Chine

Chrétiennes de Chine: « l’autre moitié du ciel »

Femmes de Chine. © DR
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Depuis le XXe siècle, les femmes chinoises jouent un rôle de plus en plus important dans la société. Un grand changement s’est produit. Leur vie n’est plus centrée uniquement sur la famille comme avant, les femmes peuvent participer à presque toutes les domaines de la société: éducatif, médical, de service, commercial, et même politique. Pour montrer la valeur des femmes, un proverbe déclare que « les femmes couvrent la moitié du ciel ». Ce bouleversement élargit la mission des femmes chrétiennes chinoises et leur offre des possibilités nouvelles pour la participation aux activités de l’Église, que je présenterai dans cet article.

La présence active des femmes catholiques chinoises dans l’Église

En Chine, les chrétiens restent indéniablement minoritaires par rapport à une population abondante, et les catholiques sont encore moins nombreux. Cependant, parmi les fidèles catholiques, les femmes sont nombreuses et elles participent activement aux célébrations et à la vie de l’Église. Lors des messes, la plupart des fidèles sont des femmes. Ce phénomène, en particulier dans les zones rurales, est lié entre autres à leur rôle dans la famille et dans la société, car des femmes sont plus disponibles dans l’organisation du temps que des hommes. Pour accompagner les enfants à l’école et les personnes âgées dans la famille, elles cherchent souvent d’un travail dont l’horaire est plus souple.

Outre ces femmes qui ont suivi leur vocation au mariage, d’autres femmes catholiques ont répondu un appel spécial, celui de se consacrer totalement à Dieu. Elles vivent soit un mode de vie contemplatif, soit apostolique ou avec un engagement spécial.   

Les missions des femmes catholiques chinoises

Les femmes catholiques, laïques ou religieuses, jouent différents rôles dans l’Église et dans la société, que l’on peut regrouper en quatre catégories : les rôles liés à la liturgie et à la prière, à la catéchèse, aux services et aux œuvres caritatives.

Dans certaines paroisses au nord de la Chine, les fidèles ont l’habitude de se réunir tous les jours, matin et soir, à l’Église ou à la maison de prière pour louer le Seigneur. Ce sont les femmes et les filles qui initient les prières et les chants. Elles partagent également les mêmes fonctions que les hommes lors de la célébration eucharistique, par exemple, lire les lectures et les prières universelles. Les femmes donnent aussi du temps à la vie paroissiale et aux œuvres caritatives, elles décorent les lieux de prière avant chaque grande fête de l’Église, visitent les malades et les personnes âgées et accompagnent les mourants. Le curé demande parfois aux laïcs pratiquants et formés, dont les femmes, de faire la catéchèse aux enfants et aux jeunes pendant les vacances d’été et d’hiver. Dans certains diocèses autour de Pékin, des femmes comme des hommes, après un an ou deux ans de formation théologique et intellectuelle, sont envoyés pour annoncer l’Évangile aux non-chrétiens.

Si les femmes laïques participent activement à la vie de l’Église avec leur temps limité, les religieuses et les vierges consacrées, en tant que personnes qui reçoivent une vocation de consacrer toute leur vie à Dieu, organisent des activités, dépassant le cadre de l’Église. Elles s’adaptent à la société selon les circonstances géographiques et politiques, beaucoup de congrégations religieuses en Chine ont des missions très diverses. Des religieuses envoyées par leurs supérieurs collaborent avec les curés dans tous les domaines nécessaires à la paroisse. Grâce à des formations théologiques, des religieuses organisent des retraites et donnent des enseignements dans des séminaires et dans des paroisses. Celles qui sont formées en psychologie apportent du soutien aux chrétiens et aux non-chrétiens. Dans une congrégation au Nord, les religieuses reçoivent des personnes âgées, qui vivaient seules ou abandonnées par leurs enfants, où, à cause de la pauvreté, les enfants n’ont pas les moyens de s’occuper d’eux. Les religieuses accueillent aussi des orphelines souvent très handicapées physiquement et mentalement, elles leur préparent non seulement les repas et leur apprennent à prier, mais elles s’occupent aussi de leur vie quotidienne : changer les draps, laver le linge, faire le ménages, jouer avec elles… Les cabinets médicaux sont aussi l’une des activités des religieuses infirmières et médecins, ces lieux offrent à la fois une aide aux personnes malades et un moyen de gagner leur vie pour les religieuses. On peut citer également les jardins d’enfants qui accueillent tous les enfants sans distinction de religion. Malheureusement, cette œuvre n’a pas pu continuer à cause de raisons diverses. Toutes ces activités sont liées aux besoins de l’Église et de la société et elles évoluent dans le temps.

Un recueillement spirituel et un témoignage

La participation active des femmes laïques et religieuses semble crucial pour la vitalité de l’Église et donne une image positive de l’Église en Chine. C’est aussi un accomplissement spirituel pour elles-mêmes.

Grâce à leur nouvelle place sociale et à leur formation dans de nombreux domaines différents, les femmes catholiques sont capables de mettre en pratique les activités diverses qui, non seulement témoignent d’une façon spéciale de la présence de l’Église dans une société athée, mais qui sont aussi une invitation à réagir pour la société. L’accueil des personnes âgés et des orphelins handicapés peut attirer l’attention des non-chrétiens et les poussent à avoir un regard attentif à leur tour envers les personnes faibles et à les traiter humainement et dignement. Les visites de différents groupes sociaux de tous les âges à ces associations montrent déjà du fruit. J’ai croisé des visiteurs et des groupes d’enfants qui ont amené de la nourriture, des jouets et d’autres objets nécessaires pour partager avec les enfants handicapés. La maison de retraite, l’orphelinat, les cliniques ne sont pas simplement un lieu d’accueil, mais un lieu où les chrétiens témoignent de leur foi dans le quotidien et par leur vie. C’est une façon de mettre en pratique l’exhortation évangélique du précédent Pape François : une Église en sortie[1].

L’engagement des femmes dans la vie paroissiale permet d’avoir une vie spirituelle personnelle et communautaire face aux défis de la modernité. Lorsqu’elles participent à la liturgie, organisent des retraites et font la catéchèse, c’est d’abord elles-mêmes qui en sont les bénéficiaires, car celui qui donne aura plus (cf. Mt 13,12). Pour être évangélisateur, le recueillement personnel et communautaire est indispensable.

Pour renforcer leur rôle, une formation plus structurelle est essentielle, non seulement en théologie et en catéchèse, mais aussi dans d’autres domaines sociaux. Ainsi, elles pourront mieux accompagner et soutenir les familles, les enfants et les jeunes, qui affrontent les défis de la société chinoise marquée par le vieillissement de la population, les problème de mariage et le stress social.

En conclusion, les activités des femmes catholiques offrent beaucoup d’avantages à l’Église et ont des influences dans la société même si leurs valeurs ne sont pas toujours suffisamment vues et soutenues. Les femmes catholiques jouent un rôle crucial dans la transformation de la foi, le renforcement des communautés paroissiales et l’engagement social et montrent une capacité à s’adapter et à innover. En une phrase, la vitalité future de l’Église catholique en Chine reposera largement sur l’adaptabilité, l’innovation et la fidélité de la foi des femmes catholiques.


[1] Pape François, Exhortation apostolique  Evangelii Gaudium, le 24 novembre 2013, n° 20-24.

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