L’action catholique dans le monde, de l’exportation de l’Occident à la désoccidentalisation de l’Église
© A.E.Rédigé par Sam Kuijken (KU Leuven, Deutsches Historisches Institut), le 25/10/2024
La volonté de devenir « mondial » a été l’une des caractéristiques les plus marquantes du catholicisme d’après-guerre. Cette politique – ou plutôt cette orientation générale – s’est manifestée par la création de nouveaux cardinaux par Pie XII, mais aussi par le processus que nous appelons aujourd’hui l’ »indigénisation » du clergé dans les zones de mission. Pourtant, l’Église catholique et le catholicisme dans son ensemble sont restés, à bien des égards, intrinsèquement liés à l’Occident. Cette intervention étudie le lien entre l’Église et l’Occident du point de vue de l’Action catholique sous les pontificats de Pie XI (1922-1939) et de Pie XII (1939-1958). Elle met en lumière le processus d’ »internationalisation » de l’Action catholique et montre comment le Vatican a tenté de diffuser dans le monde entier le « modèle italien », centralisé et fortement hiérarchisé de l’Action catholique avant la Seconde Guerre mondiale. Le protagoniste était le cardinal Giuseppe Pizzardo, une figure puissante mais souvent méconnue à Rome. Ainsi, malgré son caractère diocésain, l’Action catholique est restée fortement enracinée à Rome. L’après-guerre a donc été marquée par la fondation de mouvements d’Action catholique aux quatre coins du monde.
Suivant le principe « Voir-Juger-Agir » du chanoine belge Jozef Cardijn (1882-1967), fondateur de la JOC, la percée internationale de l’Action catholique spécialisée a remis en question son caractère centré sur Rome. Avec les développements dans le domaine de l’apostolat des laïcs, tels que les premier et deuxième Congrès mondiaux de l’apostolat des laïcs (1951 et 1957), la verticalité initiale de l’Action catholique a progressivement fait place à des dimensions plus horizontales qui, de manière prudente mais décisive, l’ont décentré de Rome.
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