Mindanao : un cardinal philippin dénonce une attaque à la grenade dans une chapelle
Mgr Orlando Beltran Quevedo, archevêque de Cotabato (ville principale de la région autonome Bangsamoro, au sud des Philippines sur l’île de Mindanao). © Missio Aachen / CC BY 3.0 DEEDLe 22/05/2024
Le cardinal Orlando Quevedo, archevêque de Cotabato, a dénoncé un attentat « sordide » et « sacrilège » après l’attentat du dimanche 19 mai dans une chapelle de Cotabato (Mindanao, au sud des Philippines), moins de six mois après l’attentat qui a fait quatre morts dans une chapelle de Marawi (Mindanao). Un représentant du gouvernement philippin a également déploré l’attaque en assurant qu’elle « ne ralentira notre détermination à bâtir une paix durable dans la région » après plusieurs décennies d’insurrection.
Le cardinal Orlando Quevedo, archevêque de Cotabato dans l’île de Mindanao dans la région autonome Bangsamoro, majoritairement musulmane, a dénoncé l’attaque à la grenade qui a eu lieu dimanche dernier dans une chapelle locale, causant deux blessés. L’attentat est survenu le jour du dimanche de Pentecôte dans la chapelle Santo-Niño de Cotabato, à environ 10h30. Cotabato fait figure de capitale régionale de la région Bangsamoro, qui a subi plusieurs attaques envers la liberté religieuse ces dernières années.
Le cardinal philippin, cité sur le site d’information de la Conférence épiscopale philippine (CBCP), a condamné un attentat « sordide ». Sur près de 20 fidèles qui assistaient à la messe de Pentecôte, deux d’entre eux ont été blessés durant l’attaque dont Maribel Abis, 46 ans, et Aniceta Tobil, une personne âgée. Les blessés ont été transportés immédiatement à l’hôpital. Selon les premières informations, aucun groupe n’a revendiqué l’attaque à la grenade. Toutefois, les médias locaux ont signalé deux hommes inconnus à moto, qui ont lancé la grenade dans la chapelle avant de s’enfuir. La police aurait identifié un suspect sans révéler son nom à ce jour, ni s’il est associé avec un groupe extrémiste.
Le cardinal a dénoncé l’attentat comme « un terrible acte sacrilège qui crie jusqu’au ciel ». « Ce crime est doublement condamnable en s’en prenant contre des voisins rassemblés pour prier Dieu dans un lieu sacré. J’en appelle à nos forces policières, militaires et d’investigation afin de poursuivre les coupables en justice », a-t-il ajouté.
« Cet acte n’éteindra pas notre détermination à bâtir une paix durable »
Un responsable du gouvernement philippin a également condamné l’attaque ce mardi 22 mai, selon les médias locaux. « Cet épouvantable acte de violence, qui a eu lieu le dimanche de Pentecôte, un jour d’importance significative pour les catholiques, s’attaque directement à l’engagement du peuple philippin à défendre la liberté religieuse et la coexistence pacifique, et méprise clairement la vie humaine », a dénoncé Carlito Galvez Jr., secrétaire en chef du Cabinet du conseil présidentiel sur la paix, la réconciliation et l’unité.
« Nous sommes aux côtés de la communauté catholique de la ville de Cotabato et de toute la région Bangsamoro à l’occasion de cette épreuve inattendue », a ajouté Carlito Galvez. « Soyez sûrs que cet acte terroriste, qui n’avait pas d’autre but que de semer la terreur, la haine et la méfiance, n’éteindra pas ni ne ralentira notre détermination à bâtir une paix durable, la confiance mutuelle et la solidarité dans la région Bangsamoro », a-t-il souligné.
« Travaillons tous ensemble pour prévenir de telles attaques à l’avenir, et pour contribuer à défendre un environnement pacifique, inclusif et harmonieux qui respecte les différentes confessions religieuses au sein de nos communautés. » Après l’attentat, il a également appelé les habitants de la région à rester vigilants et à « rapporter toute activité suspecte aux autorités compétentes ».
Une région autonome à Bangsamoro depuis 2018
Il y a seulement environ six mois, un attentat a eu lieu durant une messe au début de l’Avent, le 3 décembre 2023 dans la chapelle de l’Université d’État de Mindanao, dans la ville de Marawi (capitale de la province de Lanao del Sur, Bangsamoro), tuant quatre catholiques, étudiants pour la plupart. Le groupe État islamique a revendiqué l’attentat.
La ville de Cotabato est la ville la plus majoritairement musulmane aux Philippines et comptait 325 079 habitants en 2020. Au sein de la région autonome Bangsamoro, Cotabato est la principale ville commerciale de l’île de Mindanao. Depuis plusieurs décennies, plusieurs milliers de personnes ont déjà été tuées au cours du conflit meurtrier entre les militants islamiques et les militaires philippins.
En 2018, le groupe rebelle principal, le Front Moro islamique de libération (MILF), qui combattait en demandant une plus grande autonomie pour la région, a déposé les armes quand le gouvernement national a voté la loi organique Bangsamoro (ou loi fondamentale) afin d’établir une région autonome à Mindanao. Plusieurs combattants du MILF auraient abandonné le combat depuis. Toutefois, les médias ont signalé que beaucoup ont rejoint d’autres groupes extrémistes comme Abu Sayyaf, qui a prêté allégeance au groupe terroriste État islamique.
La pauvreté généralisée et le manque de développement dans la région sont cités parmi les causes de l’extrémisme croissant, malgré le fait que Mindanao soit connu dans le pays pour son secteur agricole prometteur et ses riches ressources naturelles. En 2021, plus de 26 % de la population de Mindanao, sur environ 24 millions d’habitants, étaient en situation de pauvreté, soit le taux le plus élevé dans le pays selon la Philippine Information Agency.
(Avec CNA et Ucanews)