Birmanie

Mandalay : les évêques birmans réagissent à l’assassinat du père Donald Win

Le père Donald Martin Ye Naing Win, de l’archidiocèse de Mandalay, a été brutalement assassiné dans sa paroisse le 14 février 2025. Le père Donald Martin Ye Naing Win, de l’archidiocèse de Mandalay, a été brutalement assassiné dans sa paroisse le 14 février 2025. © RVA
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Les évêques birmans ont réagi à l’assassinat du père Donald Martin Ye Naing Win, le 14 février dans l’archidiocèse de Mandalay. Dix suspects ont été arrêtés ce lundi 17 février. Durant les obsèques, dimanche 16 février dans le village natal du prêtre, en présence de 5 000 fidèles, Mgr Tin Win, archevêque de Mandalay, a appelé « tous les groupes armés et acteurs impliqués dans le conflit à déposer leurs armes et à prendre le chemin de la paix et de la réconciliation ». Le Saint-Siège a également fait part de sa proximité après l’attaque.

Le père Donald Martin Ye Naing Win, un prêtre birman de 44 ans de l’archidiocèse de Mandalay, dans le centre de la Birmanie, a été assassiné brutalement le vendredi 14 février par un groupe de dix agresseurs dans sa paroisse Notre-Dame de Lourdes du village de Kan Gyi Taw, dans le district de Shwe Bo (à 110 km au nord-ouest de Mandalay).

Ses obsèques, célébrées par Mgr Marco Tin Win, archevêque de Mandalay, ont eu lieu le 16 février dans le village natal du prêtre, dans l’église de l’Assomption de la Vierge Marie. Durant la célébration, Mgr Tin Win a appelé « tous les groupes armés et acteurs impliqués dans le conflit à déposer leurs armes et à prendre le chemin de la paix et de la réconciliation ».

Le corps du père Donald Win a été retrouvé le 14 février par des paroissiens. L’information a été rapportée le 15 février par l’agence Fides. Il a été poignardé à de multiples reprises et son corps a été mutilé. Selon des sources locales, la nature des blessures et la violence de l’attaque montrent que les tueurs ciblaient le prêtre. Il est à noter que cette zone n’est pas contrôlée par la junte mais par les Forces de défense populaire (PDF) opposées au gouvernement militaire.

Selon Fides, il a été demandé aux dirigeants de ces milices rebelles d’enquêter sur les assaillants du prêtre, et une dizaine d’hommes ont été arrêtés ce lundi 17 février. Une enquête est en cours afin de tenter de comprendre les raisons et la dynamique derrière l’attaque du père Donald Win. Mais l’agence note que les rebelles ont tout intérêt à faire la lumière sur cette affaire. Les PDF ont transféré les détenus au tribunal mis en place par eux-mêmes dans les zones dites « libérées » (c’est-à-dire qui ne sont pas sous le contrôle de la junte). Selon les sources locales, les suspects viennent tous du village de Kan Gyi Taw où le prêtre a été assassiné.

Cardinal Bo : « Ce n’est pas quelque chose que l’on peut oublier facilement »

C’est le premier prêtre catholique birman tué depuis le début de la guerre civile il y a quatre ans. Le père Win est né le 11 novembre 1981 et a été ordonné prêtre le 20 mars 2018. Selon des résidents, le prêtre a été très actif en faveur de l’accès des enfants et des jeunes à l’éducation alors que les écoles étaient fermées durant la guerre civile.

Les Birmans subissent les conséquences d’un conflit prolongé entre la junte militaire et les groupes ethniques rebelles, depuis le coup d’État du 1er février 2021 qui a renversé le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi. Près de 2,7 millions de personnes ont dû fuir leur domicile selon une déclaration de l’Onu en 2023, dont près d’un tiers d’enfants.

Après l’attaque, les évêques birmans ont fait part de leur profonde tristesse et de leur consternation et ont appelé les autorités à poursuivre les coupables en justice. Le cardinal Charles Maung Bo, archevêque de Rangoun et président de la Conférence épiscopale birmane (CBCM), a publié un communiqué le 16 décembre en confiant que l’Église en Birmanie, en particulier Mgr Marco Tin Win, archevêque de Mandalay, et les prêtres, religieux et fidèles de l’archidiocèse, « pleurent la mort du père Donald Martin Ye Naing Win ».

« Le mal qui a été commis contre le père Win n’est pas quelque chose que l’on peut facilement oublier », a déclaré le cardinal Bo, en appelant les autorités birmanes à « prendre des mesures appropriées pour que justice soit faite, et que de telles affaires ne puissent plus avoir lieu à l’avenir ». En évoquant la mort du père Win et de nombreux autres innocents, il a appelé une nouvelle fois à mettre fin aux violences dans le pays : « Que le sang et les sacrifices de tant d’innocents, comme le père Win, servent d’offrandes pour la fin des violences qui frappent la nation. » « Que l’esprit de fraternité soit retrouvé après ces événements traumatisants : nous demandons la fin des violences. »

Le Saint-Siège dénonce « les attaques contre la vie et la dignité humaine »

Le Vatican a également envoyé un message de condoléances par l’intermédiaire de Mgr Andrea Ferrante, Chargé d’Affaires du Saint-Siège en Birmanie : « Enracinés dans l’amour de Jésus, soyez des signes de la présence miséricordieuse du Père qui accueille Ses enfants et guérit leurs blessures. » La nonciature apostolique en Birmanie a réagi au meurtre du père Win en exprimant sa « profonde tristesse » et en dénonçant « toutes les attaques contre la vie et la dignité humaine ». Il a malgré tout appelé les prêtres, les religieux, religieuses et missionnaires à rester constants dans leur mission malgré les dangers.

Cet événement tragique survient seulement quelques jours après le bombardement de la cathédrale du Sacré-Cœur de Jésus à Mindat, dans l’État Chin. L’église venait d’être désignée comme cathédrale du nouveau diocèse de Mindat, créé le 25 janvier dernier par le pape François. Elle a été rendue inutilisable par un raid aérien du 6 février. Heureusement, aucune victime n’a été rapportée, la zone ayant déjà été évacuée par sécurité.

Dans son message, le cardinal Bo a conclu en priant pour que « Dieu le Père, le Seigneur de toute vie, console vos cœurs et nos cœurs endeuillés », en souhaitant que « l’âme du père Donald Win, par la miséricorde de Dieu, repose dans la paix éternelle ».

(Avec RVA et Ucanews)