Inde

Goa : 8 millions de pèlerins attendus pour l’exposition décennale des reliques de saint François Xavier

La procession des reliques de saint François Xavier, de la basilique de Bom Jesus à la Sé Cathedral de Vieux-Goa, le jeudi 21 novembre. La procession des reliques de saint François Xavier, de la basilique de Bom Jesus à la Sé Cathedral de Vieux-Goa, le jeudi 21 novembre. © Asianews
Lecture 7 min

Du 21 novembre au 5 janvier a lieu l’exposition décennale des reliques de saint François Xavier à Vieux-Goa, dans l’État de Goa sur la côte ouest indienne. Près de 8 millions de pèlerins sont attendus. Le corps du patron des missions et des missionnaires repose depuis 1637 dans la basilique du Bon-Jésus de Vieux-Goa. Tous les dix ans depuis 1782, les reliques du missionnaire sont exposées à la vue des fidèles. Une messe d’ouverture a été célébrée ce jeudi par l’archevêque de New Delhi en présence de plus de 12 000 personnes.

Les derniers préparatifs battaient leur plein ces derniers jours dans la basilique du Bon-Jésus (Bom Jesus) de Vieux-Goa, cité historique de l’État de Goa sur la côte ouest de l’Inde, et ancienne capitale de l’Inde portugaise. Le corps (sans les bras) de saint François Xavier repose en hauteur dans la sacristie de la basilique, dans une châsse, depuis 1637. Tous les dix ans depuis 1782, la châsse est abaissée et transportée en procession. Les reliques sont ensuite exposées durant 45 jours à la vue des fidèles. Il s’agit de la 18e exposition des reliques de saint François Xavier.

Cette année, le reliquaire en argent est exposé dans la cathédrale Sainte-Catherine de Goa (également appelée « Sé Cathedral »), située à 450 m de là. Les reliques resteront exposées tous les jours, de 7 heures du matin à 18 heures. L’exposition des reliques est organisée sur le thème « Nous sommes les messagers de la Bonne Nouvelle ». Des messes quotidiennes sont célébrées durant tout l’événement, en konkani et en anglais, pour les nombreux pèlerins. L’événement, qui a débuté ce jeudi 21 novembre et qui dure jusqu’au 5 janvier, attend près de 8 millions de pèlerins.

Plus de 12 000 personnes pour la messe d’ouverture

Avant le début des premières célébrations, le gouverneur de Goa, P. S. Sreedharan Pillai, et le ministre en chef de l’État de Goa, Pramod Sawant, ont rendu hommage aux reliques dans la basilique, avant qu’elles soient transportées vers la cathédrale.

Ce jeudi, une chaîne de 2 000 personnes entourait la procession des reliques jusqu’à la cathédrale de Goa.
Ce jeudi, une chaîne de 2 000 personnes entourait la procession des reliques jusqu’à la cathédrale de Goa. Crédit : @dip_goa

La célébration d’ouverture de l’événement, ce jeudi matin dans la basilique de Bom Jesus, était présidée par Mgr Anil Joseph Couto de Delhi en présence du cardinal Filipe Feri Ferrao, archevêque de Goa et Darman, de nombreux évêques indiens et de plus de 400 prêtres. Plus de 12 000 personnes ont suivi la messe devant la basilique. Les 10 000 chaises prévues pour la célébration étaient occupées, et beaucoup de gens étaient debout selon les autorités.

Durant son homélie, Mgr Anil Couto a confié que « nous accueillions ici les pèlerins aux pieds de saint François Xavier, en implorant la miséricorde de Dieu pour Goa par son intercession ». Il a décrit saint François Xavier comme « un homme en mission », mettant l’accent sur son témoignage de vie, dévoué à la proclamation du Salut dans le Christ. L’archevêque a appelé les fidèles à s’inspirer de son dévouement, en imitant sa ferveur et son courage. De son côté, le cardinal Ferrao a déclaré que « nous sommes appelés à proclamer la Bonne Nouvelle comme l’a fait saint François Xavier durant sa vie. »

Une chaîne de 2 000 personnes pour la procession des reliques

Après la messe, la procession vers la cathédrale était entourée de membres du clergé, de représentants de tous les cercles de la société, et d’une chaîne humaine d’environ deux mille personnes, en symbole d’unité. Les reliques ont été transportées dans un chariot électrique spécialement décoré. Le père Adrian Furtado, curé de l’église Notre-Dame de Remedios (Goa), détaille un élément de décor du chariot, une main portant un crucifix. « Cela correspond au désir ardent du saint, qui voulait faire connaître Jésus dans le monde entier, baptiser et sauver des âmes. C’est une image forte. »

Le chariot expose aussi des images évoquant la vie du saint. Pour l’exposition des reliques, l’archidiocèse de Goa a d’ailleurs conçu un livre appelé « Stories in Silver », avec des photos et des textes de Pantaleao Fernandes, qui sera vendu durant l’événement. L’auteur s’est intéressé aux détails ornant la châsse en argent contenant le corps du missionnaire, racontant des histoires et miracles de la vie du saint et son voyage depuis l’Europe. L’archidiocèse a aussi organisé une exposition artistique consacrée à saint François Xavier, organisée depuis le 17 novembre à Vieux-Goa dans le cadre de l’exposition des reliques.

« Certains pèlerins parcourent plus de 200 km à pieds »

Cette année, le gouvernement de l’État de Goa a construit 33 cabanons au Village des pèlerins de Vieux-Goa, à dix minutes à pieds de la basilique. Chaque abri peut accueillir dix à douze personnes, soit une capacité totale d’hébergement de près de 400 personnes par jour. Ces maisonnettes sont moins chères que les hôtels. Le prix est de seulement 350 roupies (5 dollars US) par jour, trois repas végétariens compris, sachant que le sanctuaire attire aussi de nombreux visiteurs d’autres religions.

Des visiteurs dans la basilique du Bon-Jésus, Vieux-Goa, où sont conservées les reliques de saint François Xavier. L’exposition décennale des reliques a débuté le 21 novembre.
Des visiteurs dans la basilique du Bon-Jésus, Vieux-Goa, où sont conservées les reliques de saint François Xavier. L’exposition décennale des reliques a débuté le 21 novembre. Crédit : thrillophilia.com

Beaucoup de groupes de paroissiens viennent tous les ans des États voisins du Maharashtra et du Karnataka, parcourant parfois plus de 200 km afin de rechercher les bénédictions du saint. Durant la dernière exposition des reliques en 2014, au moins 5,5 millions de pèlerins sont venus de tout le pays et même de l’étranger. « Cette année, nous attendons 8 millions de personnes. »

Saint François Xavier « réunit toutes les confessions », assure Vishvesh Kandolkar, un hindou. « Il est connu comme le ‘Goencho Sahib’, le ‘protecteur de Goa’. Des gens de toutes confessions sont attirés vers lui et se sentent proches de lui. » Vishvesh, qui a écrit un livre sur la basilique de Bom Jesus, y voit un vrai miracle. « Même ceux qui ne le connaissent pas sont touchés quand ils viennent ici. Il se passe quelque chose dans cette basilique de Vieux-Goa. »

Saint patron des missions et des missionnaires

L’exposition des reliques du co-patron des missions et des missionnaires (avec sainte Thérèse de Lisieux) a débuté 230 ans après sa mort au Japon, quand l’archidiocèse de Goa a revendiqué la conservation de son corps afin de permettre aux habitants de la région de vénérer les reliques du missionnaire jésuite, connu pour son œuvre dans toute l’Asie.

Quatre siècles se sont écoulés depuis que son corps « incorruptible » est arrivé à Goa depuis l’île de Sancian (aujourd’hui Shangchuan) via Malacca. Saint François Xavier, missionnaire jésuite espagnol, est l’un des premiers compagnons de saint Ignace de Loyola. Il est arrivé à Goa en 1542, en faisant plus tard la base de ses voyages missionnaires, jusqu’à sa mort le 3 décembre 1552 dans l’île de Shangchuan, aux portes de la Chine.

C’est là que saint François Xavier a été enterré, sur une île près du Japon. Son corps a été retrouvé intact quand il a été exhumé un an plus tard, dans le but d’être transporté au Portugal – qui était le point de départ de sa mission à Goa. Toutefois, le corps n’a pas été emmené au Portugal, car son état d’incorruptibilité était considéré comme un signe de sainteté. Il a donc été conservé à Goa, alors colonie portugaise. Aujourd’hui, le corps n’est pas considéré techniquement comme incorrompu, mais il est préservé dans une position couchée, vêtu de vêtements liturgiques.

(Avec CNA, Asianews et Ucanews)