Asie Divers horizons

Congrès missionnaire asiatique : « L’Asie compte seulement 3,4 % de chrétiens : le travail est encore vaste ! »

Père Kim : « Un missionnaire est comme un vitrail qui laisse passer la lumière. Que tous nous soyons des vitraux qui rendent Dieu visible à travers notre vie. » Père Kim : « Un missionnaire est comme un vitrail qui laisse passer la lumière. Que tous nous soyons des vitraux qui rendent Dieu visible à travers notre vie. » © Social Communication Office Diocese of Penang
Lecture 9 min

Durant le congrès missionnaire asiatique (Great Pilgrimage of Hope), qui s’est déroulé du 27 au 30 novembre à Penang, en Malaisie, à l’appel de la FABC, des délégués de toutes les régions d’Asie ont témoigné au nom de leurs communautés, alors que les Églises asiatiques cherchent de nouvelles manières d’évangéliser en prenant « d’autres chemins » à la manière des mages venus d’Orient. Parmi eux, un prêtre au Bhoutan, un missionnaire coréen, un laïc chinois, deux religieuses indiennes, un cardinal birman et une jeune de l’archidiocèse de Séoul.

Père Kinley Tshering, Bhoutan : « Priez pour qu’il y a un prêtre de plus au Bhoutan ! »

Le père Kinley est le premier, et à ce jour le seul prêtre catholique du Bhoutan. Le prêtre jésuite est au service d’une communauté de près de 200 de convertis dans le petit royaume niché dans l’Himalaya, entre l’Inde et la Chine, qui compte environ 800 000 habitants. Le père Kinley a témoigné durant le congrès missionnaire asiatique, le 29 novembre à Penang, en révélant beaucoup de joie et d’humour : « Je ne commets jamais de péchés mortels ! Seulement des péchés véniels : car je suis le seul prêtre du Bhoutan, donc il n’y a pas de prêtres pour me confesser ! » Devant les délégués présents, il a aussi confié que s’il n’y a pas d’églises physiques au Bhoutan, le pays tout entier est donc sa cathédrale. Il a conclu son témoignage ainsi : « Ne priez pas pour moi. Priez pour qu’il y a un prêtre de plus au Bhoutan ! »

Le congrès de la FABC a rassemblé près de 900 délégués de toute l'Asie durant quatre jours à Penang, Malaisie.
Le congrès de la FABC a rassemblé près de 900 délégués de toute l’Asie durant quatre jours à Penang, Malaisie.
© Social Communication Office Diocese of Penang

Père Kim, Corée du Sud : « Un missionnaire est comme un vitrail qui laisse passer la lumière »

Le père Kim est un missionnaire sud-coréen ayant vécu cinq ans de mission en Chine. Par son expérience dans l’Empire du Milieu, il explique que le prêtre en mission apporte seulement sa foi : « Un missionnaire est comme un vitrail qui laisse passer la lumière du soleil et la rend visible. Ainsi, à travers lui, Dieu qui est invisible devient visible. » Alors que son pays accueillera les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) dans deux ans, il estime que « partout, les jeunes peuvent faire cela, être comme des vitraux, en laissant passer la lumière par la foi et l’amour ». Comme il le rappelle, l’Asie compte seulement 3,4 % de chrétiens : « Cela veut dire que le travail restant est encore vaste ! C’est pourquoi j’espère que les JMJ 2027 à Séoul seront un point tournant ! Pour que le zèle missionnaire des jeunes en Asie et dans le monde soit renouvelé. Que tous nous soyons des vitraux qui rendent Dieu visible à travers notre vie. »

Un laïc chinois : « Priez pour nous et la situation en Chine ! »

Ce laïc chinois, qui a témoigné de manière anonyme, est marié depuis quatorze ans et a quatre enfants. En prenant la parole à Penang, il a commencé par confier que son dernier enfant venait de naître 18 jours auparavant. Ils ont appelé leur nouveau-né… Carlo Acutis ! Le père de famille est responsable d’un centre d’évangélisation, en Chine continentale. Il a décrit une mission délicate : « Nous avions lancé une activité de trois jours, mais nous avons dû tout arrêter au bout de deux jours parce qu’on nous surveillait. »  Il rappelle aussi que de nouvelles règles interdisent l’accès aux lieux de culte aux jeunes de moins de 18 ans. Pour cette raison, ses enfants ne peuvent plus aller à l’église ou se rendre à la messe : « Des personnes surveillent pour vérifier que c’est mis en place, en prenant des photos… Des caméras sont même installées dans les églises pour contrôler, ainsi que devant les lieux de culte et dans toute l’enceinte paroissiale. » Il ajoute que sa petite fille, à l’école, apprend que personne ne doit avoir de croyances religieuses. « La situation dans laquelle nous sommes est de plus en plus tendue. Comme l’a dit le cardinal Tagle cette semaine dans son enseignement, nous avons besoin de nouveaux chemins pour partager la foi. Il faut encourager la propagation de la foi au sein des familles. C’est pourquoi nous avons initié un apostolat pour les familles dès 2012. En espérant qu’il y ait de plus en plus de parents catéchistes en Chine ! Priez pour nous et la situation en Chine ! La situation est difficile mais on arrive à suivre le Christ. »

Sœur Mabel Dhar, supérieure générale de sa congrégation à Shillong (Meghalaya), est « profondément touchée par la présence de Dieu au pèlerinage d’espérance 2025 (Great Pilgrimage of Hope) des Églises d’Asie ».
Sœur Mabel Dhar, supérieure générale de sa congrégation à Shillong (Meghalaya), est « profondément touchée par la présence de Dieu au pèlerinage d’espérance 2025 (Great Pilgrimage of Hope) des Églises d’Asie ».
© Social Communication Office Diocese of Penang

Deux religieuses indiennes : « J’avance avec espérance vers le jubilé 2033 ! »

Parmi les délégués indiens au congrès de la FABC à Penang, les témoignages de deux sœurs soulignent une vérité commune : ce « grand pèlerinage d’espérance » n’était pas seulement un événement mais un point tournant, qui les a motivées à rentrer avec une foi fortifiée, prêtes à servir avec une énergie renouvelée.

Sœur Mabel Dhar est supérieure générale de la congrégation VSDB (Sœurs de la visitation de Don Bosco), basées à Shillong (au Meghalaya, la région la plus pluvieuse au monde, dans le nord-est de l’Inde). Elle se dit « profondément touchée par la présence de Dieu au pèlerinage d’espérance 2025 (Great Pilgrimage of Hope) des Églises d’Asie. « C’était un moment de grâce et de clarté. Je rentre en étant remplie de l’amour de Dieu pour son peuple, avec une détermination plus grande à partager l’histoire de Jésus à travers sa propre vie. Avec confiance en l’aide de Dieu, j’avance avec espérance vers le jubilé 2033 ! »

Sœur Margarita est directrice adjointe de Communio, une initiative de la Conférence épiscopale indienne (CBBI) destinée à soutenir l’Église indienne dans les zones rurales et les territoires de mission. Elle décrit sa participation au congrès comme une expérience « pleine de grâce » : « Ces jours de prière, de partage, de réflexion, ont approfondi mon parcours de foi et ma réflexion spirituelle, et ouvert mon cœur à la foi fervente de l’Église en Asie. Cette rencontre a fortifié ma résolution à marcher avec plus grande conviction selon mon appel à servir le peuple de Dieu. Je rentre avec un esprit renouvelé, prête à témoigner du Christ avec joie et espérance. »

Cardinal Bo, Birmanie : « Un évangélisateur dois savoir sourire ! »

Le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun dans la Birmanie en guerre depuis quatre ans, a prononcé quelques mots à la fin du congrès en évoquant l’appel à poursuivre les œuvres d’évangélisation en Asie.

Le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, durant le congrès de la FABC à Penang
Le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun, durant le congrès de la FABC à Penang
© Social Communication Office Diocese of Penang

Au nom de tous, et en particulier au nom de l’Église en Birmanie, je veux partager notre profonde reconnaissance pour ce congrès. Malgré la situation complexe que traverse la Birmanie actuellement, nous sommes arrivés ici avec une délégation synodale composée de six évêques, six prêtres, six religieuses, six hommes et six femmes. Et nous repartirons sur d’autres chemins ! Nous sommes vraiment reconnaissants pour tous ceux qui participent à ce congrès, véritablement fructueux, inspirant, afin de donner un nouvel élan pour l’œuvre d’évangélisation. Dans mon homélie cette semaine, j’ai dit qu’un évangélisateur dois savoir sourire. Mais je peux aussi dire avec force, puisque le cardinal Tagle n’est pas ici aujourd’hui, qu’un évangélisateur doit aussi savoir pleurer. Car il est expert dans les deux domaines ! Ce n’est pas une faiblesse : il a un diplôme d’honneur pour le rire et un doctorat pour les larmes.

Une jeune représentante de l’archidiocèse de Séoul : « Nous sommes impatients de vous nous rejoigniez en Corée ! »

Du 27 au 30 novembre à Penang, Malaisie, une équipe était présente pour représenter l’archidiocèse de Séoul, hôte des JMJ 2027. Parmi eux, une déléguée sud-coréenne a demandé aux quelque 900 participants de transmettre l’invitation de l’Église coréenne : « Évêques, prêtres, religieux et jeunes se rassemblerons en 2027 à Séoul pour célébrer leur foi, entre les événements culturels et artistiques, le programme spirituel, les célébrations avec le Saint-Père, les sessions de catéchèse, les temps de réconciliation, le chemin de croix… Nous voulons partager ce message avec joie, parce que nous croyons que les JMJ, ce n’est pas qu’un simple événement, mais un pèlerinage spécial qui unit les jeunes du monde entier dans la foi pour faire l’expérience de la présence réelle du Christ. » Ces JMJ seront les deuxièmes en Asie, et les premières à avoir lieu dans un pays non chrétien. La jeune représentante de Séoul a également rappelé une parole du pape François lors des dernières JMJ 2023 : « Des frontières occidentales de l’Europe, nous irons en extrême orient, c’est un signe de l’universalité de l’Eglise, et un témoignage d’unité. » « Nous sommes impatients de vous nous rejoigniez », a-t-elle ajouté. « Nous croyons fermement qu’en partageant leur foi fervente et leur richesse culturelle aux JMJ, les jeunes asiatiques trouverons courage et espérance. La participation des communautés asiatiques est essentielle pour le succès de l’événement. Je vous demande sincèrement de venir nous rejoindre et j’encourage les jeunes à prendre part à Séoul 2027 ! »

(Ad Extra)

Ad Extra est un site participatif, si vous souhaitez réagir, vous pouvez nous proposer votre contribution

Sur le même pays

Sur les mêmes sujets