Malaisie

Les chrétiens de Bornéo célèbrent le festival Gawai, la fête des moissons, à Sarawak et Sabah

Une danse traditionnelle lors d’une procession d’entrée, en mai 2024 durant une messe spéciale pour le festival Gawai, la fête des récoltes célébrée à Bornéo. Une danse traditionnelle lors d’une procession d’entrée, en mai 2024 durant une messe spéciale pour le festival Gawai, la fête des récoltes célébrée à Bornéo. © Asianews
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Les populations des États malaisiens de Sarawak et de Sabah, au nord de Bornéo, anciennement animistes, sont aujourd’hui majoritairement chrétiennes. Tous les ans, entre fin mai et début juin, l’Église locale célèbre Gawai, la fête des moissons : autrefois célébrée par les animistes, c’est aujourd’hui une occasion de rendre grâce pour les récoltes de riz passées et à venir. C’est aussi une occasion d’unité chrétienne et ethnique. Des messes ont notamment en lieu les 14 et 24 mai à Kuching et Sibu (Sarawak).

Tous les ans entre fin mai et début juin, les États malaisiens de Sarawak et de Sabah, au nord de l’île de Bornéo, célèbrent la fête des moissons – une action de grâce pour les récoltes de riz et une prière pour l’abondance des récoltes à venir. Le festival est célébré par les populations autochtones malaisiennes, en particulier les Ibans, les Dayaks, les Bidayuh et les Orang Ulu, qui arborent tous leurs costumes traditionnels.

À Sarawak, les Dayaks l’appellent « Gawai » (fêté entre le 1er et le 2 juin), tandis qu’à Sabah, les indigènes Kadazandusuns l’appellent « Kaamatan » (fêté entre le 30 et le 31 mai). Dans les deux États malaisiens de Bornéo, le festival présente des pratiques similaires impliquant des rituels d’offrandes et de friandises traditionnelles, des costumes colorés, des chants et des danses… Malgré la diversité ethnique et religieuse de Sarawak et de Sabah, les deux États comptent des aspects culturels communs facilement reconnaissables, comme ce festival dédié à l’abondance de la terre, considéré comme un évènement important pour les deux régions.

Une fête animiste devenue chrétienne

Anciennement animistes, les populations locales sont aujourd’hui majoritairement chrétiennes (des catholiques, des anglicans, des adventistes du septième jour, ainsi qu’une communauté évangélique menée par l’Assemblée évangélique de Bornéo – Sidang Injil Borneo). Toutefois, le festival annuel des moissons réunit les communautés chrétiennes locales en une seule. Chaque groupe ethnique fête cet évènement à la maison et dans les églises, avec des liturgies spéciales célébrées dans les paroisses locales.

Traditionnellement, dans la culture animiste, se déroule tout un rituel d’offrandes aux dieux du riz et de la prospérité – des offrandes qui sont aussi présentées en procession par les fidèles durant les célébrations chrétiennes organisées pour l’occasion. Le festival compte aussi des démonstrations de travaux agricoles, des expositions culturelles et des jeux traditionnels, parfois en costumes traditionnels, avec alcool de riz et autres spécialités à la clef. Dans l’État de Sarawak et notamment à Kuching, la fête commence une semaine avant avec des défilés et des activités culturelles. L’État de Sabah est également à la fête.

« La réussite d’un fermier est la réussite de toute la nation »

Ainsi le 24 mai, un groupe de danses indigènes traditionnelles a participé à la procession d’entrée lors d’une messe célébrée dans l’église Sainte-Anne du diocèse de Kuching (capitale de l’État de Sarawak). Les danseuses étaient suivies des servants d’autels et des lecteurs, puis des responsables laïcs et des célébrants. Les membres de l’assemblée sont venus habillés en costumes traditionnels. La danse voulait exprimer la gratitude pour la récolte de l’année écoulée.

Le chœur paroissial et les ministres de la Parole participaient également aux festivités. Toutes les ethnies locales, qu’il s’agisse des Ibans, des Bidayuh ou des Orang Ulu, étaient présentes avec leurs propres costumes traditionnels. Durant son homélie, le père Ramirez a invité les fidèles à se lever et à célébrer la fête des récoltes. « Cette fête de Gawai est historique. Nous devons remercier Dieu parce que les conséquences de la pandémie ont été apaisées », a-t-il confié, alors que le festival n’a pas pu être célébré durant plusieurs années. « Maintenant, nous pouvons célébrer les récoltes à nouveau, comme avant », s’est-il réjoui.

Une autre Eucharistie a été célébrée le 14 mai, avant le festival, dans la cathédrale du Sacré-Cœur du diocèse de Sibu (État de Sarawak). Le père Raphael Samosir a célébré la messe dans la langue locale Iban. Durant la procession d’entrée, un groupe de femmes indigènes, marchant devant le célébrant, a proposé une danse ngajat, une danse Iban traditionnelle, aux côtés d’un ensemble de gongs et tambours appelé taboh. Avant la fin de la liturgie, le père Samosir a aussi béni des bouteilles amenées par des paroissiens et contenant du tuak (du vin de riz fait maison).

« La fête de Gawai est l’occasion pour les Dayaks de se rassembler en ce jour favorable. Qu’on travaille dans une ferme ou en ville, c’est une occasion familiale », confient des paroissiens. « Même dans des temps modernes comme aujourd’hui, ce festival nous rappelle que nous avons bien des raisons de remercier nos agriculteurs », ajoutent-ils en soulignant que « la réussite d’un fermier » est « la réussite de toute la nation ».

(Avec Asianews)