Chine

Le cardinal Stephen Chow inaugure une église souterraine parmi les gratte-ciels de Fanling

Le 7 janvier, le dimanche de l’Épiphanie, le cardinal Stephen Chow, évêque de Hong-Kong, a présidé l’inauguration de la nouvelle église souterraine du quartier de Fanling. © Asianews
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Le 7 janvier à Fanling, dans le district Nord des Nouveaux Territoires (un des trois secteurs principaux de la région administrative spéciale de Hong-Kong avec l’île de Hong-Kong et la péninsule de Kowloon), le cardinal Stephen Chow, évêque de Hong-Kong a inauguré une nouvelle église, construite sous terre dans un quartier fortement urbanisé, par manque d’espace. Les missionnaires en charge de la paroisse décrivent une ville qui traverse de profonds bouleversements depuis des décennies, et en particulier depuis les évènements de 2020.

Dimanche 7 janvier, le jour de la solennité de l’Épiphanie, la paroisse de Saint-Joseph, dans le quartier de Fanling à Hong-Kong, a inauguré une nouvelle église. Celle-ci est souterraine, littéralement, et située dans le district Nord (dans les Nouveaux Territoires, un des trois secteurs principaux de la région administrative spéciale de Hong-Kong avec l’île de Hong-Kong et la péninsule de Kowloon), à seulement 2 km de la frontière avec la Chine continentale. « Quand on manque d’espace, on construit littéralement sous terre », explique le père Pietro Paolo Dossi, un missionnaire italien de la congrégation PIME, curé de la paroisse.

Une église « historique » existait déjà à Fanling, où se trouve une petite communauté catholique depuis 1926. Mais c’est à partir de 1949 que la communauté s’est développée progressivement, après l’arrivée du père Ambrogio Poletti, également missionnaire de la même congrégation. À l’époque, seuls quelques dizaines de catholiques vivaient là et se rassemblaient pour les célébrations, qui étaient organisées là où se trouve aujourd’hui une école paroissiale. En 1953, des travaux ont commencé sur un terrain offert par un fidèle, Chu Yan Kit, afin de construire la future église Saint-Joseph. La structure était « construite avec des pierres locales, carrées, irrégulières, toutes différentes, comme une église faite de pierres vivantes que Jésus mentionne dans l’Évangile », poursuit le père Dossi.

« Il n’y a plus d’espace de construction disponible dans le district »

Il y a cinq ans, quand les travaux de rénovation de l’ancienne église Saint-Joseph ont commencé, des plans ont été établis afin d’imaginer une nouvelle structure souterraine, accessible « via des escalators et des ascenseurs ». Selon le prêtre, ceci était devenu nécessaire parce qu’il n’y « plus d’espace de construction disponible dans le district ». « Par ailleurs, la communauté a continué de grandir et le diocèse a approuvé la construction d’une église plus grande. »

Actuellement, près de 200 familles participent aux célébrations dominicales. Toute la paroisse s’est préparée à l’inauguration de la nouvelle église souterraine, qui a eu lieu pour l’Épiphanie en présence du cardinal Stephen Chow, évêque de Hong-Kong. « Durant six mois, chaque première messe du mois, nous avons organisé une activité différente, en retraçant l’histoire de la vieille église, en attendant l’arrivée de la nouvelle à la manière d’un retour aux sources. » En attendant que les travaux soient achevés, la communauté paroissiale de Fanling a utilisé une école afin d’organiser les activités de la paroisse et les célébrations eucharistiques.

« Récemment, nous avons créé un puzzle en 500 pièces de l’image des cinq pains et des deux poissons, l’épisode raconté dans l’Évangile de saint Marc où Jésus dit aux disciples : ‘Donnez-leur vous-même à manger’ [Mc 6, 37] », explique également le père Dossi. « Derrière chaque pièce du puzzle, chacun a écrit une prière, en signe d’une communauté qui décide d’entrer dans un nouveau lieu, et de se renouveler aussi au niveau intérieur. » La dernière pièce a été ajoutée le 7 janvier lors de l’ouverture officielle de la nouvelle église.

« Beaucoup de pessimisme » depuis les évènements de 2020

Le district Nord, dans les Nouveaux Territoires, est fortement urbanisé. « Ces dernières années, plusieurs dizaines de bâtiments ont été construits à côté », avec chacun « quarante étages et trente-deux appartements à chaque étage », précise le prêtre, qui anime la paroisse aux côtés du père Phongphan Wongarsa, un missionnaire de Thaïlande. Selon ses estimations, près de 30 000 nouveaux résidents devraient s’installer dans le quartier autour de l’église paroissiale au cours des prochaines années, en majorité des étudiants et des fonctionnaires qui font la navette depuis la Chine continentale.

« Ces dernières années, on entend de plus en plus parler mandarin au lieu du cantonais », explique le missionnaire. C’est un aspect de la politique de « sinisation » lancé par Pékin depuis que la ville de Hong-Kong a été rétrocédée à la Chine par le Royaume uni en 1997, alors que les Hongkongais ont essayé de développer leur propre identité indépendante, aussi bien vis-à-vis des anciens colons britanniques que du gouvernement central.

« Il y a beaucoup de pessimisme », ajoute le père Dossi. Il évoque des cas de suicides parmi les jeunes hongkongais qui sont rapportés tous les jours, et un sentiment général de découragement face à l’avenir. « Beaucoup de familles de notre paroisse sont parties à l’étranger après les évènements de 2020. » À Fanling, les paroissiens sont presque tous Hongkongais, avec une centaine de femmes philippines, qui occupent presque toutes des emplois domestiques, tandis que les Chinois venaient plutôt dans les années 1950 et 1960. Ces changements entraînent aussi de nouveaux défis pour le travail des missionnaires : « Nous n’avons pas encore atteint ceux qui viennent de Chine continentale et qui se sont installés dans le district, mais c’est peut-être vers eux que nous nous tournerons à l’avenir. »

(Avec Asianews)