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Mgr Ly, Cambodge : « Vers le jubilé 2033, l’Église en Asie cherche comment évangéliser et re-évangéliser en Asie et dans le monde »

Mgr Figaredo, éveque de Battambang, et Mgr Ly, coadjuteur de Phnom Penh, avec un groupe de pèlerins. Mgr Figaredo, éveque de Battambang, et Mgr Ly, coadjuteur de Phnom Penh, avec un groupe de pèlerins. © Social Communication Office Diocese of Penang
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Mgr Pierre Suon Hang Ly, premier évêque khmer depuis 1975, est vicaire apostolique coadjuteur de Phnom Penh. Paul Kang, marié et diacre permanent, vient du diocèse malaisien de Penang. Le père Rikardus Jaya Gabut, prêtre indonésien, est missionnaire en Mongolie depuis quatre ans. Tous trois étaient au congrès missionnaire asiatique organisé fin novembre par la FABC. Ils confiant leurs impressions et leurs attentes sur cette rencontre aux enjeux majeures pour les années à venir pour l’Église en Asie.

Mgr Pierre Ly, Phnom Penh : « Ce congrès porte beaucoup de fruits, pour cheminer ensemble et évangéliser à la manière de l’Asie »

Mgr Pierre Suon Hang Ly, vicaire apostolique coadjuteur de Phnom Penh, était au « grand pèlerinage d’espérance » avec d’autres délégués cambodgiens. Alors que ce pèlerinage asiatique touchait à sa fin, le 30 novembre dernier, il revenait sur cette rencontre aux enjeux majeurs pour les années à venir pour l’Église en Asie. Le premier jour du congrès, le cardinal Francis, évêque de Penang, a tenu à le saluer : « Nous avons ici le premier évêque khmer depuis des décennies ! »

Des pèlerins rassemblés le 29 novembre au soir dans la basilique Saint-Anne de Penang, Malaisie
Des pèlerins rassemblés le 29 novembre au soir dans la basilique Saint-Anne de Penang, Malaisie
© Social Communication Office Diocese of Penang

Pour Mgr Ly, si ce nouveau ministère l’impressionne un peu, il s’en réjouit aussi : « Cela montre que l’Église cambodgienne est en train de grandir. Autrefois, les missionnaires nous aidaient, nous donnaient des idées : comment travailler, évangéliser, organiser l’Église au Cambodge… Maintenant, il faut que nous-même, les Cambodgiens, devenions une Église qui puisse avancer par elle-même ! » Avant Mgr Ly, en 1975, était ordonné le premier évêque khmer, Mgr Joseph Chhmar Salas, qui est aujourd’hui proposé à la canonisation pour l’Église au Cambodge. Comme le confie Mgr Ly, l’Église locale a rassemblé les documents après dix ans d’enquête diocésaine.

En ce mois de décembre, ils devraient être envoyés à Rome. « Nous sommes très heureux de cette célébration que Mgr Schmitthaeusler a annoncée, et nous espérons que nos martyrs seront béatifiés rapidement », se réjouit l’évêque cambodgien. Alors qu’il est venu en Malaisie pour le premier congrès de la FABC depuis celui de 2006 en Thaïlande, il partage ses impressions : « J’ai découvert beaucoup d’idées qui peuvent m’encourager pour la mission au Cambodge. Je crois que ce congrès portera beaucoup de fruits qui pourront nous aider à cheminer ensemble, à travailler ensemble, pour évangéliser à la manière de l’Asie. »

Parmi les fruits de ce congrès, il songe en particulier à ce qu’a dit le cardinal Tagle : « Il faut que notre pèlerinage se dirige vers le Christ, qui est notre origine et aussi notre but. Il nous faut cheminer comme les rois mages qui se dirigent vers le Christ, et non comme Hérode. Donc il nous faut sortir de nos bureaux, de nos églises, pour rencontrer le Christ parmi les villages. » Mgr Ly se souvient d’une autre parole du cardinal philippin durant le congrès : « Si l’évêque envoie un prêtre à tel endroit, même dans un petite paroisse reculée, il ne faut pas qu’il réagisse en se croyant trop important pour un si petit village… ! Justement, on peut rencontrer le Christ dans ce petit village, on peut y évangéliser, c’est très bien aussi. »

Par ailleurs, pour Mgr Ly, ce congrès lui a permis de connaître un certain nombre de cardinaux, d’évêques, de prêtres, à travers de nombreuses sessions : « Je sens que cette Église nous fait travailler ensemble, en bonne amitié, comme une famille. En même temps, on nous encourage aussi à réfléchir sur la manière dont nous pouvons évangéliser en Asie, en cheminant ensemble, mais en prenant des voies différentes en raison d’une grande variété de cultures, de langues, de nationalités… Mais nous avons le Christ qui est au milieu de nous, qui nous permet de cheminer ensemble. »

Enfin, l’évêque coadjuteur de Phnom Penh espère que ce congrès encouragera tous les participants, évêques, prêtres et laïcs, à travailler ensemble et surtout à chercher « comment nous pouvons évangéliser, et marcher jusqu’à 2033, ce jubilé vers lequel le pape nous a demander de cheminer, pour que l’Église en Asie cherche le moyen d’évangéliser et re-évangéliser à travers toute l’Asie et dans le monde entier ».

Paul Kang, diacre permanent à Georgetown, Penang, Malaisie
Paul Kang, diacre permanent à Georgetown, Penang, Malaisie
© Social Communication Office Diocese of Penang

Paul Kang, diacre permanent, Malaisie : « Je me suis senti béni d’avoir pu participer à cela »

Paul Kang est diacre permanent du diocèse de Penang. Alors que le congrès missionnaire asiatique devait se dérouler dans son pays et sa région, il s’est réjoui d’avoir été sélectionné, et il y s’y est rendu sans aucune attente particulière. Il a d’abord répondu aux sollicitations qui demandaient aux centaines de délégués de prier : « Étant donné tous les efforts qui ont dû être déployés pour l’organiser et vu le nombre de personnes qui allaient consacrer beaucoup de temps et d’énergie pour y participer depuis l’Asie, j’ai apporté ma contribution en offrant un peu de soutien par la prière », confie le diacre, qui est au service de la paroisse de l’Assomption de Georgetown (Penang).

Durant le congrès, au programme très chargé durant quatre jours, deux discours d’ouverture l’ont particulièrement marqué : « Prendre un autre chemin comme pèlerins renouvelés d’espérance » par le cardinal Tagle et « Vivre et partager l’histoire de Jésus – en route vers 2033 en tant que peuples d’Asie » par le cardinal Pablo David. « Les deux cardinaux philippins ont captivé leur auditoire par l’aisance et la manière dont ils ont présenté les sujets qu’ils traitaient », explique Paul. Si ces deux discours l’ont marqué, c’est en raison de l’impact qu’ils ont eu sur lui, non pas parce qu’ils étaient brillamment présentés, mais principalement parce que leur contenu l’a touché et interpellé : « J’ai senti que ces deux sujets pouvaient potentiellement changer ma vie », ajoute-t-il.

« Le cardinal Tagle a insisté sur le fait que je devais toujours être ouvert à l’Esprit Saint en ce qui concerne mon propre cheminement. Je me suis senti enthousiasmé par les possibilités de vivre dans cette nuée d’incertitude, tout en étant averti de ne pas être un Hérode égocentrique et arrogant qui n’avait aucun intérêt à rendre hommage au messie à venir. » Les propos du cardinal David, bibliste, ont quant à eux rappelé un semestre que le diacre avait suivi il y a de nombreuses années au séminaire : « Un professeur d’Écriture sainte nous avait présenté un livre intitulé ‘La Bible comme littérature’, qui mettait fortement l’accent sur la compréhension de l’Ancien Testament comme une histoire. Le bon cardinal a attisé et ravivé les braises de cette histoire. »

Le diacre Paul Kang s'est dit touché par l'appel du cardinal Tagle.
Le diacre Paul Kang s’est dit touché par l’appel du cardinal Tagle.
© Social Communication Office Diocese of Penang

Après le congrès, ces deux sessions en particulier ont conduit le diacre malaisien à prier et méditer durant quelques heures. Il s’est aussi réjoui d’avoir assisté, avec d’autres diacres, aux quatre messes célébrées durant la rencontre. Alors que le diaconat permanent est à ce jour peu présent en Asie, plusieurs évêques asiatiques qui n’ont pas de diacres permanents dans leurs diocèses ont fait des commentaires positifs sur la possibilité de l’introduire. « Je me suis senti béni d’avoir pu participer à cela. »

« Avec plus de 200 évêques présents au congrès, celui-ci a été pour moi aussi intense que possible », conclut-il. « Mais j’ai été extrêmement touché par l’humilité et l’ouverture d’esprit des nombreux évêques et cardinaux que j’ai rencontrés au cours de ces quatre jours. Dans l’ensemble, ce congrès m’a bouleversé. »

Père Rikardus, missionnaire indonésien en Mongolie : « Nous sommes encore comme des nouveau-nés. Il y a tant de choses à faire ! »

Le père Rikardus Jaya Gabut, 33 ans, a été ordonné prêtre le 5 février 2025 en Indonésie. Missionaire CICM (Congrégation du cœur immaculé de Marie), une société basée en Belgique et présente dans 22 pays. Il appartient à la province asiatique (Mongolie, Hong-Kong, Chine, Taïwan, Japon, Indonésie, Singapour). Il est présent comme missionnaire en Mongolie depuis 2021.

En Mongolie, il y a 23 prêtres, et je pense que je suis le plus jeune ! Il y a aussi des sœurs qui ont différents apostolats comme des écoles, des orphelinats, le soin des personnes âgées, parmi beaucoup d’autres. Pour moi, être missionnaire en Mongolie, c’est vraiment quelque chose d’incroyable. Je viens d’un pays, l’Indonésie, où il y a beaucoup de catholiques, alors que la communauté mongole est très petite. J’ai aussi découvert un environnement si différent : alors que je viens d’un pays tropical, la Mongolie est confrontée à un climat très extrême.

Certains disent que ce sont des difficultés, mais je vois les choses différemment. Bien sûr, la Mongolie est très vaste avec très peu de fidèles, mais je vois cela comme une opportunité. Nous venons tout juste de commencer. L’Église y est toute nouvelle. Nous sommes encore comme des nouveau-nés. Il y a tant de choses à faire, nous pouvons explorer davantage pour y développer l’Église. Certains voient les difficultés, mais nous, missionnaires, nous voyons beaucoup d’opportunités. Cela dépend de notre créativité, et aussi du soutient de notre congrégation.

Père Rikardus, missionnaire indonésien en Mongolie
Père Rikardus, missionnaire indonésien en Mongolie
© Ad Extra

En venant de Mongolie, c’est une grande joie de voir des missionnaires d’autres pays, partageant des situations différentes rencontrées dans leurs ministères. Et plus important pour moi, puisque je suis venu avec deux Mongols, pour moi, c’est à eux d’ouvrir les yeux : nous sommes peu en Mongolie, mais nombreux dans le monde ! J’espère que cela les inspirera, et qu’il deviendront à leur tour des évangélisateurs auprès des autres.

Oui, nous sommes petits, mais voyez, en dehors de la Mongolie, nous sommes très nombreux. Cela peut encourager davantage de monde dans notre communauté. Pour moi, à l’écoute d’autres missionnaires ici, cela me donne un certain encouragement à ne pas laisser tomber. Il y a beaucoup à faire, c’est vrai, il y a des difficultés aussi, mais l’Église est toujours là.

La visite du pape François en Mongolie en 2023 nous a aussi donné de l’espoir. Cela a fait connaître l’Église en Mongolie, parce que les Mongols ne savent pas vraiment ce qu’est l’Eglise catholique. Ils ont pu voir avec sa venue que l’Église est quelque chose de grand. Sa visite a aussi réjoui le pays, parce que la Mongolie a fait la une des médias du monde entier à cette occasion. Cela nous encourage et nous fait espérer que, peu à peu, la société mongole ouvrira son esprit et son cœur pour nous accueillir.

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