Thaïlande

La Commémoration des défunts et le culte des ancêtres en Thaïlande

Des fidèles thaïlandais déposent des bougies au cimetière de Tha Rae (province de Sakon Nakhon, dans le nord-est de la Thaïlande). Des fidèles thaïlandais déposent des bougies au cimetière de Tha Rae (province de Sakon Nakhon, dans le nord-est de la Thaïlande). © Diocèses de Thare-Nongseng et de Chiang Mai
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Le 2 novembre, de nombreux habitants de la région de Tha Rae, dans le nord-est de la Thaïlande, célèbrent la Commémoration des défunts comme « le jour de l’allumage des bougies » (วันจุดเทียน). À cette occasion, des messes sont célébrées pour les défunts dans les cimetières catholiques du pays, auparavant nettoyés et ornés de fleurs multicolores et de bougies. De nombreux fidèles étant d’origine chinoise, ceux-ci sont souvent marqués par le culte des ancêtres, avec un respect particulier pour les défunts de leur famille.

Tous les ans au lendemain de la Toussaint, les catholiques thaïlandais célèbrent, comme dans toute l’Église catholique, la Commémoration de tous les fidèles défunts, fêtée le 2 novembre. Ce jour de commémoration n’étant pas férié dans le pays d’Asie du Sud-Est, les fidèles thaïlandais ne visitent les cimetières qu’au cours du premier week-end du mois de novembre. Des messes pour les fidèles défunts sont célébrées dans les cimetières catholiques du pays, auparavant nettoyés et ornés de fleurs multicolores et de bougies.

À Tha Rae, la plus grande communauté chrétienne dans le nord-est de la Thaïlande, voire du pays, le jour des défunts tient une place importante. Il s’agit d’une partie du diocèse de Thare et Nonseng, dans la province de Sakon Nakhon. Dans la région, la fête des morts est également connue comme « le jour de l’allumage des bougies » (วันจุดเทียน) par les autochtones.

Le « jour de l’allumage des bougies » (Jour des défunts) à Tha Rae.

L’ambiance paraît aussi solennelle que festive. Dès le vendredi soir, les croyants se rendent au cimetière de la ville pour déposer des fleurs (telles que des roses, des roses d’Inde, des chrysanthèmes, etc.) et des bougies sur les tombeaux de leurs ancêtres tout en participant à la messe en mémoire des défunts de leurs familles.

Ce jour-là, ils sont invités à se confesser et à prier pour le repos de leurs morts. À l’entrée du cimetière se trouve également un marché où d’innombrables marchands proposent des variétés de fleurs et des bougies pour ceux qui n’auraient pas pu en préparer. De loin, la lumière et les chants religieux attirent souvent des non-croyants curieux dans les cimetières.

Les catholiques sino-thaïlandais souvent marqués par le culte des ancêtres

Une grande partie des catholiques thaïlandais, en particulier dans le centre du pays (notamment à Bangkok, Nakhon Pathom et Ratchaburi), sont d’origine chinoise. Ils sont donc souvent marqués par le culte des ancêtres. Pour les catholiques sino-thaïlandais, la relation avec les ancêtres n’est donc pas coupée malgré la mort. Le respect des membres décédés de la famille continue au-delà de la mort.

Un cimetière catholique à Chiang Mai.

Pourtant, ils ont conscience que c’est à travers le mystère de la Communion des saints qu’ils sont en lien avec leurs ancêtres. Ainsi, le respect des ancêtres ne s’oppose pas à la foi catholique. Le soir de la Commémoration des fidèles défunts, les catholiques sino-thaïs, comme les autres catholiques thaïlandais, déposent des fleurs et des bougies sur les tombeaux de leurs ancêtres, mais ils apportent en plus des offrandes de nourriture et de boissons. En général, il s’agit des plats préférés de leurs ancêtres de leur vivant.

Dans certaines paroisses, la cérémonie se déroule en journée. Les croyants se retrouvent près des tombeaux familiaux et récitent le chapelet ou de simples prières pour les défunts avant de participer à la messe, également célébrée dans le cimetière. À l’issue de la célébration, le prêtre asperge les tombes d’eau bénite. Dans la capitale, les croyants peuvent aussi être invités à apporter des photos des défunts de leur famille, afin de permettre aux fidèles citadins forcés de rester à Bangkok ou à ceux dont la famille n’est pas catholique d’honorer leurs ancêtres dans leur paroisse.

Le portrait de Wanchalearm Satsaksit (à droite), un militant pro-démocratie porté disparu à Phnom Penh (Cambodge).

Par ailleurs, certains jeunes catholiques thaïlandais voient aussi dans cette journée une occasion de faire commémoration des victimes de disparition forcée dans le pays. Ainsi, des portraits d’activistes portés disparus ont été affichés durant la messe des défunts dans une église de Bangkok, et une messe pour « les personnes portées disparues » a été demandée. Il est certain que depuis les manifestations étudiantes pro-démocratie de 2020, les jeunes catholiques thaïlandais sont plus sensibles aux droits de l’homme et attendent des actions plus concrètes de la part de l’Eglise catholique en Thaïlande dans le domaine politique et social.

(EDA / Tanya Leekamnerdthai)