Birmanie : la cathédrale Saint-Patrick de Banmaw détruite le 16 mars par la junte

Le 19/03/2025
Ce dimanche 16 mars vers 16 heures, la cathédrale Saint-Patrick de Banmaw, située au nord l’État Kachin (dans le nord de la Birmanie), a été incendiée et détruite par des soldats de la junte militaire. L’attaque a eu lieu la veille de la saint Patrick, fête patronale de la paroisse birmane. Le presbytère, les bureaux du diocèse de Banmaw et un lycée adjacent avaient déjà été incendiés le 26 février.
Des soldats de la junte militaire birmane ont incendié la cathédrale Saint-Patrick de Banmaw, le 16 mars dans l’État Kachin (au nord de la Birmanie). L’édifice a été complètement détruit par l’attaque, qui a eu lieu ce dimanche vers 16 heures heure locale, la veille de la fête de la saint Patrick.
Le presbytère, les bureaux du diocèse de Banmaw et un lycée adjacent avaient également été incendiés le 26 février dernier. Une source locale s’est confiée de manière anonyme à RFA en évoquant une attaque précédente, le 26 février dans le village : « La seule chose qu’ils avaient laissé était l’église, mais ils sont revenus pour l’incendier. »
Le diocèse de Banmaw, créé en 2006 et mené par Mgr Raymond Sumlut Gam, est limitrophe de la Chine à l’est et couvre une zone montagneuse de 10 740 km². Avant la guerre civile actuelle, il était habité par une population civile de plus de 407 000 personnes (dont près de 27 000 catholiques), appartenant à différents groupes ethniques.

Banmaw est bordé par le diocèse de Myitkyina au nord-ouest, et par l’archidiocèse de Mandalay et le diocèse de Lashio au sud. La majorité des catholiques du diocèse vivent dans les montagnes et sont répartis entre dix paroisses et trois antennes paroissiales pour 18 prêtres, 58 religieux et religieuses, 149 catéchistes et 9 séminaristes.
Ce dernier épisode s’ajoute à une série de violences lancées contre l’Église locale ces derniers mois, et à de nombreuses autres attaques qui ont lieu chaque semaine dans tout le pays. Ainsi, le lendemain, ce lundi 17 mars, l’armée a également frappé un village de la région centrale de Mandalay, tuant au moins 27 personnes dans le canton de Singu (contrôlé depuis juillet par les Forces de défense populaires opposées au régime). Le 16 mars, des bombardements de la junte ont également frappé le village de Talangzar dans le canton de Falam, dans l’État Chin, en endommageant plusieurs habitations ainsi qu’une église chrétienne.
2,7 millions de réfugiés dont 2,4 millions depuis 2021
Le 3 mars, les forces armées birmanes ont aussi frappé et détruit le centre pastoral de l’église Saint-Michel, également située dans le diocèse de Banmaw. Selon RFA, l’étendue des dégâts infligés ces dernières semaines à Banmaw par les bombardements, les frappes d’artillerie et les drones parmi les habitations, les lieux de culte et les écoles reste incertaine. De son côté, U Moe Min Thein, porte-parole de la junte pour l’État Kachin et ministre des Affaires sociales du régime, n’a pas répondu aux questions des journalistes concernant la dernière attaque.
La junte birmane, qui a renversé le gouvernement civil élu d’Aung San Suu Kyi en février 2021, continue de combattre les groupes ethniques armés et les Forces de défense populaires (PDF) sur de multiples fronts dans l’État Kachin au nord, dans l’État Rakhine à l’ouest, ainsi que dans les États Karenni et Karen à l’est. Au Kachin, où a eu lieu l’attaque du 16 mars à Banmaw, l’armée n’a pas publié les détails des derniers combats. Cet État compte une population d’environ 1,7 million d’habitants pour 116 000 catholiques.
Au 4 mars, on comptait plus de 124 500 réfugiés dans les camps de l’État Kachin, dont plus de 38 200 déplacés par le coup d’État il y a quatre ans. À l’échelle nationale, il y a toujours environ 2,7 millions de personnes déplacées de force à travers le pays majoritairement bouddhiste. Presque 2,4 millions de personnes ont dû fuir après le coup d’État, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
(Avec Ucanews)