Inde : une nouvelle église en Orissa, symbole d’espoir 17 ans après les violences antichrétiennes de 2008

Le 02/06/2025
Le 26 mai, l’archidiocèse de Cuttack Bhubaneswar a célébré l’inauguration de la nouvelle église Saint-Michel-Archange, sur le site du martyre du jeune chrétien Matthieu Nayak, tué lors des massacres antichrétiens de 2008 en Orissa, dans l’est de l’Inde. Mgr John Barwa, archevêque de Cuttack Bhubaneswar, a salué cette inauguration comme un « signe d’espérance ». La nouvelle église se dresse à côté de l’ancienne église Saint-Michel détruite durant les violences.
Lundi 26 mai dans le district de Kandhamal, dans l’État d’Orissa dans l’est de l’Inde, la communauté chrétienne locale, toujours meurtrie par les massacres de 2008 dans la région, a célébré avec joie la nouvelle église qui vient d’être érigée comme un « signe d’espérance ». Cette inauguration rend aussi hommage aux victimes et rappelle les violences terribles causées par les fondamentalistes hindous il y a 17 ans.
En effet, la nouvelle église, vivement désirée de longue date par la communauté catholique locale, a été construite sur le site du martyre d’une des nombreuses victimes de 2008 : celui de Matthieu Nayak, un jeune enseignant et pasteur anglican de l’Église du Nord de l’Inde (CNI), qui a été brûlé vif à cet endroit et dont le sacrifice est toujours présent dans les esprits.

« Cela me donne beaucoup de courage et d’espoir de voir que Dieu ne nous abandonne jamais. Les fidèles de Kandhamal ont pu reconstruire une foi ferme. Nous avons attendu 17 ans avant de pouvoir retrouver notre église, où notre cher enseignant chrétien a été tué brutalement durant les violences antichrétiennes de 2008 », confie Benansio Pradhan, catéchiste itinérant de la paroisse de Padangi (Kandhamal) et responsable de la station missionnaire de Gudrikia.
Matthieu Nayak, un enseignant public originaire d’Udayagiri et appartenant à l’Église CNI, fait partie des 101 victimes du massacre. Durant ces attaques, le jeune Matthieu Nayak a été capturé par la foule armée et en colère, qui l’a arrosé de kérosène avant de le brûler vif, en même temps que l’incendie criminel qui a détruit l’église catholique Saint-Michel-Archange de Gudrikia où il s’était réfugié.
« Les violences communautaires n’ont pas pu faire taire les fidèles »
Le 26 mai dernier, plus de 500 laïcs, 14 prêtres et 7 religieuses ont assisté à l’inauguration de la nouvelle église Saint-Michel-Archange, dans le village où le massacre a eu lieu. « Les criminels voulaient détruire et supprimer totalement les chrétiens de cette région, mais ils ont échoué face à la main puissante de notre Dieu », a déclaré Mgr John Barwa, archevêque de Cuttack Bhubaneswar, qui présidait la célébration.
« Nous remercions le Seigneur de nous avoir donné une nouvelle église, qui est un fruit de ses bénédictions, et un lieu d’unité, d’amour et de fraternité. À travers nos vies quotidiennes, nous témoignons de notre profonde foi en Dieu. Que l’archange Michel intercède pour nous quand nous rencontrons des difficultés, des obstacles, des entraves et des menaces, pour que nous restions toujours fermes dans notre foi dans le Christ », a souhaité l’archevêque indien, issu de la Société pour le Verbe Divin (SVD).
« La foi des fidèles a pu renaître après les violences antichrétiennes de 2008 », a confié de son côté le père Sebastian Thottamkara, curé de Pandagi, membre de la Congrégation de la Mission, qui a supervisé la reconstruction de l’église de Gudrikia. « Les gens ont participé activement et de manière enthousiaste aux travaux volontaires pour la construction de l’église. Les violences communautaires n’ont pas pu faire taire ni empêcher les fidèles de proclamer et de témoigner de Jésus de témoigner au quotidien. »

« Chacun d’entre eux a contribué comme il pouvait »
La nouvelle église se dresse à côté de l’ancienne église où les extrémistes hindous avaient tué Mathieu Nayak. La paroisse de Padangi, dédiée au Sacré Cœur de Jésus, a été fondée en 1924 par les Missionnaires de Saint François de Sales (MSFS). La paroisse est aujourd’hui gérée par des prêtres de la Congrégation de la Mission. Elle compte 11 stations missionnaires, avec environ 400 familles catholiques. La station missionnaire de Gudrikia compte aujourd’hui 45 familles catholiques dans un village majoritairement hindou.
Selon le père Sebastian Thottamkara, l’inauguration a été célébrée par toute l’assemblée par des chants, des danses et une participation joyeuse. Le père Madan Sual Singh, directeur de Jana Vikas, la branche sociale de l’archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar, explique que pour les chrétiens de la région, les massacres de Kandhamal sont difficiles à oublier. « Ils ont perdu leurs proches, leurs maisons, leurs champs, leurs bêtes et leur travail. Mais chacun d’entre eux a contribué comme il pouvait à rendre possible cette nouvelle église. »
Les violences antichrétiennes de 2008 ont débuté le 24 août 2008, et ont causé plus de 100 morts et plusieurs centaines de blessés. Elles ont duré plus de quatre mois et ont rendu plus de 56 000 personnes sans domicile. Elles ont été provoquées par des extrémistes hindous qui ont accusé à tort la minorité chrétienne d’avoir causé la mort du leader de l’organisation nationaliste hindoue Vishwa Hindu Parishad, Swami Laxanananda Saraswati, alors que son assassinat avait été revendiqué par des rebelles maoïstes. Ces quatre mois de violences ont détruit 300 églises et 6 000 habitations, et déplacé plusieurs milliers de chrétiens.
Source : Radio Veritas Asia, Asianews, Ucanews