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Japon : des responsables religieux du monde entier à Hiroshima pour promouvoir une éthique de l’IA

Giovanni Boccardi / CC BY-SA 3.0 IGO Giovanni Boccardi / CC BY-SA 3.0 IGO © Giovanni Boccardi / CC BY-SA 3.0 IGO
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Les 9 et 10 juillet à Hiroshima, des responsables religieux du monde entier ont prévu de signer « l’Appel de Rome pour une éthique de l’intelligence artificielle », un document publié en 2020 par l’Académie pontificale pour la vie. Le lieu a été choisi symboliquement en rappel des « conséquences potentiellement destructrices de la technologie ». En mars, Mgr Vincenzo Paglia, de l’Académie pontificale, a invité à réguler « un phénomène mondial qui progresse rapidement, en associant toutes les cultures et traditions ».

Un évènement interreligieux historique aura lieu les 9 et 10 juillet à Hiroshima, au Japon. Un lieu choisi pour son fort témoignage symbolique, qui rappelle les conséquences potentiellement destructrices de la technologie et qui invite à s’engager dans la lutte incessante pour la paix. C’est là que des responsables des principales grandes religions ont choisi de se rassembler pour signer « l’Appel de Rome pour une éthique de l’IA ».

Cet appel est un document publié en 2020 par l’Académie pontificale pour la vie, avec plusieurs organisations dont la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), et aux côtés de plusieurs géants de l’informatique. L’objectif était de promouvoir une « algor-éthique », à savoir des principes moraux devenus indispensables aujourd’hui pour assurer que l’intelligence artificielle serve toujours l’humanité.

En signant ce document en un lieu symbolique, les responsables religieux prenant part à l’initiative ont expliqué vouloir souligner qu’il est essentiel de guider le développement de l’IA avec des principes éthiques. La rencontre de la semaine prochaine est aussi organisée en partenariat avec d’autres organisations internationales dont Religions for Peace Japon.

« Nous sommes appelés à réguler un phénomène mondial qui progresse rapidement »

Selon les organisateurs, le document de 2020 avait pour but de défendre une approche éthique de l’IA et de défendre le sens des responsabilités parmi les organisations, gouvernements, multinationales et institutions impliquées, pour façonner un avenir où l’innovation numérique et les progrès technologiques servent la créativité et le génie humain tout en préservant et en respectant la dignité de chacun et celle de la planète.

Après la signature de l’appel par des représentants des trois religions abrahamiques (christianisme, islam et judaïsme) en 2023, au nom de la coexistence pacifique et des valeurs partagées, l’évènement d’Hiroshima a pour objectif de renforcer une approche multireligieuse sur des questions vitales comme l’éthique de l’IA.

Les organisateurs de la rencontre soulignent que les religions jouent un rôle essentiel en faveur d’un monde où le concept de développement est indissociable de la protection de la dignité de la maison commune et de toute personne humaine. Pour eux, le fait de se rassembler pour appeler au développement de l’éthique de l’IA est une étape que toutes les traditions religieuses devraient envisager.

En mars, Mgr Vincenzo Paglia était intervenu sur le sujet de l’IA lors de l’assemblée plénière des évêques indiens à Bengalore, où il avait déclaré que « nous sommes appelés à réguler un phénomène mondial qui progresse rapidement, en associant toutes les cultures et traditions ».

Un Appel signé symboliquement au Mémorial de la Paix de Hiroshima

La semaine prochaine, les évènements débuteront le mardi 9 juillet au Centre International de Conférence de Hiroshima. Parmi les intervenants qui ouvriront la rencontre, on compte le révérend Yoshiharu Tomatsu, président de l’organisation Religions for Peace Japon, Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie pontificale pour la vie, le Sheikh Abdallah Bin Bayyah, président du Forum pour la paix d’Abou Dhabi et du Conseil des fatwas des Émirats Arabes Unis, et le rabbi Eliezer Simha Weisz, membre de la Commission pour les relations interreligieuses du grand rabbinat d’Israël.

On compte aussi le père Paolo Benanti, professeur d’éthique de la technologie à l’Université pontificale urbanienne, qui présentera ensuite l’Addendum d’Hiroshima sur l’IA générative (un document qui fera partie intégrante de l’Appel de Rome pour une éthique de l’IA).

Mardi 9 juillet, une première session sera consacrée aux perspectives scientifiques (« Les risques et opportunités de l’IA »), avec l’intervention de chercheurs comme le professeur Jeremy Wertheimer, du Broad Institute du MIT et de Harvard (un centre de recherche biomédicale et génomique situé à Cambridge au Massachusetts), ou encore le professeur Mario Rasetti, professeur émérite de physique théorique du Centai Institute (Centre pour l’IA) de l’École polytechnique de Turin, qui présenteront leurs découvertes et leurs réflexions.

Une deuxième session doit se concentrer sur les perspectives technologiques de l’IA et sur les applications pratiques d’une éthique de l’IA, avec des contributions de dirigeants de multinationales informatiques comme Microsoft, IBM et Cisco. Une troisième session a pour objectif d’explorer « La gouvernance de l’IA », notamment avec l’intervention d’Amandeep Singh Gill, envoyé du secrétaire général des Nations unies pour la technologie (et membre du comité consultatif du secrétaire général de l’Onu sur l’intelligence artificielle).

La signature de l’Appel de Rome doit avoir lieu le mercredi 10 juillet dans la salle « Dahlia » du Centre International de Conférence de Hiroshima. Après le témoignage d’un survivant de la bombe atomique, les participants ont aussi prévu de visiter le parc du Mémorial de la Paix de Hiroshima, ainsi que le Cénotaphe des victimes de la bombe atomique où ils déposeront des fleurs en leur mémoire.

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