La junte birmane place Aung San Suu Kyi en résidence surveillée

Des manifestants en Birmanie après le coup d’État de février 2021, avec un portrait d’Aung San Suu Kyi. Des manifestants en Birmanie après le coup d’État de février 2021, avec un portrait d’Aung San Suu Kyi. © Maung Sun / CC BY-SA 4.0 DEED
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L’ancienne conseillère d’État Aung San Suu Kyi a été transférée cette semaine en résidence surveillée, face à une forte vague de chaleur qui traverse le pays et la région. Arrêtée en 2021, elle a été condamnée l’an dernier par la junte à 27 ans de prison. Depuis trois ans, la lauréate du prix Nobel de la paix 1991, âgée de 78 ans, a été en grande partie dissimulée aux yeux de la population ; elle n’a été vue qu’une seule fois sur des photos des médias officiels, et aurait des problèmes de santé.

Selon les informations communiquées par la junte, l’ancien président Win Myint fait également partie des détenus âgés ou infirmes qui ont été transférés cette semaine depuis la prison de Taungoo, dans la région centrale de Bago, alors que les températures dépassent 38°C. À Naypyidaw (la capitale), le général Zaw Min Tun, vice-ministre de l’Information depuis 2021, a aussi annoncé aux correspondants étrangers que l’armée a décidé de gracier 3 000 prisonniers afin de marquer le Nouvel an traditionnel, à l’occasion du festival Thingyan (fête de l’eau), célébré tous les ans du 12-13 au 16 avril. « Comme le climat est extrêmement chaud, ce n’est pas seulement pour Aung San Suu Kyi, mais pour tous ceux qui ont besoin de ces précautions nécessaires, en particulier les plus âgés. Nous faisons en sorte de les protéger d’un coup de chaleur », a ajouté le militaire.

Des milliers de civils fuient les combats et les conscriptions militaires forcées

Depuis le coup d’État et après trois ans de guerre civile, on a assisté récemment à quelques victoires surprenantes des forces d’opposition, qui contrôlent désormais de nombreuses positions stratégiques sur les frontières avec la Thaïlande, le Laos, la Chine, l’Inde et le Bangladesh. Parmi celles-ci, on compte la ville de Myawaddy, au sud-est à la frontière thaïlandaise, aujourd’hui sous le contrôle de la KNU (Karen National Union). La KNU est une des quelque vingt organisations ethniques armées (EAO) qui combattent la junte aux côtés des Forces de défense populaires (PDF) – la branche armée du Gouvernement d’unité national en exil (NUG).

Aung San Suu Kyi est toujours considérée par beaucoup comme la dirigeante du NUG, malgré sa détention pour une série de crimes qu’elle a niés (notamment des accusations de trahison, de corruption et de violations des lois de télécommunication). Ces crimes sont considérés par beaucoup d’ONG et de gouvernements occidentaux, ainsi que par le NUG, comme des manœuvres politiques inventées par la junte afin de justifier le coup d’État. À Mae Sot, une ville thaïlandaise de l’autre côté de la frontière, près de la ville de Myawaddy, les autorités thaïlandaises ont appelé à instaurer une « zone sécurisée » afin d’assurer le commerce et le déplacement sécurisé des personnes fuyant les combats. Au cours des derniers mois, plusieurs milliers de civils ont fui les combats et les conscriptions militaires forcées en tentant de franchir la frontière vers Mae Sot.

(Avec Ucanews)