Sri Lanka

« Justice sera rendue » assure le nouveau président sri-lankais aux familles des victimes des attentats de Pâques 2019

Le 23 septembre, le nouveau président sri-lankais Anura Kumara Dissanayake a rencontré des familles de victimes dans l’église Saint-Sébastien de Negombo. Le 23 septembre, le nouveau président sri-lankais Anura Kumara Dissanayake a rencontré des familles de victimes dans l’église Saint-Sébastien de Negombo. © Asianews / Melani Manel Perera
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Le nouveau président du Sri Lanka, Anura Kumara Dissanayake, a rencontré des familles de victimes dans l’église Saint-Sébastien de Negombo, où près de cent personnes sont décédées dans les attentats du 21 avril 2019. Les pressions exercées depuis cinq ans par les catholiques sri-lankais, qui continuent de demander la vérité sur les attaques, ont influencé les dernières élections. Les enquêtes doivent être accélérées selon les autorités. Le cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo, a fait part de son soutien.

Le nouveau président sri-lankais Anura Kumara Dissanayake, qui a prêté serment le lundi 23 septembre dernier, a rencontré des proches de personnes tuées et blessées durant les attentats du dimanche de Pâques 2019, dans l’église Saint-Sébastien de Katuwapitiya, à Negombo.

Durant cette rencontre, il a répété que les enquêtes en cours sur les attaques seront accélérées, et que des mesures seront prises afin d’assurer qu’une telle tragédie ne se reproduise jamais dans le pays. Sur un des sites des attentats survenus il y a cinq ans, il a assuré que « justice sera rendue aux victimes », alors que les attaques ont causé un total de 258 morts de 16 différentes nationalités.

Le président Dissanayake a visité l’église de Negombo le dimanche 6 septembre au matin. Dans le sanctuaire, il a déposé une offrande de fleurs devant un mémorial érigé en mémoire de près d’une centaine de victimes tuées dans cette église en 2019. La communauté locale lui a également offert un cadeau en mémoire de cette rencontre. Des proches de victimes lui ont partagé leurs inquiétudes et leurs difficultés. De son côté, il a souligné que les attaques de 2019 sont la pire tragédie de l’histoire récente du Sri Lanka, et qu’elles ne seront pas oubliées avant longtemps.

Le président Dissanayake et le cardinal Ranjith devant le mémorial érigé en mémoire de près d’une centaine de victimes tuées dans l’église de Negombo.
Le président Dissanayake et le cardinal Ranjith devant le mémorial érigé en mémoire de près d’une centaine de victimes tuées dans l’église de Negombo.
© Asianews / Melani Manel Perera

« Ce serait une plus grande tragédie encore »

Il a fait part de sa conviction qu’un des facteurs clés qui ont influencé les décisions des gens durant les dernières élections présidentielles a été « leur espérance de justice concernant les attaques du dimanche de Pâques ». Il a aussi expliqué que les aspirations des citoyens correspondent aux signes, en soulignant que son but est d’apporter la justice et l’équité que recherchent les Sri-Lankais à propos des attentats. Pour cela, il a assuré que « des efforts ont déjà été entamés ».

Anura Kumara Dissanayake a aussi évoqué l’importance de mener des enquêtes sans conclusions ou opinions préconçues. Il a expliqué avoir demandé au ministre de la Sécurité publique d’assurer une enquête transparente et impartiale, guidée par l’ouverture et l’objectivité. Il a parlé d’une croyance répandue dans la société sur les attaques, qui auraient été menées pour obtenir un avantage politique. Selon lui, si des centaines de vies innocentes ont effectivement été sacrifiées à des fins politiques, ce serait une plus grande tragédie encore. Il a ajouté que si la politique au Sri Lanka a atteint de tels extrêmes, la priorité doit être d’éliminer cette dangereuse situation.

Les prêtres sri-lankais salués pour leur rôle après les attentats

Le président a également souligné les suspicions croissantes sur la possible implication de l’appareil gouvernemental de l’époque dans les attaques. Par conséquent, les nouvelles enquêtes à venir doivent aussi porter sur les responsabilités éventuelles au sein du gouvernement. Si de telles suspicions s’avèrent exactes, il a averti que le pays restera dans une situation dangereuse d’instabilité et d’insécurité. C’est pourquoi il est selon lui plus important que jamais de découvrir la vérité derrière les attentats.

Le dirigeant sri-lankais a insisté en assurant que la justice devait être rendue aux victimes de cette tragédie, en honorant l’amour et la dévotion de leurs familles. Il a notamment mis en valeur le rôle joué par les prêtres catholiques au Sri Lanka, qui ont contribué à prévenir une catastrophe sociale encore plus grave que ce qui s’est passé après les attaques. Le président les a remerciés une nouvelle fois pour leurs initiatives. Il a aussi noté qu’au cours des cinq dernières années, ceux qui se sont rassemblés dans les rues le 21 avril chaque année – pour demander la vérité à l’occasion de l’anniversaire de la tragédie – étaient poussés par leur soif de justice, qui les a encouragés d’année en année.

Soutien du cardinal Ranjith

L’archevêque de Colombo, le cardinal Malcolm Ranjith, qui a également pris la parole durant l’évènement, a souligné que malgré l’appel lancé au Conseil des droits de l’homme à Genève, afin d’obtenir justice pour les victimes, aucune solution n’a été trouvée. Il a également remarqué que si le gouvernement a collaboré pour fournir le soutien nécessaire aux victimes, l’opinion publique continue de mettre en doute la version officielle sur ce qui a causé les attentats, à savoir le lien avec le jihad qui a conduit à l’arrestation de sept citoyens sri-lankais affiliés au groupe terroriste islamiste National Thowheeth Jama’ath.

Le cardinal Ranjith a exprimé son soutien au nouveau président Anura Kumara Dissanayake, en reconnaissant la confiance que les Sri-Lankais ont placée en lui et en son intégrité. L’archevêque de Colombo a ajouté qu’il est convaincu que le président respectera sa promesse de justice.

(Avec Asianews, Melani Manel Perera)