Corée du Sud

Les évêques sud-coréens demandent au nouveau président Lee Jae-myung de « lutter pour la paix et l’unité »

Les évêques sud-coréens ont appelé le nouveau président à se battre pour la paix et l’unité en Corée. Les évêques sud-coréens ont appelé le nouveau président à se battre pour la paix et l’unité en Corée. © news.cpbc.co.kr
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Dès le 4 juin, le lendemain du scrutin présidentiel sud-coréen qui a vu la victoire du candidat de centre-gauche Lee Jae-myung, la Conférence épiscopale et de nombreuses Églises locales ont envoyé leurs messages de félicitations en interpelant le nouveau chef d’État, après six mois de chaos social et politique. Mgr Mathias Ri Long-hoon, président de la Conférence épiscopale sud-coréenne (CBCK), et Mgr Pierre Chung Soon-taick, archevêque de Séoul, insistent particulièrement sur la paix intercoréenne et l’unité nationale.

Les évêques catholiques en Corée du Sud ont appelé le nouveau président élu Lee Jae-myung à lutter pour davantage d’unité dans le pays, en s’attelant particulièrement aux efforts de réconciliation avec la Corée du Nord. Le 21e président sud-coréen a débuté officiellement son mandat ce mercredi 4 juin, après avoir remporté 49,4 % des votes sur presque 35 millions d’électeurs, devant son rival conservateur Kim Moon-soo (qui a obtenu 41,1 % des voix). Le scrutin s’est déroulé ce mardi 3 juin après sept mois de crise politique, et avec une forte participation électorale (79,4 %).

La Corée du Sud a besoin d’un « dirigeant digne de confiance »

Alors que dès le 4 juin, des messages de félicitations ont été envoyés par toutes les Églises de Corée, Mgr Mathias Ri Long-hoon, président de la Conférence épiscopale sud-coréenne (CBCK) a félicité le nouveau chef d’État pour sa victoire en lui envoyant un message au nom des évêques et de l’Église en Corée du Sud. Il y exprime son espoir qu’à l’initiative de Lee Jae-myung, les deux Corées puissent se réconcilier « pour l’avènement de la paix dans la péninsule coréenne ».

Mgr Ri a également signalé que la nation a besoin d’un « dirigeant digne de confiance » qui « respectera les principes qui marchera sur le chemin de la justice et de la véritable paix, même au milieu des conflits et des divisions ». L’évêque a appelé le nouveau président à mener son peuple vers une nation « où tous les citoyens sont des maîtres de leur propre destin, où tous peuvent jouir de la même dignité et du même respect comme êtres humains » et où « le droit d’exprimer sa volonté en toute confiance est garanti ».

« Je prie Dieu ardemment pour qu’il accorde sa sagesse et son courage aux élus et à leurs collaborateurs qui débuteront leurs fonctions immédiatement, afin que tous les citoyens de notre pays deviennent ‘un’ et qu’ils jouissent du bonheur véritable », a-t-il ajouté.

À Séoul, Mgr Chung évoque une « lourde responsabilité »

Mgr Pierre Chung Soon-taick, archevêque de Séoul, qui est également administrateur apostolique du diocèse de Pyongyang en Corée du Nord, a envoyé un message au nouveau président en soulignant que sa victoire place sur ses épaules une « lourde responsabilité ». « Cette élection était une occasion pour notre société, malgré les profondes confusions et divisions qu’elle traverse, de défendre le processus démocratique dans l’objectif d’atteindre une conscience civique plus mûre », a-t-il souhaité, en lui demandant d’unifier la nation et de diriger le gouvernement de manière responsable.

« Le choix du peuple ne fait pas qu’apporter un soutien électoral ; c’est un résultat qui contient les attentes d’une nouvelle ère et les fermes espérances d’une meilleure communauté », a-t-il insisté en évoquant le contexte de crise politique et sociale qui se prolonge depuis plusieurs mois dans le pays. « J’espère sincèrement que le président sera le premier à montrer un exemple de retenue et d’écoute », a-t-il poursuivi. « Comme un chef qui construit des ponts, et non des murs, j’espère que vous restaurerez la confiance sociale et que vous ferez de votre mieux pour le bien commun. Je prie pour que les voix des gens ordinaires soient prises en compte dans chaque décision que vous prendrez à l’avenir », a-t-il conclu en le félicitant à nouveau et en espérant que « la sagesse, le courage et la volonté de poursuivre la paix seront toujours avec vous ».

Six mois de chaos politique et social

La large victoire du nouveau président Lee sur son rival Kim, membre du parti de l’ex-président déchu Yoon Suk Yeol (le Parti du peuple au pouvoir), survient seulement un mois après le début de la campagne électorale en mai, après six mois de chaos politique provoqué par la tentative de promulgation de la loi martiale de l’ex-président le 3 décembre 2024. Une tentative de coup d’État qui a provoqué sa destitution en avril dernier, dans un contexte fortement tendu entre ses partisans et ses opposants.

Cette destitution fait de lui le deuxième président sud-coréen conservateur consécutif à être chassé de ses fonctions après la présidente Park Geun-hye en 2017. Après sa tentative en décembre dernier, il s’était expliqué en évoquant la menace de la Corée du Nord et des « forces contre l’État ». Plus de 280 soldats et 24 hélicoptères étaient arrivés au Parlement pour tenter de fermer le site après ces déclarations surprenantes.

L’actuel président Lee se trouvait parmi les 190 parlementaires qui avaient défié les troupes armées afin de forcer l’entrée du Parlement pour voter la levée de la loi martiale, ce qui avait forcé Yoon à se rétracter. Lee Jae-myung, qui a pris ses fonctions immédiatement sans l’habituelle période de transition (qui suit traditionnellement les élections présidentielles sud-coréennes), se retrouve désormais à la tête d’une nation qui fait face à de nombreux défis.

La Corée du Sud est notamment confrontée à une croissance fortement ralentie et à une guerre commerciale globale, ainsi qu’à des inquiétudes croissantes sur des liens militaires entre Pyongyang et Moscou, deux puissances nucléaires. Sans son discours inaugural, Lee a appelé les Sud-Coréens à « avancer avec espérance et à repartir de zéro à compter de ce jour », en promettant de « rechercher le dialogue, la communication et la coopération » avec la Corée du Nord.

Sources : Catholic Times of Korea, Ucanews, cbck.or

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