 novembre au soir
La basilique Sainte-Anne de Penang, durant la messe le 29 novembre au soir
© Social Communication Office Diocese of Penang

Le Catéchisme de l’Église catholique, au paragraphe 1818, décrit la vertu chrétienne de l’espérance de la manière suivante : « La vertu d’espérance répond à l’aspiration au bonheur que Dieu a placée dans le cœur de chaque personne ; elle reprend les espoirs qui inspirent les activités humaines et les purifie afin de les ordonner au Royaume des cieux ; elle nous préserve du découragement ; elle nous soutient dans les moments d’abandon ; elle ouvre notre cœur à l’attente de la béatitude éternelle. Soutenus par l’espérance, nous sommes préservés de l’égoïsme et conduits au bonheur qui découle de la charité. »

Ainsi, l’espérance chrétienne édifie, purifie et ordonne les trois aspirations humaines au bonheur, à la persévérance dans les épreuves et à la charité authentique. Beaucoup de gens sont induits en erreur par de fausses images du bonheur, souvent liées à l’accumulation d’argent, de vêtements coûteux, de maisons, de bijoux et de gadgets. Malheureusement, certains étudiants remplissent les conditions académiques requises, non pas par une étude patiente, mais en trichant. Pendant les campagnes électorales, certains candidats fond différentes promesses aux électeurs, non par amour, mais pour obtenir leurs votes.

Il ne s’agit donc pas de charité, mais d’égoïsme qui se cache derrière des actes bons en apparence. Tous ces exemples mènent au vide et au désespoir. Pour déterminer si je vis la vertu d’espérance, je devrais me poser les questions suivantes : qu’est-ce qui me rend heureux ? Quelle est la source de ma persévérance ? Mon amour est-il pur ? Comment le parcours ou le pèlerinage de ma vie est-il alimenté par l’espérance et orienté vers l’espérance ? Sont-ils dirigés vers Jésus et son Royaume ?

Deuxième partie : « Prendre un autre chemin »

« Prendre un autre chemin », c’est un aspect important du pèlerinage des mages, de leur pèlerinage d’espérance. L’histoire des mages est en fait l’histoire de Jésus, qui est la Lumière, l’Étoile, le Chemin vers la Vie. Jésus appelle et rassemble des peuples de pays et de cultures diverses, les conduit vers sa personne et son Royaume. Le pèlerinage des mages est une histoire classique d’espérance. Cette histoire illustre la manière dont la lumière de Jésus suscite un pèlerinage composé de différentes étapes, exigeant discernement, patience et clarté d’objectif.

L’histoire des mages avec Jésus se déroule également en interaction avec une autre histoire, celle d’Hérode. Leurs histoires sont étroitement liées. Elles révèlent différents types de pèlerinages : avec ou sans Jésus, vers ou contre Jésus. Elles présentent le contraste entre un pèlerinage d’espérance et un pèlerinage de désespoir. Je voudrais m’attarder sur cette confluence complexe entre l’histoire des mages et celle d’Hérode, dans le cadre de l’histoire de Jésus. Je dois dire que les mages ont pris un autre chemin non seulement à la fin, mais dès le début de leur pèlerinage. Dès le départ, les mages ont emprunté une voie différente de celle d’Hérode. Les mages ont choisi la voie de l’espérance, totalement différente de la voie du désespoir d’Hérode.

Cardinal Tagle : « Souvenez-vous, il est le Chemin, la Vérité et la Vie. Il est l’Étoile. Il est notre but. Il est notre espérance ! Venez rejoindre le pèlerinage de Jésus ! »
Cardinal Tagle : « Souvenez-vous, il est le Chemin, la Vérité et la Vie. Il est l’Étoile. Il est notre but. Il est notre espérance ! Venez rejoindre le pèlerinage de Jésus ! »
© Social Communication Office Diocese of Penang

Permettez-moi d’indiquer au moins trois éléments de leurs histoires :

1. Premier élément : les mages venaient d’Orient. Les Juifs les comptaient parmi les Gentils.

Certains experts affirment que les mages appartenaient à une caste sacerdotale, d’autres disent qu’ils étaient des magiciens qui s’occupaient des esprits et des rêves, d’autres encore affirment qu’ils étaient des astrologues, experts dans l’interprétation du ciel et des étoiles. Ils devaient avoir été exposés à la pensée et aux enseignements juifs pour connaître la naissance d’un nouveau roi des Juifs. Cette connaissance « rudimentaire » de la prophétie était complétée par leur lecture des étoiles.

Chaque personne a une étoile, croyaient les anciens (cela ne signifie pas que chaque personne est une « star » ! Mais plutôt que chaque personne a une étoile !). La lecture de la Création avec une certaine connaissance des Écritures ou de la parole de Dieu les a incités à entreprendre leur pèlerinage. Leur destination était le nouveau roi qu’ils voulaient adorer. Ils ont levé les yeux vers les étoiles, au-delà d’eux-mêmes, écoutant l’écho, le murmure de prophètes qui leur étaient inconnus.

Et Hérode ? Il n’y avait aucun mouvement de sa part. Pourquoi aurait-il dû bouger ? Il avait le pouvoir. Le pouvoir lui donnait du poids, ce qui rendait difficile tout mouvement. Il n’avait pas besoin de bouger, mais il faisait bouger les autres. Il gardait son pouvoir stable et immuable. La recherche du nouveau roi ne lui aurait jamais traversé l’esprit. Après tout, c’était lui le roi. Si Hérode devait entreprendre un pèlerinage, ce serait un voyage vers lui-même. Mais en vérité, ce n’était pas un mouvement, mais une stagnation, une lente corruption vers la mort. Ne regardant que lui-même, il devint aveugle à la Création et sourd aux Écritures.

Mes sœurs et mes frères, regardons-nous encore les étoiles, le ciel, les collines, les arbres, les rivières et les personnes, les uns les autres ? Avons-nous le temps de regarder, de voir et d’écouter ? Nous en soucions-nous seulement ? Ou sommes-nous obsédés par nos appareils électroniques et nos préoccupations individuelles ? Mais même si nous essayons de regarder la Création, verrons-nous encore les étoiles ou sont-elles déjà obscurcies par le « smog » ? Y a-t-il encore des arbres, des collines et des rivières à contempler ? Ou seulement des monuments à de faux royaumes qui promettent le progrès et la prospérité, mais qui apportent au contraire la mort par la corruption ? Sans la Création, comment pouvons-nous discerner la présence du véritable Créateur et Roi de l’Univers ?

2. Deuxième élément : l’humilité d’apprendre

Le pèlerinage des mages impliquait l’acceptation de leur ignorance. Lire les étoiles et faire des déclarations prophétiques approximatives ne suffisaient pas pour accomplir le pèlerinage. Ils se rendirent donc à Jérusalem, la destination sacrée des pèlerinages des juifs pieux, pour s’informer. Le pèlerinage d’espérance des mages exigeait de l’humilité, la volonté d’apprendre des autres et d’être enseignés par eux.

« Les mages reprirent leur pèlerinage, rassurés par la parole prophétique, mais toujours guidés par l’étoile »
« Les mages reprirent leur pèlerinage, rassurés par la parole prophétique, mais toujours guidés par l’étoile »
© Social Communication Office Diocese of Penang

Si leur but était d’atteindre le nouveau roi qui avait été prophétisé, il n’y avait pas de meilleur endroit pour se renseigner que Jérusalem, l’habitat naturel des grands prêtres, des scribes et d’autres mouvements religieux comme les pharisiens et les sadducéens. Les mages, souvent appelés les sages, étaient des personnes qui consultaient et écoutaient. La vraie sagesse ne réside pas chez ceux qui prétendent déjà tout savoir. Mes amis, entendez-vous les échos de la synodalité et des conversations dans l’Esprit ?

Qu’en est-il d’Hérode, de sa cour royale et de sa ville royale ? Hérode était entouré d’experts qui connaissaient parfaitement la Loi et les Prophètes, mais qui n’étaient pas influencés par ce qu’ils savaient. Ce qu’ils savaient des Écritures ne les touchait pas. C’est un autre cas d’immuabilité. La stagnation d’Hérode était contagieuse. Alors, que faisaient ces experts à la cour royale ? Étaient-ils de simples décorations destinées à rehausser le prestige du pouvoir royal ? Quel gaspillage de dons et de talents ! À notre époque, nous avons la chance de disposer de programmes de formation en gestion pastorale, qui inculquent la transparence et la responsabilité dans l’administration des biens et des propriétés.

Mais je me demande souvent s’ils enseignent également comment gérer, en bons intendants, les multiples dons du Saint-Esprit dans nos communautés. Les dons sont gaspillés lorsqu’ils sont ignorés et non développés. Mais ils sont également gaspillés lorsqu’ils ne sont pas utilisés aux fins pour lesquelles ils ont été donnés par le Saint-Esprit. Dans l’histoire d’Hérode, celui-ci n’a fait appel aux experts pour partager leurs connaissances que lorsque la structure du pouvoir a été menacée. Mais les dons du Saint-Esprit sont destinés à édifier l’ensemble du Corps en promouvant le bien commun, et non à soutenir la carrière et l’ambition d’Hérode et de ses nombreux clones.

3. Troisième élément : la réponse au message de Dieu

Des grands prêtres et les scribes, Hérode et les mages apprirent que le Christ devait naître à Bethléem en Judée, comme l’avait écrit le prophète Michée (5, 2). Les mages agirent rapidement sur la base de cette information. Ils reprirent leur pèlerinage, rassurés par la parole prophétique, mais toujours guidés par l’étoile. En entrant dans le lieu où se trouvait l’enfant roi, ils se réjouirent, l’adorèrent et lui offrirent les cadeaux appropriés pour un roi messie qui allait souffrir. Les mages devinrent eux-mêmes des prophètes. Leurs études et leurs efforts culminèrent en Jésus. Par leur adoration et leur hommage, ils affirmèrent que Jésus était le don de Dieu à tous les peuples. Il est la joie et la consolation de Dieu pour tous. Il accueille tout le monde. Les mages peuvent témoigner des bras ouverts du nouveau roi.

Et Hérode ? Il a dû être choqué d’apprendre qu’un nouveau roi des Juifs était né. Peut-être tout aussi choquant était-il qu’il soit né à Bethléem, et non dans la royale Jérusalem ! Au lieu d’accueillir avec joie l’accomplissement de la prophétie, Hérode et Jérusalem se sont troublés. Une menace pesait désormais sur leur position centrale et leur importance. Hérode a donc élaboré une stratégie qui aurait impliqué les mages comme source de vérification de l’existence du jeune roi à Bethléem. Mais son intention était claire : tuer le nouveau roi. L’insécurité, l’anxiété et la peur d’Hérode ont donné naissance à une communauté de conspirateurs dans la mort des nourrissons et des jeunes garçons de Bethléem et des villages environnants. Le cœur de leurs mères a également été transpercé par la fin brutale qu’ont connue leurs fils.

Le but de tout cela était de préserver l’emprise d’Hérode sur son royaume, sa Jérusalem. Dans

notre monde contemporain également, le désespoir ou la détresse conduisent au meurtre, même de personnes innocentes, d’enfants, de mères et de villages. Les réseaux sociaux et les technologies numériques, qui ont un grand potentiel en matière d’éducation, de communion et de transformation sociale, sont utilisés par des personnes désespérées pour ruiner la réputation d’autrui, voler des identités, répandre des mensonges, semer le chaos et promouvoir leurs propres intérêts. Les personnes désespérées ne sont pas joyeuses. Elles ne répandent pas la joie et ne tolèrent pas la joie chez les autres. Nous invitons Hérode et ses acolytes contemporains : sortez de vos Jérusalem illusoires. Il y a beaucoup de sagesse et de joie dans les pauvres Bethléem que vous avez ignorées, voire méprisées.

© Social Communication Office Diocese of Penang

Conclusion

Je termine maintenant par une question : combien y avait-il de mages ? On dit généralement trois. Mais l’Évangile de Matthieu ne le dit pas. Il y avait trois cadeaux. Il aurait pu n’y avoir que deux mages. Mais je pense sincèrement qu’ils étaient plus de trois. Je rêve qu’à chaque époque, il y ait des centaines, des milliers, des millions et d’innombrables mages, y compris les délégués ici présents et les communautés que nous servons, aussi nombreux que les étoiles ! Nous avons besoin de plus de mages et de moins d’Hérode comme pèlerins dans notre monde.

Il y a quelques mois, j’ai assisté à un événement interreligieux dans un pays que je ne nommerai pas. La plupart d’entre nous, participants, étions logés dans un immense hôtel. Le matin du deuxième jour, les organisateurs m’ont informé que je ferais partie d’une délégation qui rencontrerait le chef de l’État au palais présidentiel et que je devais être prêt dans le hall à une certaine heure pour être pris en charge par une voiture privée.

Pris au dépourvu, je me suis préparé à la hâte dans ma chambre et me suis précipité dans le hall. Dans ma précipitation, j’ai pris plusieurs mauvais virages. J’avais l’impression de m’éloigner du hall. Puis, alors que je marchais d’un pas vif dans un couloir bordé de boutiques, j’ai entendu une voix de femme s’écrier : « Oh mon Dieu ! Oh mon Dieu ! » Elle semblait blessée, alors je me suis arrêté, je me suis tourné vers la direction d’où venait sa voix et j’ai demandé : « Est-ce que ça va, Madame ? » Elle m’a regardé et m’a dit : « Oh mon Dieu. C’est vous ? Le cardinal Tagle ? » Maintenant effrayé, j’ai répondu : « Oui. Je cherche le hall d’entrée. » Elle m’a dit : « Oh mon Dieu. Je ne vous vois que sur YouTube. Maintenant, je vous vois en personne ! À cause de mon travail, je ne peux pas aller à la messe tous les dimanches. Mais je regarde et j’écoute vos méditations sur les lectures pour m’aider à prier. Merci, cardinal. Pouvez-vous me bénir ? » J’ai accepté. Elle venait des Philippines. Elle a pleuré abondamment pendant que je priais pour elle. Une fois la prière terminée, elle m’a demandé : « Puis-je prendre un selfie avec vous ? » J’ai accepté. Puis elle a ajouté : « Puis-je appeler l’autre femme des Philippines pour que vous la bénissiez aussi ? » D’accord.

Pendant que cela se passait, j’ai réalisé que je ne m’étais pas égaré. Jésus m’avait conduit sur ce chemin. Je l’avais rencontré à travers ces deux femmes formidables, des travailleuses migrantes pleines de persévérance et d’espoir. En fait, j’avais oublié ma visite au chef de l’État. Un autre chemin s’était ouvert.

J’ai dit plus tôt que l’histoire des mages est fondamentalement l’histoire de Jésus. C’est Jésus qui a pris un autre chemin. C’est Jésus qui a guidé les mages vers un autre chemin. Jésus a choisi un chemin différent de celui d’Hérode. Lui, le Fils de Dieu, s’est dépouillé pour embrasser la fragilité humaine. Il est né roi, enfant pauvre dans une crèche. Il était un maître qui n’avait nulle part où reposer sa tête. Il a choisi des disciples qui n’auraient été acceptés par aucun rabbin. Il a enseigné la vérité, mais a été l’objet de mensonges et de faux témoignages. Il a été intronisé sur une croix, accusé d’être un roi imposteur. Il continue de vivre dans ceux qui ont faim, ceux qui ont soif, les sans-abri, les prisonniers, les étrangers. Oui, il emprunte un chemin différent. Mais souvenez-vous, il est le Chemin, la Vérité et la Vie. Il est l’Étoile. Il est notre but. Il est notre espérance ! Venez rejoindre le pèlerinage de Jésus !

Cardinal Tagle, 27 novembre, Penang, Malaisie

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