Birmanie

Birmanie : les fièvres et maladies saisonnières se répandent dans les camps de réfugiés

Des rapports parlent d’épidémies de choléra, de paludisme, de Covid-19 et de grippe à travers la Birmanie, en particulier dans les camps de réfugiés. Des rapports parlent d’épidémies de choléra, de paludisme, de Covid-19 et de grippe à travers la Birmanie, en particulier dans les camps de réfugiés. © Lakareutangranser / CC BY-SA 2.0
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Selon plusieurs rapports, le choléra, le paludisme, le Covid-19, la grippe et d’autres fièvres non diagnostiquées se répandent dans les camps de réfugiés à travers la Birmanie. Si la junte est accusée de minimiser les rapports médicaux, certaines milices rebelles seraient aussi en tort. « À cause de la guerre, il n’y a pas eu de soins adaptés, et l’Union nationale Karen est en partie en cause », reconnaît une membre anonyme de ce groupe rebelle. « La KNU est concentrée sur le conflit et n’investit pas assez de temps et d’argent pour la santé et l’éducation. »

Des rapports parlent d’épidémies de choléra, de paludisme, de Covid-19 et de grippe à travers la Birmanie, en particulier dans les camps de réfugiés qui sont les plus vulnérables, en raison d’un manque de médicaments, de personnel médical et de tests de dépistage permettant de diagnostiquer ces maladies.

Au camp de Palaw Tapo, au sud de Myawaddy (près de la frontière thaïlandaise), l’Union nationale Karen (la KNU, un des principaux mouvements rebelles contre la junte birmane) décrit une fièvre contagieuse qui s’est répandue rapidement alors que les accrochages entre les militaires et les rebelles ont continué malgré la mousson.

Il s’agit d’une maladie présentant des symptômes similaires à la grippe et au covid. Le responsable de la santé du camp, Saw Kyaw Oo, indique qu’il y a des tests pour le paludisme et le covid, mais par pour les autres pathologies. C’est pourquoi il explique qu’il n’a pas été possible de déterminer si les fièvres actuelles sont saisonnières ou s’il s’agit d’autres infections. Il ajoute que les patients sont traités au sein du camp, qui héberge environ 3 000 réfugiés issus de villages et communautés situés à proximité le long de la frontière thaïlandaise.

Selon Saw Kyaw Oo, étant donné qu’il y a des gens qui souffrent de symptômes similaires en dehors du camp, les fièvres semblent se répandre rapidement. Il évoque également d’autres virus fréquents à cette époque de l’année comme le Chikungunya et le Zika. « Quand j’ai testé les patients qui sont venus dans ma clinique, un ou deux d’entre eux avaient le paludisme, mais c’était autre chose pour la plupart d’entre eux. Comme le covid, la transmission est très rapide. Toutefois, il est difficile de confirmer exactement de quel type d’infection il s’agit sans le matériel nécessaire. »

« Il n’y a pas eu de soins adaptés, et la KNU est en partie en cause »

Une membre de la milice Karen, qui distribue de l’aide humanitaire à travers la frontière thaïlandaise, confirme cette épidémie de fièvre non identifiée, en ajoutant que les réfugiés se tournent désormais vers la KNU pour obtenir des services médicaux, étant donné que le groupe ethnique a pris le contrôle de la région après avoir obtenu une victoire contre les forces de la junte en avril.

« Le paludisme est assez mauvais. Il est présent dans les écoles, y compris dans les écoles primaires et parmi les enfants de moins de huit ans. Les maladies véhiculées par l’eau sont fréquentes, et c’est bien pire que l’an dernier. Bien sûr, c’est saisonnier, et nous savons que la pluie et les moustiques reviennent tous les ans, ce qui nécessite des mesures préventives. Mais à cause de la guerre, il n’y a pas eu de soins adaptés, et la KNU est en partie en cause », reconnaît-elle anonymement. « La KNU est seulement concentrée sur le conflit et n’investit pas assez de temps et d’argent pour la santé et d’autres secteurs importants comme l’éducation. C’est pourtant pour cela que nous devrions nous battre, pour l’autodétermination. »

Il y a deux semaines, six personnes de Rangoun ont été testées positives au paludisme, ce qui a poussé la junte à fermer les restaurants. Le ministère de la Santé de la junte a également publié des alertes via SMS en appelant les habitants à prendre des précautions d’hygiène supplémentaires.

Plus de 3 millions de réfugiés internes en Birmanie

Par ailleurs, selon un porte-parole municipal de Rangoun, Zaw Min Tun, neuf personnes vivant dans une zone de bidonville, au sein du quartier commercial de Rangoun, ont aussi été hospitalisées pour diarrhée sévère et testées positives au choléra. Le porte-parole indique qu’il y a seulement douze toilettes pour plus de 600 personnes dans le bidonville en question. Des informations similaires sont rapportées dans l’État de Rakhine, dans l’ouest de la Birmanie, et dans l’État Shan, au nord, où des épidémies de Covid-19 ont été confirmées.

Selon les Nations unies, on compte aujourd’hui plus de trois millions de réfugiés internes en Birmanie – des habitants qui ont fui leur domicile, à cause de la guerre civile qui oppose la junte contre les Forces de défense populaires (PDF) et plus de 20 milices ethniques (comme la KNU). Un rapport de Think Global Health, publié en mars, affirme que la junte a attaqué des établissements médicaux et saisi des médicaments, des bandages et du matériel chirurgical, ce qui révèle l’état désastreux du système médical birman.

Le rapport parle de presque 1 200 attaques contre des infrastructures médicales depuis le coup d’État de 2021, et ajoute que des médecins, des soignants et autres personnels de santé ont été ciblés, détenus et arrêtés pour s’être occupés de manifestants ou pour avoir rejoint le mouvement de désobéissance civile. Les autorités militaires ont également été accusées de minimiser les rapports de santé.

(Avec Ucanews)