Papouasie Nouvelle Guinée

Le premier saint de l’histoire de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, un événement pour toute l’Océanie

Deux enfants, dont un tenant une statue de saint Peter To Rot, le 7 septembre 2024 à Port-Moresby lors du voyage apostolique en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Deux enfants, dont un tenant une statue de saint Peter To Rot, le 7 septembre 2024 à Port-Moresby lors du voyage apostolique en Papouasie-Nouvelle-Guinée. © Daniel Ibáñez/CNA
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Le 20 octobre, le lendemain de la canonisation de Peter To Rot, le pape Léon XIV a salué un des martyrs de Papouasie, en soulignant la détermination, la force morale et le courage extraordinaires de ce catéchiste ordinaire. Il y a un peu plus d’un an, en septembre 2024 en Papouasie-Nouvelle-Guinée, le pape François avait lui aussi salué quelques-uns des martyrs et missionnaires de Papouasie durant son voyage apostolique. Parmi eux, des Français et des Italiens venus annoncer l’Évangile « jusqu’au bout du monde ».

Il y a un peu plus d’un an, en septembre 2024 durant le voyage apostolique du pape François en Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Saint-Père aujourd’hui défunt avait rappelé les sacrifices des premiers missionnaires et martyrs dans la région, qui se sont aventurés profondément dans les forêts tropicales afin d’apporter l’Évangile « jusqu’au bout du monde ».

En s’adressant aux fidèles papous à Port-Moresby, la capitale, le pape avait honoré l’héritage durable de ceux qui avaient amené le christianisme dans cette nation insulaire du Pacifique. « Les missionnaires sont arrivés dans ce pays au milieu du XIXsiècle, et les premières étapes de leur ministère n’ont pas été faciles. Certaines tentatives ont vraiment échoué. Toutefois, ils n’ont pas abandonné », avait salué le pape.

« Avec une grande foi, un zèle apostolique et de nombreux sacrifices, ils ont continué de prêcher l’Évangile et de servir leurs frères et sœurs, recommençant de nombreuses fois dès qu’ils échouaient », avait-il ajouté en évoquant comment les missionnaires, à travers ces « départs » et « recommencements », avaient posé courageusement les fondations de l’Église catholique en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Le pape François au stade Sir John Guise de Port-Moresby, le 8 septembre 2024 en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Le pape François au stade Sir John Guise de Port-Moresby, le 8 septembre 2024 en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
© Daniel Ibáñez/CNA

Plus d’un siècle et demi d’évangélisation en Papouasie-Nouvelle-Guinée

Le christianisme a été d’abord été introduit dans le pays par les missionnaires maristes qui sont arrivés dans l’île de Woodlark en 1847 (il s’agit d’une île de la mer des Salomon, et dépendant de la province de la Baie de Milne en Papouasie-Nouvelle-Guinée). Mais ils ont dû se retirer l’année suivante.

Ils ont été suivis cinq ans plus tard par les missionnaires PIME (Institut pontifical pour les missions étrangères), mais eux aussi ont dû partir après trois ans de travail dans la même île. La première messe en Papouasie-Nouvelle-Guinée a été célébrée plus de 30 ans plus tard par des français Missionnaires du Sacré-Cœur (MSC), le 4 juillet 1885 dans l’île de Yule.

L’héritage de ces missionnaires inclut à la fois ceux qui ont fait un ultime sacrifice au nom de leur foi et ceux dont les vies et les vertus héroïques sont reconnues à travers le processus de béatification et de canonisation de l’Église. Durant la Seconde Guerre mondiale, 197 catholiques ont été exécutés durant l’invasion japonaise de la Papouasie-Nouvelle-Guinée en 1942 et 1943, selon les chercheurs de l’Université de Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Cette occupation brutale a entraîné la perte de nombreuses vies, dont celles des missionnaires qui ont défendu leur foi inlassablement face à l’oppression. Peter To Rot, canonisé le 19 octobre 2025 au Vatican et devenu le premier saint natif du pays, fait partie de ces martyrs tués durant l’occupation japonaise. Voici un regard plus approfondi sur trois figures remarquables qui ont façonné la mission catholique dans le pays.

Bienheureux Jean-Baptiste Mazzucconi (Italie)

Le père Jean-Baptiste Mazzucconi, un missionnaire italien, fait partie des premiers martyrs de l’Église catholique en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Né le 1er mars 1826 en Italie, il a été ordonné en mai 1850 avant de rejoindre l’Institut pontifical pour les missions étrangères. Il est arrivé en Australie en mars 1852 avant de s’embarquer pour la mission dans l’île de Woodlark de la Baie de Milne. Malgré ses efforts pour s’immerger dans la culture locale et malgré ses difficultés initiales dues à la maladie, il est resté dévoué à sa mission.

Tragiquement, le 7 septembre 1855, il est tombé dans une embuscade et a été tué par des autochtones. Il a été béatifié en 1984 pour avoir été tué in odium fidei « en haine de la foi », et sa canonisation attend la confirmation d’un miracle.

Carola Namiau, une catholique papoue baptisée par le catéchiste Peter To Rot.
Carola Namiau, une catholique papoue baptisée par le catéchiste Peter To Rot.
© ABC News

L’an dernier à Port-Moresby, François avait encouragé la dévotion au bienheureux devant près de 35 000 fidèles locaux : « Qu’il vous accompagne. Face à de nombreuses difficultés et hostilités, il a amené le Christ au milieu de vous, pour que personne ne reste sourd au message joyeux du Salut et que tous puissent délier leurs langues afin de chanter l’amour de Dieu. Vraiment, qu’il en soit ainsi pour vous aujourd’hui. »

Saint Peter To Rot (Papouasie-Nouvelle-Guinée)

Natif de la province de Nouvelle-Bretagne en Papouasie-Nouvelle-Guinée, saint Peter To Rot est célébré pour la foi et le courage inébranlables dont il a fait preuve en défendant la vérité des enseignements de l’Église.

Né en 1912, Peter To Rot a servi comme catéchiste dans son village, en assumant la responsabilité de la mission alors que le prêtre local avait été emmené par l’armée japonaise. Durant l’occupation des Japonais, qui avaient imposé des lois strictes contre les pratiques religieuses, Peter avait défendu farouchement le caractère sacré du mariage. Son refus de se conformer aux règles entravant les pratiques religieuses avait conduit à son arrestation et son emprisonnement dans un camp de travail.

En 1945, il a été exécuté par injection létale. Béatifié en 1995 par le pape saint Jean-Paul II, son héritage est un témoignage de sa pureté de foi et de son engagement envers sa communauté malgré des circonstances dramatiques. Le 20 octobre au Vatican, le lendemain de sa canonisation, le pape Léon XIV a parlé de lui devant près de 55 000 pèlerins venus à Rome pour les canonisations, en expliquant que Peter To Rot offre « un exemple de ténacité et de force morale dans l’annonce des vérités de l’Évangile face aux difficultés et aux épreuves, et mêmes face aux menaces de mort ».

« Bien que catéchiste ordinaire, il a montré un courage extraordinaire en risquant sa vie pour mener cet apostolat en secret, parce que son travail pastoral était interdit par les forces d’occupation durant la Seconde Guerre mondiale. De même, quand ces autorités ont permis la pratique de la polygamie, saint Peter To Rot a fermement défendu le caractère sacré du mariage et a même confronté quelques personnes puissantes. Écoutons ses paroles face à l’hostilité : ‘C’est un temps très mauvais pour nous et nous avons tous peur. Mais Dieu notre Père est avec nous et nous regarde. Nous devons prier et lui demander de rester avec nous toujours.’ Chers frères et sœurs, que l’exemple de saint Peter To Rot nous encourage à défendre les vérités de la foi, même au prix d’un sacrifice personnel, et à se reposer toujours sur Dieu dans nos épreuves. »

Le pape François visite le sanctuaire Marie Auxiliatrice de Port Moresby, le 7 septembre 2024.
Le pape François visite le sanctuaire Marie Auxiliatrice de Port Moresby, le 7 septembre 2024.
© Daniel Ibañez / CNA

Vénérable Alain de Boismenu (France)

Mgr Alain Marie Guynot de Boismenu, né le 27 décembre 1870 à Saint-Malo, est quant à lui commémoré comme une figure centrale de la mission catholique en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ordonné prêtre comme membre des Missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus (MSC) en 1895, il a été envoyé en Papouasie-Nouvelle-Guinée en 1897. Il est devenu supérieur de la mission dès 1899, avant d’être nommé vicaire apostolique de Papouasie en 1908, un rôle qu’il a continué d’occuper jusqu’à ce qu’il se retire en 1945.

Durant son mandat, il a étendu de manière significative le rayonnement de l’Église locale, en établissant de nouvelles missions, écoles et centres de formation pour les catéchistes (c’est d’ailleurs auprès des missionnaires MSC que saint Peter To Rot a été formé comme catéchiste). Il a également fondé les Ancelles du Seigneur (Handmaids of the Lord) en 1918, une congrégation féminine devenue pleinement indigène après avoir été dirigée par plusieurs religieuses missionnaires françaises dont Marie-Thérèse Noblet et Solange Bazin de Jessey.

Même s’il n’est pas martyr, son processus de béatification basé sur ses vertus héroïques a été initié en 1984, et il a été déclaré vénérable par le pape François en 2014. Son dévouement pour la mission et notamment pour l’éducation a laissé une marque indélébile dans la région.

Sources : catholicnewsagency.com, vatican.va

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