Indonésie

François, l’inépuisable promoteur du dialogue avec l’islam

L'entrée du Tunnel de la Fraternité (à gauche) reliant la cathédrale et la mosquée de Jakarta. L’entrée du Tunnel de la Fraternité (à gauche) reliant la cathédrale et la mosquée de Jakarta. © Ad Extra
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Depuis le début de son pontificat en 2013, le pape François insiste sur le renforcement du dialogue interreligieux, notamment entre chrétiens et musulmans.

Le père Joseph Sené revient sur quelques-uns des nombreux gestes du pape en faveur du rapprochement avec les musulmans avant son voyage en Indonésie.

Entretien avec le père Joseph Sené de la Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée (OMI), délégué diocésain pour les relations islamo chrétiennes dans le diocèse de Marseille et responsable du Pôle d’Études et de Recherches Islamo Chrétiennes (PERIC) à l’ISTR (Institut des Sciences et Théologie des Religions) de Marseille.

Le pape François a encouragé le dialogue islamo-chrétien à travers diverses initiatives, notamment en invitant des dirigeants musulmans au Vatican. Il a également prononcé de nombreux discours sur le dialogue islamo-chrétien et a souligné l’importance de la coopération interreligieuse pour combattre les injustices et les extrémismes, promouvoir la fraternité et construire la paix. Voici quelques exemples marquants de ses actions en faveur du dialogue islamo-chrétien :

En 2016, le pape François a rencontré le Grand Imam d’Al-Azhar, l’une des institutions les plus respectées de l’islam sunnite, au Vatican. Cette rencontre a marqué un tournant historique, puisqu’elle a relancé le dialogue entre le Vatican et Al-Azhar, alors que les relations étaient interrompues depuis 2011.

Le pape François a effectué également plusieurs voyages dans des pays à majorité musulmane. Ces visites ont été des occasions pour lui de prêcher la fraternité entre musulmans et chrétiens, d’encourager la paix et le dialogue, et de dénoncer l’extrémisme.

En 2016, lors de son voyage en Azerbaïdjan, un pays presque entièrement musulman avec une majorité chiite et où la présence catholique est particulièrement faible, le pape rappelait que : « L’attachement aux valeurs religieuses authentiques est tout à fait incompatible avec la volonté d’imposer aux autres par la violence ses propres visions, en se réfugiant derrière le saint nom de Dieu ».

Son voyage en 2017 en Égypte, axé sur le dialogue islamo-chrétien et la protection des minorités chrétiennes, a été une occasion pour relancer le dialogue avec l’islam sunnite, représenté par l’Université Al-Azhar. Lors de son discours aux participants à la conférence internationale pour la paix, le pape soulignait qu’« éduquer à l’ouverture respectueuse et au dialogue sincère avec l’autre, en reconnaissant ses droits et ses libertés fondamentales, spécialement la liberté religieuse, constitue la meilleure voie pour bâtir ensemble l’avenir, pour être des bâtisseurs de civilisation ».

Pour la fraternité universelle

Rappelons-nous également qu’en 2019, le saint-père a effectué des visites aux Émirats Arabes Unis et au Maroc où l’islam prédomine. L’objectif de son séjour aux Émirats Arabes Unis était de promouvoir le dialogue interreligieux ainsi que la fraternité humaine. Un moment phare de cette visite fut la tenue d’une rencontre dédiée à la fraternité interreligieuse le lundi 4 février. À l’issue de cet événement, le Pape François et l’imam Al-Tayyeb ont signé le Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune. Cette initiative a été perçue comme un tournant historique dans le rapprochement entre les communautés musulmane et chrétienne. Et un des fruits de ce document est la création en août 2019, du Haut Comité de la fraternité humaine. Ce comité a été constitué dans le but de promouvoir et d’appliquer les principes énoncés dans le Document sur la fraternité humaine. Cette initiative a notamment abouti à la reconnaissance et à la proclamation par les Nations Unies de la Journée internationale de la fraternité humaine, célébrée chaque année le 4 février.

Il est impossible d’omettre le souvenir de son voyage apostolique en Irak, qui s’est déroulé du 5 au 8 mars 2021. Ce voyage a été ponctué de deux moments importants en faveur du dialogue islamo-chrétien. D’une part, la visite de courtoisie rendue au Grand Ayatollah Sayyid Ali Al-Husayni Al-Sistani, figure emblématique et majeure du chiisme, et d’autre part, la cérémonie de prière interreligieuse à Ur. Ces deux moments ont marqué des avancées significatives vers le renforcement de la fraternité entre chrétiens et musulmans.

Enfin, sa visite au Bahreïn en 2022, dans le cadre du Bahrain Forum for Dialogue : East and West for Human Coexistence, mérite une mention particulière. Au cours de cet événement, le pape a eu l’occasion de s’entretenir en privé non seulement avec le Grand Imam d’Al-Azhar mais aussi avec un des éminents membres du conseil musulman des sages.

Dans ses écrits, comme l’encyclique Fratelli Tutti, sur la fraternité et l’amitié sociale, le pape François a réaffirmé l’importance du dialogue entre les personnes de différentes religions comme chemin vers la paix mondiale et la compréhension mutuelle.

Tout cela pour dire que le saint-père a clairement fait du dialogue islamo-chrétien l’une des pierres angulaires de son pontificat, cherchant à construire des ponts entre les communautés et à lutter contre le fanatisme et l’intolérance religieuse. Ses efforts en ce sens s’inscrivent dans la continuité de l’engagement de ses prédécesseurs, tout en apportant sa touche personnelle de simplicité et de proximité avec les gens de toutes confessions.

P. Joseph Sené, OMI