3e Colloque chrétien-taoïste : guérir un monde cdivisé à travers une culture de la rencontre

Des participants au 3e colloque chrétien-taoïste, organisé du 11 au 13 mars à l’Institut Yuen Yuen, un temple taoïste de Hong-Kong. Des participants au 3e colloque chrétien-taoïste, organisé du 11 au 13 mars à l’Institut Yuen Yuen, un temple taoïste de Hong-Kong. © Asianews
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Le troisième dialogue chrétien-taoïste s’est déroulé à Hong-Kong du 11 au 13 mars, après Taïwan en 2016 et Singapour en 2018. Cette édition, qui devait avoir lieu plus tôt, avait été repoussée durant la pandémie. Pour les organisateurs, l’objectif est toujours le même : « Fournir une plateforme qui permette aux chrétiens et aux taoïstes d’approfondir leur compréhension mutuelle, de mieux comprendre comment la discorde génère la douleur et la souffrance, et de travailler ensemble afin de guérir le monde fragmenté d’aujourd’hui. »

« En notre temps, alors que beaucoup se demandent si nous sommes au bord d’une troisième guerre mondiale, nous, fidèles et penseurs catholiques et taoïstes, avons participé au 3e colloque chrétien-taoïste du 11 au 13 mars 2024 à Hong-Kong », ont expliqué les organisateurs de cette rencontre de trois jours dans leur déclaration finale. L’évènement s’est déroulé sur le thème « Cultiver une société harmonieuse par le dialogue interreligieux » dans un temple taoïste de Hong-Kong (l’Institut Yuen Yuen, situé à Lo Wai, dans le district de Tsuen Wan).

Pour les organisateurs (le dicastère pour le Dialogue interreligieux en collaboration avec le diocèse catholique de Hong-Kong et à l’Association taoïste de Hong-Kong), ce troisième dialogue chrétien-taoïste « adresse un message fort à notre monde divisé d’aujourd’hui ». « Par un dialogue respectueux et constructif, nous pouvons éteindre les feux de la violence et des conflits et allumer une lueur de paix et d’harmonie. Nous sommes plus que jamais convaincus de la nécessité de continuer de parler, avancer et travailler ensemble », assurent-ils.

Des croyants et penseurs chrétiens et taoïstes de différents pays ont participé à la rencontre, notamment depuis Hong-Kong, la République populaire de Chine, la France, l’Italie, Taïwan, la Corée du Sud, la Malaisie, les Philippines, le Vietnam et Singapour. Des représentants des autorités hongkongaises étaient également présents durant la session d’inauguration du colloque.

Selon les organisateurs, comme les deux éditions précédentes (Taïwan en 2016 et Singapour en 2018), ce troisième colloque était destiné à « fournir une plateforme qui permette aux chrétiens et aux taoïstes d’approfondir leur compréhension mutuelle, de mieux comprendre comment la discorde génère la douleur et la souffrance, et de travailler ensemble afin de guérir le monde fragmenté d’aujourd’hui ».

« Retrouver la compassion, la justice, la simplicité, la solidarité et la générosité »

Le cardinal Stephen Chow, archevêque de Hong-Kong, avec des participants au 3e Colloque chrétien-taoïste.
Le cardinal Stephen Chow, archevêque de Hong-Kong, avec des participants au 3e colloque chrétien-taoïste. Crédit : Dicastère pour le Dialogue interreligieux

Les participants étaient invités, pour contribuer à « construire une société harmonieuse », à réfléchir et débattre sur les thèmes suivants : « Les fondements scripturaires chrétiens et taoïstes pour cultiver une société harmonieuse », « Cultiver l’harmonie à travers le culte et la liturgie », « le ‘Tao’ / la Voie, et le ‘De’ / la Vertu, dans le dialogue et la pratique », « la sainteté dans le taoïsme et le christianisme », « la transmission des valeurs et des croyances religieuses à l’ère de la mondialisation ».

Dans leur déclaration finale, les organisateurs ont souligné trois conclusions majeures qui sont ressorties de leurs échanges. Tout d’abord une culture de la « rencontre » : « Notre dialogue nous a aidés à rencontrer le mystère sacré de nos fois respectives à travers la connaissance de nos différents écrits, rituels, saints, sages et préceptes spirituels. Nos deux religions, à leur façon, cherchent à soulager l’anxiété du cœur humain. C’est pourquoi, devant le mystère divin inexprimable, nous devons rester ouverts d’esprit et humbles, en ouvrant nos cœurs et nos esprits. »

Ils invitent également à « s’éveiller ». Selon les participants chrétiens et taoïstes, pour que « nos patrimoines religieux respectifs soient crédibles, nous devons réveiller l’énergie spirituelle de nos fidèles pour qu’ils puissent cultiver une société harmonieuse ». « Pour que cela arrive, nous devons retrouver la compassion, la justice, la simplicité, la solidarité et la générosité », ajoutent-ils.

Enfin, ils appellent à « coopérer » : « À travers des actions caritatives et éducatives, nous pouvons coopérer afin de construire des ponts, détruire des murs et semer des graines d’amour, de respect et d’espérance. »

Matteo Ricci comme modèle de dialogue

De son côté, le cardinal Stephen Chow, archevêque de Hong-Kong, qui a participé à la rencontre, a confié à Vatican News que l’objectif du colloque était de « montrer que des religions peuvent s’unir et devenir des partenaires constructifs pour construire la société ». « Selon la vision de la religion taoïste, il s’agit de favoriser un mouvement du monde vers la paix et l’unité, où l’humanité et la Voie – nous dirions le ‘Verbe’ – soient liés », a-t-il expliqué, en espérant que ces échanges contribuent à ce que « la valeur et le sens de la religion soient mieux appréciés en Chine ».

Le cardinal hongkongais a ajouté que le christianisme et le taoïsme « partagent des valeurs comme la miséricorde, la simplicité et le fait de ne pas s’attacher aux réussites matérielles ». Il a invité à l’ouverture d’esprit sur les autres cultures et religions, en rappelant que « notre Église catholique reconnaît qu’elles aussi sont bénies par la révélation divine – bien qu’à différents degrés ». Il a également cité en exemple le père Matteo Ricci, missionnaire jésuite au XVIe siècle, considéré comme un « modèle de dialogue » entre la religion et la culture, pour avoir su « intégrer les spiritualités confucéennes, bouddhistes et taoïstes avec notre foi et notre spiritualité catholique ». « Ceci a suscité beaucoup d’admiration et de respect de la part du peuple et du gouvernement chinois », a-t-il assuré.

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