Un Japonais conduit vers le baptême par la mort de son fils et la foi de sa femme

Le 13/03/2025
L’histoire de la conversion d’Akira Doi, 53 ans, est liée à la foi de sa femme Jocelyn et à celle de leur fils Takumi, mort à 17 ans d’une tumeur au cerveau après cinq ans de coma. Comme le confie Akira, qui sera baptisé à Pâques, « ma première motivation, en demandant le baptême, c’est de pouvoir revoir Takumi après ma mort, dans le Royaume de Dieu auquel mon fils croyait ». Ce texte est issu d’une série de témoignages intitulée « le Christ appelle, les Asiatiques répondent », publiée tous les ans par l’agence Ucanews au moment du Carême.
Le fils d’Akira Doi, appelé Takumi, est mort à l’âge de 17 ans d’une tumeur au cerveau après avoir passé cinq ans dans le coma. Akira, âgé de 53 ans, désirait fortement retrouver son fils dans la Royaume de Dieu. Ce désir a été la principale motivation de sa demande de baptême en mai 2023 dans la paroisse catholique de la petite ville d’Obama, située dans l’extrême sud-ouest de la préfecture de Fukui (sur la côte de la Mer du Japon).
Akira, chef cuisinier, a rencontré sa femme Jocelyn (une Philippine âgée de 50 ans) dans un hôtel où tous deux travaillaient à Obama. Après leur mariage, ils ont emménagé dans un appartement situé à une minute à pied de l’église locale. Parmi leurs voisins se trouvait sœur Michiko Harada, des Sœurs de la Visitation, dont la communauté logeait dans le même immeuble. « Cela m’était égal que ma femme soit catholique. J’avais vu une statue du Christ qu’elle avait emmené en quittant les Philippines pour travailler au Japon, mais j’ai seulement pensé ‘elle est chrétienne’ sans y prêter attention », raconte Akira.
Le 8 avril 2006, leur fils Takumi est né. Avant qu’il atteigne son premier anniversaire, il a appris à ouvrir la porte de leur appartement situé au premier étage, et il rendait des visites quotidiennes aux religieuses qui étaient au 2e étage. Alors qu’il était dans une école maternelle gérée par une Église anglicane locale, sa mère et sœur Harada l’accompagnaient tous les matins jusqu’au bus scolaire.

À l’école primaire, Takumi était un garçon enthousiaste qui aimait apprendre, découvrir des instruments de musique, jouer avec ses amis, cuisiner… En plus de servir la messe et d’être lecteur à l’église d’Obama, il rendait service en arrosant les plantes et les arbres du jardin de la paroisse. Quand les Sœurs de la Visitation ont déménagé pour partir à Kyoto, Takumi faisait régulièrement le trajet de 50 minutes pour aller les voir. « C’est un enfant qui aimait l’Église », explique sœur Harada.
Takumi béni par le pape François au Tokyo Dome
Toutefois, en août 2018, alors qu’il entrait en sixième, il est soudainement tombé malade durant un camp, et les médecins ont diagnostiqué une tumeur au cerveau. Après une importante opération – qui a duré trois jours en septembre de la même année –, Takumi ne s’est pas réveillé. Malgré des opérations répétées, des chimiothérapies et de la radiothérapie, Takumi n’a jamais repris conscience, et il est décédé cinq ans plus tard, le 9 juin 2023.
Akira Doi est entré dans l’église d’Obama pour la première fois lors des funérailles de son fils. Il explique que depuis son enfance, il considérait les miracles comme de simples coïncidences, mais depuis le coma de son fils, il assure avoir vécu de nombreux « miracles ». « Par exemple, quand Takumi était inconscient après son opération, dès qu’il entendait son nom ou de la musique, il réagissait : on pouvait voir une activité cérébrale et il bougeait même un peu. »
Peu à peu, durant la convalescence de Takumi, Akira a commencé à prier tous les soirs avec sa femme, avec sœur Harada au téléphone, pour la guérison de son fils. En novembre 2019, sa femme Jocelyn a pu participer à une messe célébrée par le pape François au Tokyo Dome, dans la capitale. Avant la cérémonie, le Saint-Père a aperçu Jocelyn dans la foule, au milieu de plus de 50 000 fidèles et tendant une photo de Takumi qui avait alors 13 ans. Le pape lui a alors fait signe de s’approcher de lui avant de bénir son fils.
Akira se dit touché par cet épisode et de nombreuses rencontres semblables. « Même s’ils n’étaient pas de notre famille, ils priaient pour la guérison de Takumi, ils le soutenaient, et ils ont continué de le soutenir durant sa longue hospitalisation », raconte-t-il. Parmi ceux qui ont donné de l’argent pour les soins se trouvaient un détenu ainsi qu’un ordre religieux contemplatif.
« Ma première motivation, c’est revoir Takumi après ma mort »
L’événement au Tokyo Dome et toutes ces rencontres ont fini par convaincre Akira : « Ce qu’il s’est passé autour de mon fils, c’est une réalité irréfutable et un miracle. Ma première motivation, en demandant le baptême, c’est de pouvoir revoir Takumi après ma mort, dans le Royaume de Dieu auquel mon fils croyait. »
Cependant, la guérison n’a pas eu lieu, et le deuil d’Akira est toujours profond. Lors des obsèques au Japon, il est courant d’exposer une grande photographie du défunt, mais comme le père de famille le confie, « je ne peux toujours pas regarder sa photo des funérailles directement, je ne peux que la regarder de travers en désirant nier Dieu de toutes mes forces. »
Pourtant, en voyant sa femme pleurer près de lui et dire « Je ne peux plus croire en Dieu ! », il a compris que malgré tout ce qu’il s’était passé, sa femme continuait de prier avec toutes ses émotions, joie, colère et tristesse, et qu’elle reconnaissait toujours que « Dieu est proche ». Akira s’est senti très affecté par ce sentiment de proximité témoigné par Jocelyn, et par sa profonde confiance en la Vierge Marie. Ainsi, au cours des prières quotidiennes avec sa femme et sœur Harada, il a fini par développer une image de la Vierge « qui nous entoure de son amour universel et qui pardonne quelles que soient nos plaintes ».
Finalement, Akira témoigne : « J’ai fini par croire en Jésus, en Dieu qui pardonne tout. » « À compter de ce jour, je vivrai une partie de ma vie que je n’ai pas pu partager avec mon fils quand il est né, mais j’espère que désormais, je pourrais consacrer mon temps à vivre ma vie dans la foi. J’espère que mon fils est aujourd’hui dans un monde merveilleux, comme celui-ci où il a reçu l’amour de tant de gens. »
(Avec Ucanews, Junko Ito)