Asean : depuis Kuala Lumpur, l’agenda des 20 prochaines années en Asie du Sud-Est

Le 28/05/2025
Le sommet de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) s’est tenu les 26 et 27 mai à Kuala Lumpur. La déclaration adoptée à la suite de la rencontre décrit une série d’objectifs pour 2045 afin de renforcer le rôle de l’organisation régionale. Sur le conflit en Birmanie, les dirigeants des pays d’Asie du Sud-Est ont appelé à prolonger la trêve temporaire (en réalité largement non respectée). La question des droits de douane a également été un des sujets majeurs du sommet, ainsi que la coopération trilatérale avec Pékin et les pays du Golfe.
Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim a salué la Déclaration de Kuala Lumpur « Asean 2045 : notre avenir commun » comme un tournant dans le parcours de l’Asie du Sud-Est. En s’adressant aux dirigeants régionaux lors de la cérémonie de signature du 46e Sommet de l’ASEAN qui s’est tenue au Centre des congrès de Kuala Lumpur, le chef d’État a souligné l’importance d’aligner la vision de l’organisation régionale sur les réalités vécues par les quelque 700 millions de citoyens de la région. « Cela signifie combler les écarts de développement, élever le niveau de vie et investir dans l’esprit humain et le potentiel de tous nos citoyens », a-t-il déclaré.
Une feuille de route sur 20 ans
En tant que président tournant pour 2025, Anwar a signé la déclaration avec les chefs de gouvernement des dix États membres de l’Asean. La Birmanie était représentée par Aung Kyaw Moe, secrétaire permanent du ministère des Affaires étrangères, tandis que le Premier ministre du Timor oriental, Xanana Gusmao, était également présent en tant qu’observateur – le pays a obtenu le statut d’observateur en 2022 et se trouve en bonne voie pour devenir le 11e État membre.
La Déclaration de Kuala Lumpur lance officiellement une feuille de route pour le de développement à long terme du bloc régional. Celle-ci s’appuie sur l’héritage de l’initiative « ASEAN 2025 : Façonner l’avenir ensemble » et élargit ses fondations avec des ambitions plus audacieuses pour les décennies à venir.
Les principaux objectifs comprennent l’augmentation des opportunités d’emploi et de la mobilité de la main-d’œuvre, ainsi que l’expansion du numérique, de l’innovation et les économies vertes et maritimes. Le programme comprend également des engagements visant à simplifier le commerce transfrontalier, à accroître l’utilisation des monnaies locales et à renforcer les systèmes de santé.
Birmanie
Outre les objectifs nationaux, la déclaration adoptée à Kuala Lumpur vise à positionner l’Asean comme une voix crédible et unifiée sur les questions mondiales urgentes telles que le changement climatique, la gouvernance économique et les menaces sécuritaires. Sur la question du conflit en Birmanie, depuis Kuala Lumpur, les dirigeants des pays d’Asie du Sud-Est ont ainsi appelé toutes les parties à prolonger la trêve temporaire (en réalité largement non respectée) et à instaurer la confiance afin de permettre un véritable dialogue, « dans le but de parvenir à une résolution pacifique durable de la crise », a déclaré l’organisation dans un communiqué.
Droits de douane
Quant au sujet brûlant des tarifs douaniers, annoncés puis gelés par les États-Unis et qui menacent particulièrement les pays d’Asie du Sud-Est, Anwar Ibrahim a annoncé avoir écrit au président Donald Trump pour demander une réunion entre les États-Unis et l’Asean afin de résoudre le problème. « C’est une question qui touche non seulement à nos aspirations, mais aussi à nos responsabilités », a-t-il déclaré, ajoutant que l’avenir de l’organisation dépend d’une « croissance équitable et durable et d’une résilience durable ».
Chine et pays du Golfe
Par ailleurs, à la suite du sommet de l’Asean, Kuala Lumpur a aussi évoqué une autre rencontre qui s’est tenu ces jours-ci dans la capitale malaisienne : un sommet trilatéral auquel participait l’Asean aux côtés du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et de la Chine. Les dix pays membres d’Asie du Sud-Est – qui représentent un PIB total dépassant les 3 800 milliards de dollars – ont en effet la Chine comme premier partenaire commercial et considèrent les pays du Golfe comme un moteur important de leur croissance. D’où ces discussions trilatérales qui visent à promouvoir de nouvelles stratégies d’investissements durables, de collaboration dans les infrastructures et d’intégration de l’économie numérique.
Source : Asianews/Joseph Masilamany