Pakistan

Akash Bashir, serviteur de Dieu et martyr : un futur saint « millénial » en Asie ?

Le jeune Akash Bashir a été déclaré « serviteur de Dieu » le 31 janvier 2022 par le pape François, faisant de lui le premier Pakistanais officiellement sur la voie de la sainteté. Le jeune Akash Bashir a été déclaré « serviteur de Dieu » le 31 janvier 2022 par le pape François, faisant de lui le premier Pakistanais officiellement sur la voie de la sainteté. © The Catholics: Lahore Focus
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Une semaine après la canonisation de Carlo Acutis et alors que le pape s’apprête à célébrer les nouveaux martyrs du XXIsiècle, un prêtre pakistanais revient dans une interview sur le martyre d’Akash Bashir, un jeune catholique tué en arrêtant un terroriste devant une église en 2015, et déclaré serviteur de Dieu en 2022. Cet échange présente le témoignage d’un autre jeune « millénial », lui aussi symbole de foi et d’espérance pour les jeunes catholiques en Asie.

Akash Bashir, un ancien étudiant salésien du Pakistan, se distingue par sa bravoure et sa dévotion. Le 31 janvier 2022, le pape François l’a déclaré « serviteur de Dieu » – faisant de lui le premier Pakistanais officiellement reconnu sur la voie de la sainteté. À seulement 20 ans, Akash a donné sa vie afin d’empêcher un terroriste kamikaze d’entrer dans l’église catholique Saint-Jean de Lahore, sauvant plusieurs centaines de personnes durant la messe dominicale.

Cet article est basé sur une interview réalisée en avril 2025 au Pakistan durant les célébrations du 25e anniversaire de la mission salésienne locale. Les extraits présentés ci-dessous sont la traduction d’un entretien mené par le père Noble Lal, SDB, recteur de l’institut Don Bosco de Lahore, où a étudié Akash Bashir. L’article a été publié le 31 août dernier par Indian Catholic Matters (basé à Bangalore).

Le père Noble est une des personnalités principales derrière le processus de béatification d’Akash Bashir. Il présente un regard approfondi sur la vie, la personnalité et le témoignage de foi et d’espérance d’Akash. Une semaine après la canonisation de Carlo Acutis et alors que le pape s’apprête à célébrer les nouveaux martyrs du XXIsiècle, cet échange sur Akash Bashir présente le témoignage d’un autre jeune « millénial », lui aussi symbole de foi et d’espérance pour les jeunes catholiques en Asie.

Pouvez-vous dire quelques mots sur la vie d’Akash Bashir ?

P. Noble Lal : Akash est né le 22 juin 1994 à Risalpur, dans la province de Khyber Pakhtunkhwa au Pakistan. Sa famille a déménagé plus tard à Youhanabad, à Lahore, où il s’est inscrit à l’institut technique Don Bosco, et où il a étudié d’avril 2010 à février 2011. Il venait d’une famille modeste et croyante. Akash était connu pour sa simplicité, son obéissance et sa gentillesse. Il avait un esprit joyeux, il était toujours prêt à rendre service, et il était fortement respecté par ses pairs et ses aînés.

La tombe d’Akash Bashir, au Pakistan.
La tombe d’Akash Bashir, au Pakistan.

Il avait une forte dévotion pour l’Eucharistie et avait une vie de prière fervente. Avant sa mort, il a confié à un ami un rêve qu’il avait eu – il s’est vu en train de mourir en étant au service des autres et en faisant le bien.

De quelle manière sa foi catholique a eu un impact sur sa vie quotidienne et sa personnalité ?

La foi d’Akash a profondément affecté son caractère. À Don Bosco, il était immergé dans la spiritualité salésienne, qui insiste sur une relation profonde avec le Christ et le service des autres. Sa foi n’était pas qu’une pratique dominicale, c’était une force qui guidait tout ce qu’il faisait. Il faisait souvent des pauses pour prier à la grotte dans le jardin de l’église catholique Saint-Jean avant son service comme volontaire.

Son ultime acte de courage – le sacrifice de sa vie pour empêcher un terroriste kamikaze d’entrer dans une église remplie de fidèles – est vu comme l’ultime expression de sa foi. Ses derniers mots, « je mourrai, mais je ne vous laisserai pas entrer », expriment parfaitement son courage et sa dévotion, enracinés dans sa foi.

Sur ce jour tragique de 2015, pouvez-vous décrire les actes d’Akash et comment les événements se sont déroulés ?

Ce jour-là, Akash Bashir servait comme gardien de sécurité volontaire à l’entrée de l’église catholique Saint-Jean de Youhanabad, à Lahore. C’était la messe du dimanche, et plusieurs centaines de personnes étaient dans l’église. Un homme suspect a tenté d’entrer dans le bâtiment. Akash s’est aperçu que l’homme portait des explosifs. Des témoins ont rapporté la confrontation d’Akash avec le terroriste, quand il a dit « je mourrai plutôt que de vous laisser entrer ».

Il a ensuite serré contre lui de toutes ses forces le terroriste pour l’empêcher d’entrer dans une église bondée et de causer un massacre. Incapable d’entrer, le terroriste a provoqué la détonation des explosifs. L’explosion les a tués tous les deux devant l’église. Son acte courageux a permis de sauver les vies de beaucoup de fidèles dans l’église ce jour-là.

Quelles qualités ressortent particulièrement, en ces moments de courage et d’abnégation ?

Les qualités d’Akash étaient profondément enracinées dans sa foi et sa personnalité, et ont culminé en cet instant héroïque. D’abord une foi profonde et sincère qui guidait sa vie. C’était aussi un fils obéissant, un humble travailleur et un ami sincère. Avant l’événement tragique, il était aussi connu comme quelqu’un de charitable et prêt à aider les autres, en particulier les pauvres et ceux qui sont maltraités. Il y a aussi le courage : face au danger, il n’a pas hésité à confronter le terroriste. L’abnégation : sa réaction immédiate était de protéger des vies, avant la sienne. Enfin, l’amour de Dieu et du prochain : ses actions reflètent l’enseignement chrétien qui invite à aimer jusqu’à donner sa vie.

Que signifie son martyre, pour vous et pour l’Église ?

Son histoire peut inciter les gens à vivre leur foi plus profondément et à agir avec courage face au danger et aux injustices. Son sacrifice et son martyre montrent que la foi est digne d’être défendue, même au prix de sa propre vie. Pour les catholiques, reconnaître Akash comme un saint potentiel, cela veut dire qu’il pourrait un jour être reconnu comme quelqu’un qui peut intercéder auprès de Dieu au nom de ceux qui le prient. Se souvenir de lui comme un martyr peut créer un sentiment de solidarité avec les souffrances de la communauté chrétienne au Pakistan et dans d’autres régions du monde.

Son sacrifice est vu par certains comme un exemple de l’« œcuménisme du sang », un terme que le pape François a utilisé pour décrire la manière dont les chrétiens de différentes confessions sont unis dans leurs souffrances et dans le martyre. Dans ce cas-ci, cela dépasse aussi les frontières chrétiennes, car un musulman a donné du marbre pour sa tombe.

On peut enfin dire qu’Akash est une personnalité remarquable pour toute l’Asie, en particulier au Pakistan, reconnue pour son martyre et son sacrifice héroïque pour la protection de sa communauté. Par rapport à d’autres jeunes saints comme Dominique Savio et Carlo Acutis, qui ont en commun leur jeunesse et leur foi profonde, ce qui distingue particulièrement le témoignage d’Akash Bashir est justement cet acte ultime du don de sa vie pour les autres.

Source : indiancatholicmatters.org / Lavoisier Fernandes (31 août 2025)

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