Les évêques indonésiens célèbrent leur 100e jubilé : « 100 % catholiques et 100 % Indonésiens »
Le cardinal Ignatius Suharyo Hardjoatmodjo, archevêque de Jakarta, en septembre 2024 durant le voyage du pape François en Indonésie. © Ad ExtraLe 20/11/2024
« Nous pensons que nous devons vivre à 100 % catholiques et à 100 % Indonésiens » : le 12 novembre, Mgr Antonius Subianto Bunjamin, président de la conférence épiscopale indonésienne (KWI), a publié un communiqué au nom des évêques indonésiens, à l’issue de leur session annuelle qui s’est déroulée du 7 au 13 novembre. Cette session a relancé les célébrations du 100e anniversaire de la KWI, débutées en mai dernier. Le communiqué est publié sur le thème « marcher ensemble pour construire l’Église et la nation ».
Après la session annuelle de la Conférence épiscopale indonésienne (KWI), qui s’est tenue à Jakarta du 7 au 13 novembre, les évêques catholiques indonésiens ont publié un communiqué de presse sur le thème « marcher ensemble pour construire l’Église et la nation ».
Le communiqué, publié le 12 novembre, est signé par Mgr Antonius Subianto Bunjamin, évêque de Bandung et président de la KWI, et par Mgr Paskalis Bruno Syukur, évêque de Bogor et secrétaire général (qui a renoncé à devenir cardinal, malgré sa nomination par le pape François le 22 octobre, afin de poursuivre sa croissance « au service de l’Église et du peuple de Dieu »).
« En 2024, le 15 mai précisément, nous, évêques membres de la KWI, avons célébré les 100 ans de présence de la KWI en Indonésie. Cet anniversaire s’est déroulé en deux sessions, du 13 au 16 mai et du 7 au 13 novembre 2025 à Jakarta sur le thème ‘Marcher ensemble pour construire l’Église et la nation’ », ont rappelé les évêques. Ces sessions ont été l’occasion d’écouter les fidèles indonésiens, afin de mieux « refléter ensemble la voix du peuple », et de « regarder en arrière » pour évaluer le travail de l’Église locale depuis un siècle « au service de l’Église et de la société indonésienne ».
« Nous sommes reconnaissants que Dieu ait protégé et guidé le cheminement de la KWI depuis cent ans. Ce long voyage a fait de la conférence une communauté d’évêques de diocèses présentant de fortes caractéristiques de fraternité et de coopération, pour la proclamation de la bonne nouvelle et pour la mission pastorale », ont-ils ajouté.
« Le Saint-Père est venu comme un ami »
Cet effort pour marcher ensemble a été « renforcé par la présence du Saint-Père François en Indonésie du 3 au 6 septembre 2024 », ont-ils poursuivi. « Le Saint-Père est venu comme un ami, ce qui s’est manifesté par des actions simples mais qui ont beaucoup impressionné, comme s’arrêter sur le bord de la route pour saluer avec le sourire et bénir. Sa simplicité, sa gentillesse, sa sincérité et son humilité ont apporté de la joie non seulement aux catholiques mais aussi aux personnes d’autres religions », ont assuré les évêques indonésiens.
La KWI a également noté la préoccupation du pape François pour la paix et l’harmonie interreligieuse durant son voyage en Indonésie. Une préoccupation qui s’est exprimée notamment à travers la signature de la Déclaration commune d’Istiqlal 2024, signée devant la mosquée Istiqlal de Jakarta le 6 septembre dernier. Cette déclaration a également permis de réaffirmer, dans le plus grand pays musulman au monde, le message du Document d’Abou Dhabi de 2019.
« Avec cette déclaration, le pape nous rappelle que chacun est appelé à semer des graines d’espoir et à construire la paix », ont expliqué les évêques indonésiens. Les communautés religieuses en Indonésie ont ainsi été invitées à être « de plus en plus à la hauteur de leurs valeurs religieuses, pour vaincre la culture de la violence et accroître les attitudes de respect de la dignité humaine, de solidarité et de réconciliation ». Le dialogue interculturel et interreligieux est ainsi considéré comme un moyen efficace contre les conflits locaux, nationaux et régionaux.
« Que l’Indonésie devienne un nouveau Bethléem »
Les évêques indonésiens sont aussi revenus sur la deuxième session des cent ans de la KWI, du 7 au 13 novembre 2024, qui s’est déroulée autour du message de Noël, alors que l’Église entre bientôt dans le temps de l’avent : « Venez, allons à Bethléem » (Lc 2, 15). Alors qu’un nouveau gouvernement a été élu en Indonésie, les évêques ont souhaité que le pays « puisse devenir un nouveau ‘Bethléem’, un lieu où naissent et grandissent des dirigeants qui ont un esprit de serviteur, ni avides ni cupides, vivant simplement et donnant la priorité aux intérêts de la nation ».
Dans cet esprit, dans son message à l’occasion de cette deuxième session, la KWI a rappelé son engagement au service du pays. « De même que Jésus a envoyé ses douze disciples pour proclamer le Royaume de Dieu, nous sommes également envoyés pour proclamer son amour au milieu du monde, avec tous ses problèmes et ses défis. C’est pourquoi tous les organes de la Conférence des évêques catholiques indonésiens sont mobilisés pour mener à bien la mission de construction de l’Église et de la nation indonésienne », ont-ils souligné.
« De cette manière, nous voulons contribuer à construire une vie nationale qui respecte davantage les droits de l’homme, qui préserve la Création, et qui donne la priorité au dialogue et aux moyens pacifiques pour résoudre les problèmes », a poursuivi la KWI, en espérant que le nouveau gouvernement « protège tous les citoyens sans discrimination, applique la loi aussi équitablement que possible et puisse être toujours présent » face aux troubles de la société indonésienne.
L’histoire indonésienne n’a pas toujours été fluide mais la nation « reste forte »
Dans son communiqué, la KWI a également évoqué la catastrophe naturelle de l’éruption du volcan Lewotobi, survenue début novembre. « Beaucoup de nos frères et sœurs ont été touchés par cette catastrophe. Les catastrophes naturelles sont aussi des catastrophes humanitaires. Cet incident a provoqué un traumatisme considérable dans tous les cercles et niveaux de la société », a expliqué la conférence épiscopale, en rappelant que la KWI a participé aux secours avec une réponse d’urgence coordonnée par Caritas Indonésie. « Tout cela s’est déroulé dans un esprit de synodalité et d’amour. »
En reconnaissant que le parcours historique de l’Indonésie n’a pas toujours été fluide, entre des conflits, des désaccords et des actes de violence les uns contre les autres, les évêques indonésiens ont malgré tout déclaré que la nation indonésienne « reste forte et continue de marcher vers une vie commune ». C’est pourquoi, malgré les nombreux défis existant dans le pays, comme la traite des êtres humains ou les inégalités, les évêques ont conclu leur message en évoquant l’année jubilaire 2025, choisie sur le thème des « pèlerins d’espérance » dans l’intention « d’encourager » les fidèles à « rester forts dans l’espérance ». « Ces attentes ne seront pas déçues ! 2025 sera donc aussi une année d’espoir pour nous tous, pour l’Église et la nation indonésienne. Que Dieu vous bénisse ! »
(Ad Extra)