Sri Lanka

Sri Lanka : en juin, plus d’une centaine de sanctuaires dédiés à saint Antoine attirent plusieurs milliers de pèlerins

Liyanage Roshani allume des cierges au sanctuaire Saint-Antoine de Kochchikade, au Sri Lanka. Liyanage Roshani allume des cierges au sanctuaire Saint-Antoine de Kochchikade, au Sri Lanka. © Ucanews
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L’Église catholique sri-lankaise compte plus d’une centaine d’églises dédiées à saint Antoine de Padoue, à travers les douze diocèses du pays d’Asie du Sud. Parmi ces sanctuaires, on compte celui de Kochchikade (Colombo), une des trois églises visées par les attentats du dimanche de Pâques 2019 – sans doute en raison de sa popularité particulière. Alors que le saint est fêté le 13 juin, de nombreux pèlerinages sont organisés tout au long du mois, attirant plusieurs dizaines de milliers de fidèles mais aussi de visiteurs de toutes confessions.

L’église Saint-Antoine de Kochchikade, bâtie au XIXsiècle dans l’archidiocèse de Colombo, est particulièrement connue parmi les plus de cent églises et sanctuaires catholiques dédiés à saint Antoine de Padoue dans les douze diocèses que compte le Sri Lanka. L’église de Kochchikade possèderait un petit morceau non corrompu de la langue du saint franciscain, connu pour son grand savoir théologique et ses prêches éloquents.

Alors que sa fête tombe chaque année le 13 juin, de nombreux sanctuaires sri-lankais organisent des pèlerinages annuels tout au long du mois, attirant plusieurs dizaines de milliers de fidèles – des chrétiens, mais aussi des bouddhistes, des hindous et des musulmans. Au sanctuaire de Kochchikade, les visiteurs sont nombreux à rechercher les bénédictions du saint face aux difficultés ou pour demander une grâce particulière.

Parmi eux, Liyanage Roshani, une mère catholique sri-lankaise âgée de 59 ans, a plusieurs raisons de croire que le saint peut apporter des solutions à beaucoup de problèmes, parfois de façon miraculeuse. Une dévotion qui l’amène toutes les semaines à participer à une messe spéciale célébrée au sanctuaire : « J’ai perdu mon travail, mon mari a dilapidé ma dot, mon fils a été gravement malade, j’ai perdu ma voiture, mais tout s’est finalement résolu pour moi. J’ai ouvert une nouvelle boutique et j’ai maintenant un bon revenu », explique-t-elle. « Pour exprimer ma gratitude, je tiens à visiter régulièrement le sanctuaire. »

Elle s’y rend depuis environ deux décennies. Durant ces visites, elle distribue des pains et des colis alimentaires aux pauvres. Elle offre aussi des fanions à l’effigie du saint, des petites statues, des images pieuses et des cierges en signe de gratitude au nom de sa famille. Comme elle, d’autres fidèles de toutes origines religieuses et sociales offrent également des chaînes en or, des vêtements pour les plus démunis. Ils font aussi des dons et participent à des activités caritatives en lien à leur dévotion au saint portugais.

Un lieu ciblé lors des attentats de 2019

Beaucoup estiment que la popularité du sanctuaire Saint-Antoine de Kochchikade en a fait une cible des attentats suicides qui ont frappé le Sri Lanka le jour du dimanche de Pâques 2019. Les terroristes affiliés à une organisation islamiste locale ont attaqué trois églises et trois hôtels de luxe, causant au moins 279 morts et plus de 500 blessés.

Un total de 54 catholiques sri-lankais a été tué dans l’église Saint-Antoine, durant la pire attaque contre les chrétiens qu’a connue le pays après la longue guerre civile qui a pris fin en 2009. Tandis que les blessures des attentats de 2019 restent ouvertes et que la justice tarde à se faire, les fidèles comme Roshani continuent d’affluer au sanctuaire. Une plaque commémorative portant les noms des victimes des atrocités d’il y a cinq ans se trouve dans l’église.

En juin, de nombreux catholiques sri-lankais ont visité les différents sanctuaires dédiés à saint Antoine dans le pays, comme Lucy Perera, âgée de 76 ans, qui a parcouru 212 km dans un véhicule loué pour se rendre de Negombo à Wahakotte, dans le diocèse de Kandy, en compagnie de douze pèlerins pour y visiter l’église Saint-Antoine. Elle s’y est rendue de nombreuses fois pour différentes intentions, dont les mariages de ses enfants, les examens de ses petits-enfants et autres problèmes liés à sa vie familiale et personnelle.

Ces festivités font partie intégrante des pratiques culturelles des catholiques sri-lankais

Durant les fêtes annuelles, les pèlerins qui se rendent aux sanctuaires de Kochchikade, de Wahakotte ou ailleurs participent aux nombreux temps forts spirituels, comme les neuvaines de prière, les messes et les processions de rue. Ils préparent aussi le traditionnel riz au lait qu’ils distribuent aux pauvres, et ils décorent les rues avec des lanternes et des pandals (des panneaux lumineux caractéristiques des fêtes bouddhistes au Sri Lanka, qui sont aussi utilisés par les catholiques).

Durant les processions solennelles, points culminants de la fête, les pèlerins de Kochchikade accompagnent un chariot portant une statue décorée du saint, en entonnant des prières et des hymnes. Le nom du saint franciscain se retrouve aussi dans les noms des familles, des rues, des écoles et des boutiques. Ainsi, il fait partie intégrante des pratiques culturelles des catholiques sri-lankais.

Dans les régions majoritairement catholiques comme Negombo, les statues de saint Antoine sont courantes à tous les coins de rue. Durant les pèlerinages, les églises et les sanctuaires dédiés au saint deviennent des lieux de rassemblement communautaire, avec des foires qui attirent plusieurs milliers d’habitants de toutes confessions. Le père Kamal Niroshan N. Fernando, curé de l’église Saint-Antoine de Weliveriya, dans la province de l’Ouest, explique que « comme les saints sont très proches de Dieu, ils peuvent intercéder pour nous et présenter vos demandes devant lui ».

(Avec Ucanews)