Crise diplomatique entre Tokyo et Pékin : 32 % des billes d’avion chinois à destination du Japon annulés
L’entrée du quartier chinois de la ville japonaise de Kobe, où l’on trouve une des communautés chinoises les plus importantes de l’archipel.
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Le 19/11/2025
Le 7 novembre, la Première ministre japonaise Sanae Takaichi avait déclaré qu’une attaque chinoise de Taïwan pourrait constituer une menace justifiant une intervention du Japon, suscitant la colère de la Chine. La crise diplomatique s’est envenimée ces derniers jours, malgré une réunion à Pékin entre de hauts responsables des ministères des Affaires étrangères des deux pays. Ce week-end, le nombre d’annulations de voyages touristiques de la Chine vers le Japon a atteint les niveaux enregistrés au début de la pandémie de Covid-19.
Les tensions entre la Chine et le Japon restent vives, déclenchées par les récentes déclarations de la Première ministre japonaise Sanae Takaichi sur la question de Taïwan. Une réunion entre de hauts responsables chinois et japonais à Pékin n’a pas suffi à apaiser cette nouvelle crise diplomatique, Tokyo ayant rejeté la demande de Pékin de retirer ces déclarations, selon une source du ministère japonais des Affaires étrangères.
Masaaki Kanai, chef du bureau des affaires asiatiques et océaniennes du ministère japonais des Affaires étrangères, s’est entretenu ce mardi 18 novembre avec son homologue chinois, Liu Jinsong, afin de tenter d’apaiser la crise diplomatique qui commence à avoir des répercussions sur les échanges de personnel entre les deux voisins asiatiques, ainsi que sur le tourisme, l’éducation et le secteur du divertissement.
Mme Takaichi, connue pour sa position ferme à l’égard de la Chine et son soutien à Taïwan, a déclaré le 7 novembre devant une commission parlementaire qu’une attaque militaire chinoise contre l’île revendiquée par Pékin pourrait constituer une « menace pour la survie » du Japon, ce qui pourrait lui permettre d’exercer son droit à la légitime défense collective.
491 000 annulations de billets chinois vers le Japon
Dans le cadre de sa réponse ferme, le gouvernement chinois a exhorté ses citoyens à éviter de se rendre au Japon et a demandé à ceux qui envisagent d’y étudier de bien réfléchir, invoquant des risques pour la sécurité.
Cette recommandation intervient alors que des milliers de jeunes Chinois se sont récemment rendus dans les universités de Tokyo, en partie en raison du durcissement des réglementations en matière de visas aux États-Unis.
Par ailleurs, depuis samedi dernier, les compagnies aériennes chinoises ont enregistré environ 491 000 annulations de billets pour le Japon, soit environ 32 % de leurs réservations totales vers cette destination très prisée des touristes chinois, après que Pékin ait conseillé à ses citoyens d’éviter de s’y rendre en raison du différend diplomatique.
Le pourcentage de vols concernés a bondi à 82,14 % dimanche et à 75,6 % lundi, selon l’analyste indépendant Li Hanming, qui cite des données couvrant toutes les compagnies aériennes basées en Chine continentale.
« Les annulations de billets d’avion (dimanche) ont été 27 fois supérieures aux nouvelles réservations, ce qui montre que les préoccupations en matière de sécurité sont le facteur dominant pour les voyages », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il n’avait pas vu d’annulations de cette ampleur depuis début 2020, lorsque les infections au Covid-19 avaient augmenté rapidement à la fin de la période des voyages du Nouvel An chinois.
Le premier ministre chinois refuse de rencontrer son homologue japonaise
Pour sa part, le ministre japonais de l’Éducation, Yohei Matsumoto, a exhorté les étudiants japonais en Chine à être vigilants en matière de sécurité.
Selon le ministère japonais de l’Éducation, 3 391 enfants et étudiants fréquentent les écoles japonaises en Chine, tandis que 3 133 fréquentent l’université, selon les données les plus récentes de 2023.
M. Matsumoto a cité des incidents passés au cours desquels des enfants ont été tués ou blessés dans des écoles japonaises en Chine. « Nous devons éviter à tout prix une telle situation. Nous voulons nous assurer que toutes les mesures possibles sont prises », a-t-il déclaré.
Enfin, en réponse à une déclaration chinoise selon laquelle le Premier ministre Li Qiang n’a pas l’intention de rencontrer la Première ministre Sanae Takaichi lors du sommet du G20 qui se tiendra ce week-end en Afrique du Sud, le secrétaire général du gouvernement japonais, Minoru Kihara, a déclaré : « La partie japonaise est ouverte à la tenue de divers dialogues entre le Japon et la Chine », en ajoutant que « rien n’a été décidé concernant les réunions avec les différents pays à l’occasion du G20 ».
(Avec Asianews)