Asie

L’intelligence artificielle et les médias numériques pour l’annonce en Asie

Les participants à la 30e rencontre du Bureau des communications sociales de la Fédération des conférences épiscopales asiatiques, qui s’est tenue en décembre à Hong-Kong. Les participants à la 30e rencontre du Bureau des communications sociales de la Fédération des conférences épiscopales asiatiques, qui s’est tenue en décembre à Hong-Kong. © FABC-OSC
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La question de l’IA (intelligence artificielle) et des médias numériques fait partie des enjeux importants pour les années à venir pour les Églises d’Asie. Ce sujet a été abordé en profondeur lors du dernier congrès missionnaire asiatique 2025, mais aussi le 12 décembre lors de la 30e rencontre des évêques de la FABC-OSC (Bureau des communications sociales de la Fédération des conférences épiscopales asiatiques). À cette occasion, les évêques d’Asie ont publié un appel à un engagement responsable et pastoral envers l’IA.

La 30e rencontre des évêques de la FABC-OSC (Bureau des communications sociales de la Fédération des conférences épiscopales asiatiques) s’est tenue du 10 au 12 décembre dernier à Hong-Kong, en présence de plus de 30 évêques, prêtres, religieux et professionnels des médias laïcs de toute la région. À cette occasion, Mgr Marcelino Antonio M. Maralit, évêque de San Pablo (Philippines) et président du bureau, a souligné que l’Église doit demeurer présente et continuer de discerner face aux mutations technologiques rapides qui transforment les cultures, les relations et la vie pastorale en Asie.

À l’issue de la rencontre, les participants ont publié une déclaration synthétisant leurs réflexions, préoccupations et engagements collectifs sur le thème « Intelligence artificielle et défis pastoraux en Asie ». Selon le média catholique asiatique RVA, Cette déclaration exprime à la fois espoir et prudence face à l’intégration croissante de l’IA dans la vie quotidienne. Le Dr Paolo Ruffini, préfet du dicastère pour la communication, qui était présent parmi les participants à Hong Kong, a notamment mis en garde contre les deepfakes, les sources non vérifiables, le filtrage algorithmique et la logique opaque qui régit la circulation de l’information sur les plateformes numériques : « L’intelligence artificielle ne doit jamais nous remplacer », a-t-il souligné, cité par l’agence Vatican News.

Cardinal Tagle : « Nous louons le Seigneur pour les manifestations de la créativité ! »

Fin novembre lors d’une conférence de presse à Penang, Malaisie, avec les membres du comité central de la FABC (dont son président, le cardinal indien Filipe Neri Ferrao), une journaliste malaisienne interrogeait le cardinal Tagle : « L’intelligence artificielle et les réseaux sociaux sont utilisés abondamment, et permettent à l’Église de rester connectée. Mais ces outils peuvent aussi être mal utilisés. Comment les jeunes peuvent-ils le faire à bon escient ? Quelles sont vos espérances pour que les réseaux sociaux, Internet et l’IA soient utilisés pour favoriser la croissance de notre foi et pour le bien de la communauté mondiale ? »

La réponse du cardinal philippin, pro-préfet du dicastère pour l’Évangélisation, était comment souvent teintée d’humour : « Je pense que pour réfléchir à cela, il nous faudrait toute la journée ! » Le prélat a d’abord évoqué l’orientation et l’intuition fondamentale du Concile Vatican II, notamment dans la constitution pastorale Gaudium et Spes : « Nous louons le Seigneur pour les manifestations de la créativité, la créativité divine dans l’ingéniosité humaine et dans l’exercice par l’homme de la connaissance, de la science et de la créativité. Et nous pouvons remercier le Seigneur pour ses bienfaits ! », a-t-il souligné.

« Quand j’étais étudiant, en master dans les années 1980 aux États-Unis, il n’y avait pas de téléphone portable, ni rien de tout cela. Je ne pouvais donc appeler mes parents que deux fois par an, pendant trois minutes seulement, et je devais passer par un opérateur international. Comme je n’avais pas d’argent, c’était toujours un appel en PCV. Cela signifiait que la personne que j’appelais devait payer », a-t-il raconté.« Mais maintenant, grâce à la technologie, on peut communiquer plusieurs fois par jour, même en FaceTime… »

« Je demande toujours aux influenceurs : assurez-vous que l’Évangile vous influence »

Pour le Philippin, cette évolution égalise l’accès à l’information, et permet des possibilités immenses en matière d’éducation. Alors qu’il parlait au cœur d’un congrès consacré à la mission en Asie, rassemblant 900 personnes, il a ajouté qu’un tel événement ne se limite pas aux participants, mais peut prendre une envergure internationale, voire universelle. « Alors, nous remercions Dieu. Comme tout don du Seigneur, il faut le recevoir comme tel. Nous savons que chaque don peut être utilisé pour créer des opportunités, pour le bien d’autrui, mais aussi à d’autres fins. Par exemple, j’ai découvert qu’il existait quatre comptes Facebook à mon nom, alors que je n’ai pas de compte Facebook ! » a-t-il commenté, en ajoutant avoir découvert qu’il y faisait à son insu une publicité d’une crème contre l’arthrite, d’un thé bio et d’un climatiseur portable.

Sans compter des publicités pour des bénédictions papales, promettant une croix en or pour ceux qui passeraient commande… « Il y a donc un danger, mais les dangers n’annulent pas les possibilités », a-t-il insisté. « Pour conclure, nous venons de célébrer le jubilé des missionnaires numériques et des influenceurs missionnaires catholiques (en juillet 2025 à Rome). Une influenceuse m’a dit que sur sa plateforme, entre le décès du pape François et l’élection du pape Léon XIV, elle a reçu 2 millions de demandes de renseignements sur la foi. Quelle richesse ! »

Pour cette raison, entre de grandes possibilités et de grands dangers, le cardinal Tagle lance cet appel : « Je demande toujours aux influenceurs : assurez-vous que l’Évangile vous influence. Car chaque influenceur est lui-même influencé par quelque chose ou par quelqu’un ! »

« Comment pouvons-nous les atteindre ? »

Durant la même conférence de presse, Mgr George Palliparambil, du bureau de la FABC-OE (pour l’évangélisation), a lui-même posé une question aux journalistes présents : « En vue des JMJ de Séoul 2027 et du jubilé de 2033, vous qui êtes en contact avec les jeunes, quelles sont selon vous les priorités pour ces deux événements ? » Un journaliste indien a répondu avoir constaté, au fil de ses voyages à travers le monde durant huit ans, une véritable révolution technologique. « Les smartphones sont omniprésents, les gens les utilisent pour scanner des codes-barres, etc. L’Église doit donc multiplier les initiatives pour être présente sur ce terrain. On estime qu’un adolescent ou un jeune adulte passe en moyenne sept heures par jour devant un écran. Comment pouvons-nous les atteindre ? » a-t-il demandé.

Dans ce contexte, une journaliste de l’archidiocèse de Kuala Lumpur a aussi évoqué le besoin d’un équilibre dans ce domaine : « En Asie, les catholiques sont minoritaires. Pourtant, je peux vous assurer que le nombre de fidèles et de jeunes augmente. Lors d’une réunion, nous avons appris que les jeunes d’une paroisse étaient particulièrement intéressés par l’adoration et la prière silencieuse. Si nous nous tournons vers le numérique, les jeunes réclament aussi ce que nous pourrions croire dépassé. Ils disent ‘Nous voulons voir Jésus’. Je crois qu’ils souhaitent un équilibre entre les deux, et qu’ils aspirent à rencontrer Jésus dans sa forme la plus simple. »

(Ad Extra)

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