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Inde : le conflit liturgique de l’Église syro-malabare pourrait être résolu le 3 juillet prochain

Une célébration le 10 avril 2025 au mont Saint-Thomas (Chennai, Tamil-Nadu), siège de l’Église syro-malabare. Une célébration le 10 avril 2025 au mont Saint-Thomas (Chennai, Tamil-Nadu), siège de l’Église syro-malabare. © Syro Malabar Church/Facebook
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Le 3 juillet, fête de l’apôtre saint Thomas (considéré comme l’évangélisateur de l’Inde au premier siècle), le conflit liturgique qui affecte l’Église orientale syro-malabare depuis plusieurs décennies pourrait enfin prendre fin. Le conflit concerne l’adoption d’une réforme liée à l’orientation des prêtres durant les célébrations. Alors que la contestation est menée par un groupe de l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly (siège de l’Église syro-malabare), un compromis a été trouvé le 19 juin et devrait prendre effet la semaine prochaine.

Le conflit liturgique qui secoue l’Église orientale syro-malabare depuis plusieurs décennies en Inde est sur le point d’être résolu, selon le père Kuriakose Mundadan, secrétaire du conseil presbytéral de l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly (basé au Kerala dans le sud du pays, c’est le diocèse syro-malabar qui a été le plus affecté par ces troubles).

Le 19 juin, les autorités de l’Église orientale et plus de 300 prêtres de l’archidiocèse ont trouvé un accord concernant l’orientation des prêtres durant les célébrations liturgiques – c’était le point principal du conflit liturgique. L’archevêque majeur de l’Église syro-malabare, Mgr Raphael Thattil, et son vicaire général, Mgr Joseph Pamplany, ont indiqué le 20 avril qu’une annonce officielle « devrait être faite prochainement ».

La décision prise durant cette rencontre devrait permettre aux prêtres de l’archidiocèse de célébrer la messe face au peuple, tout en exigeant qu’ils célèbrent au moins une messe face à l’autel tous les dimanches et les jours de fête. La décision prendra effet le 3 juillet prochain, jour de la fête de l’apôtre saint Thomas, qui selon la tradition aurait évangélisé la côte ouest indienne durant le premier siècle, en y établissant les fondations de l’Église locale.

Selon un représentant syro-malabar, les évêques « ont également accepté les demandes des prêtres contestataires, notamment en remplaçant la curie archidiocésaine actuelle, et en retirant les plaintes et affaires judiciaires visant les prêtres, entre autres concessions ».

Ernakulam-Angamaly compte 10 % des fidèles de l’Église syro-malabare

Le conflit liturgique date de plus de cinq décennies et provient du renouveau liturgique entrepris par l’Église catholique à la suite du concile Vatican II. Parmi les syro-malabars, un groupe souhaitait s’associer aux réformes tandis qu’un autre insistait pour raviver la liturgie traditionnelle syro-malabare. Après plusieurs décennies d’études et de discussions, le Synode Syro-Malabar a approuvé une réforme liturgique s’adaptant aux deux positions, afin de permettre aux prêtres de célébrer face au peuple, sauf durant la prière eucharistique durant laquelle ils doivent faire face à l’autel.

Au moins 12 des 35 diocèses syro-malabars ont rejeté la réforme. Toutefois, en août 2021, le Synode a imposé l’application de la réforme approuvée officiellement, afin d’unifier la liturgie syro-malabare à compter du mois de novembre 2021. Tous les diocèses ont accepté sauf les prêtres et les laïcs de l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly.

Quand le Synode a pris des mesures disciplinaires contre les prêtres contestataires, l’archidiocèse (qui compte plus d’un demi-million de catholiques, soit 10 % de l’ensemble des fidèles de l’Église orientale) a menacé de se dissocier et de former une Église indépendante. Le conflit au sein de l’archidiocèse, où un petit groupe soutenait aussi la décision du Synode, a entraîné des manifestations violentes, la fermeture de la cathédrale, une grève de la faim, un boycott des évêques syro-malabars et plusieurs affaires judiciaires.

« Nous avons accepté la formule proposée par les évêques »

Dans ce contexte, le Vatican a pris le contrôle de l’administration de l’archidiocèse en nommant Mgr Cyril Vasil, un prélat jésuite slovaque, comme délégué pontifical à compter de juillet 2023. Toutefois, lui non plus n’est pas parvenu à résoudre le conflit – alors que les prêtres et les laïcs contestataires ont insisté pour imposer leurs exigences liturgiques.

« Nous avons accepté la formule proposée par les évêques qui se sont adaptés à nos demandes », a déclaré Riju Kanjookaran, porte-parole du Mouvement archidiocésain pour la transparence (AMT), un organe composé de prêtres, évêques et laïcs qui a mené le mouvement de protestation ces cinq dernières années.

Le 20 juin, il a aussi souligné qu’ils ne demandaient rien d’autre que d’être autorisés à continuer de célébrer leur messe, qu’ils ont « dans le sang ». Si le conflit devrait être résolu le 3 juillet, il faut aussi noter que l’an dernier, un compromis avait également été trouvé à la même date, à l’occasion de la fête de saint Thomas. Mais le Synode de l’Église syro-malabare, qui essaie de faire appliquer la réforme liturgique, était revenu dessus.

Source : Ucanews

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