Autrefois au bord du suicide, un jeune fait partie des 1 700 baptisés à Pâques en Malaisie
Christ Church, une église de Malacca, Malaisie. François Ahleong et 1 700 catéchumènes ont été baptisés durant la nuit de Pâques 2024 en Malaisie. © deviantart.com / creativecommons (CC BY-NC-SA 3.0 DEED )Le 06/04/2024
François Ahleong, un jeune malaisien de 27 ans, s’est un jour tenu sur le balcon de son appartement au 3e étage, à Petaling Jaya (une banlieue de Kuala Lumpur, la capitale, malaisienne), particulièrement désespéré et dans l’intention de sauter dans le vide. C’était il y a trois ans, et François fait aujourd’hui partie des 1 700 catholiques malaisiens qui ont été baptisés durant la vigile pascale 2024 : « J’étais déprimé, je voulais me suicider », confie le jeune homme.
C’était en août 2020, en plein milieu d’un confinement national dû au Covid-19. À l’époque, il travaillait pour une boutique d’équipement de plongée sous-marine, dans un centre commercial situé près de la capitale malaisienne. Le confinement a entraîné la fermeture temporaire forcée de la boutique, comme de nombreux autres commerces. Son salaire a également été réduit de 10 % en raison de cette situation.
La baisse de son revenu, le manque de socialisation et l’angoisse qui les accompagnaient l’ont presque poussé à sauter de son balcon. Mais alors qu’il s’apprêtait à passer à l’acte, il raconte avoir entendu « une voix qui me disait de m’éloigner du balcon, de rentrer à l’intérieur et de lire ma bible ». « Je ne sais pas si c’était Dieu ou un ange », poursuit-il. Même s’il n’était pas baptisé, François Ahleong connaissait la Bible car il a grandi à Tamparuli, un village majoritairement chrétien de la province de Sabah, dans l’île de Bornéo. La majorité des trente familles habitant le village sont catholiques, et quelques autres familles sont protestantes.
« Cette envie de me tuer a disparu »
Ses parents sont nés catholiques mais ne pratiquaient pas. Ils ont appelé leur fils François, mais il n’a pas reçu le baptême. Son village natal se trouve dans les montagnes de Sabah, à environ 40 minutes de route du mont Kinabalu, le sommet le plus élevé de Bornéo. La plupart des villageois gagnent leur vie en louant du matériel de camping pour les touristes qui viennent dans la région. D’autres sont de petits exploitants de caoutchouc ou des producteurs de légumes.
Dans son village, François Ahleong vivait avec sa tante maternelle et son mari, qui est le chef du village et un catéchiste de la paroisse Saint-Pie-X, qui dépend de l’archidiocèse de Kota Kinabalu. Ils l’emmenaient régulièrement à l’église pour assister à la messe quand il était adolescent. « Ils sont comme des parents pour moi. Ils m’ont demandé si je voulais me faire baptiser, mais j’ai dit non », confie-t-il. « Même si j’allais avec eux à l’église, je n’apprenais pas beaucoup de choses sur la foi. »
Toutefois, il lisait régulièrement les lectures de la messe du jour en ligne. Il voulait comprendre leur contexte et il a acheté une bible quand il s’est rendu à Petaling Jaya pour travailler en 2017. Le jour où il était au bord du suicide, après avoir quitté son balcon, il est rentré chez lui, il a pris sa bible et s’est mis à lire. Depuis, « cette envie de me tuer a disparu ». Mais il y avait encore quelque chose qui le troublait au fond de lui, même après la levée du confinement et la reprise de son travail.
« Je voudrais devenir catéchiste comme mon oncle »
C’est alors que sa petite amie, également originaire de Sabah, lui a proposé de l’accompagner aux cours de catéchisme dans l’église Saint-Ignace, près de chez lui. « Elle m’a dit d’y aller. Elle a dit que j’y ferais de nouvelles rencontres et que c’était mieux que d’être seul. » François Ahleong ajoute qu’il s’est senti en paix quand il a commencé le rite de l’initiation chrétienne des adultes (RICA) en 2023.
Son amie est catholique baptisée et confirmée. « Elle veut que nous soyons catholiques tous les deux, ainsi que nos futurs enfants. » Le facilitateur du programme de catéchuménat pour la paroisse, Eric Fernandez, explique que François Ahleong a « soif de connaître le Christ », même s’il a manqué quelques sessions à cause de son travail – il n’a qu’un jour de libre par semaine, le lundi, et travaille douze heures par jour jusqu’à 22 heures. Les sessions ont lieu le dimanche après-midi.
Selon Mary Thien, de la paroisse Saint-Ignace, près de trente personnes ont été baptisées et confirmées dans l’église de Petaling Jaya depuis 2017. La plupart sont des protestants ou des enfants de catholiques qui s’étaient éloignés de la foi. Les diocèses malaisiens ont des apostolats en différentes langues – chinois, tamoul et malais – afin de proposer le rite de l’initiation dans ces trois langues, en plus de l’anglais, et tous les catéchumènes sont baptisés ensemble. François Ahleong a suivi le programme en malais.
Il fait partie des 1 700 catéchumènes qui ont reçu le baptême durant la vigile pascale cette année, dans les neuf diocèses et archidiocèses malaisiens. Quand il aura atteint la fin de son contrat de travail en décembre prochain, François prévoit de rentrer dans son village pour ouvrir un commerce alimentaire. « Je voudrais aussi devenir catéchiste comme mon oncle », ajoute-t-il.
(Avec Ucanews)