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Inde : le cardinal Koovakad devient le nouveau préfet du dicastère pour le Dialogue interreligieux

Le cardinal George Koovakad (à gauche), le 8 janvier 2025 avec Mgr Thattil, archevêque majeur des syro-malabars. Le cardinal George Koovakad (à gauche), le 8 janvier 2025 avec Mgr Thattil, archevêque majeur des syro-malabars. © Mar Raphael Thattil / Facebook
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Comme le Vatican l’a annoncé le 24 janvier, le prélat indien George Jacob Koovakad, 51 ans, créé cardinal lors du consistoire du 7 décembre dernier, a été nommé par le pape François comme nouveau préfet du dicastère pour le Dialogue interreligieux. Il est le troisième cardinal asiatique à diriger un dicastère avec le cardinal Tagle (Philippines), pro-préfet du dicastère pour l’Évangélisation, et le cardinal You (Corée du Sud), préfet du dicastère pour le Clergé.

Ce vendredi 24 janvier, Mgr George Jacob Koovakad, âgé de 51 ans et originaire de l’État du Kerala, dans le sud de l’Inde, a été nommé par le pape François comme nouveau préfet du dicastère pour le Dialogue interreligieux. Créé cardinal lors du consistoire du 7 décembre dernier, il continue également d’assumer sa mission comme responsable de l’organisation des voyages pontificaux.

Avec cette nomination, le prélat indien devient le troisième cardinal asiatique à diriger un dicastère romain avec le cardinal philippin Luis Antonio Tagle, pro-préfet du dicastère pour l’Évangélisation, et avec le cardinal sud-coréen Lazarus You Heung-sik, préfet du dicastère pour le Clergé. Le nouveau préfet est le premier Asiatique à être nommé à la tête du dicastère responsable des relations avec les religions non-chrétiennes – établi par le pape Paul VI en 1964.

Né en 1973 au Kerala, le cardinal Koovakad est membre de l’Église catholique orientale syro-malabare. Il succède au cardinal Miguel Angel Ayuso Guixot, un missionnaire Comboni espagnol et grand connaisseur du monde arabo-musulman, décédé le 25 novembre 2024 à l’âge de 72 ans. Actuellement, le secrétaire du dicastère est également un Asiatique, le père Indunil Janakaratne Kodithuwakku Kankanamalage, du Sri Lanka.

Ordonné prêtre en 2004 pour le diocèse de Changanacherry, le cardinal Koovakad a rejoint le service diplomatique du Saint-Siège deux ans plus tard. Il a servi plusieurs nonciatures, notamment dans des pays majoritairement musulmans comme l’Algérie (2006-2009) et l’Iran (2012-2014). En 2020, il a également rejoint la Section pour les Affaires générales de la Secrétairie d’État du Vatican, et depuis 2021, il est chargé de planifier les voyages du pape François.

Des origines indiennes au contexte multiculturel et multireligieux

Interrogé par Vatican News, le nouveau préfet a fait part de ses sentiments après l’annonce de sa nomination vendredi dernier. « Je me fie aux conseils du Saint-Père, et aux prières de tous ceux qui ne cessent de rêver d’un monde dans lequel les diversités religieuses non seulement coexistent en paix entre elles, mais sont elles-mêmes des éléments irremplaçables dans la construction de la paix entre les peuples. Je fais aussi confiance au chemin déjà tracé avec une profonde sagesse par ceux qui m’ont précédé », a-t-il confié.

Interrogé sur ses origines indiennes au contexte particulièrement multiculturel et multireligieux, il a tenu à souligner qu’en Inde, « le dialogue interreligieux est traditionnellement lié au monachisme. Dès 1500, le père jésuite Roberto de Nobili a adopté les vêtements et les coutumes des moines indiens, appris les langues locales, et cherché à assimiler tout ce qui pouvait être mis en valeur dans ces traditions », a-t-il expliqué. « Ce que je veux souligner, c’est cette attitude d’ouverture, de sympathie et de proximité avec les autres traditions. La foi chrétienne est capable d’inculturation : les chrétiens sont appelés à être des semences de fraternité pour tous. »

Cité par l’agence Asianews, l’archevêque majeur des syro-malabars, Mgr Raphael Thattil, a quant à lui exprimé la joie de l’Église orientale dont est issu le nouveau préfet. « J’adresse toutes mes félicitations au cardinal George Koovakad au nom de l’Église syro-malabare et de toute l’Église indienne. Il n’y a pas de mots pour exprimer notre gratitude au Saint-Père de choisir un cardinal aussi jeune et dynamique issu de notre communauté. Je lui souhaite le meilleur et demande les bénédictions de Dieu pour son ministère. C’est une grande responsabilité et Dieu l’aidera, avec les dons du Saint-Esprit, pour le bien de l’Église. »

« La diversité est une richesse »

Comme le souligne l’agence Ucanews, en tant que responsable de la planification des voyages pontificaux depuis 2021, le cardinal Koovakad a participé à plusieurs déplacements dans des pays où la question du dialogue interreligieux est centrale, comme le Kazakhstan, Bahreïn, la Mongolie, ainsi que l’Indonésie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Timor oriental et Singapour en septembre dernier.

Comme le rappelle l’agence RVA News, au cours de sa carrière diplomatique, le cardinal indien a également été témoin d’une nouvelle ère dans les relations avec les autres religions depuis le concile Vatican II, notamment avec l’islam. Vendredi dernier, il a ainsi cité saint Jean-Paul II dans son message aux jeunes musulmans à Casablanca, au Maroc en 1985 : « Nous croyons au même Dieu, le Dieu unique, le Dieu vivant, le Dieu qui crée les mondes et porte ses créatures à leur perfection. » C’est pourquoi, selon le cardinal indien, les voyages du pape ont presque toujours des dimensions interreligieuses et comptent des rencontres avec les responsables des autres confessions, entre autres moments de fraternité vécue.

Comme l’indique la constitution apostolique Praedicate evangelium de 2022 sur la Curie romaine, le dicastère pour le Dialogue interreligieux « favorise et réglemente les relations avec les membres et les groupes de religions qui ne sont pas incluses sous le nom de chrétiennes, à l’exception du judaïsme, dont la compétence relève du Dicastère pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens ». Le dicastère « veille à ce que le dialogue avec les adeptes d’autres religions soit mené de manière appropriée, dans une attitude d’écoute, d’estime et de respect ».

« La diversité est une richesse », souligne le nouveau préfet, cité par Vatican News, en précisant que s’engager pour le dialogue interreligieux, « cela ne signifie pas renoncer à sa propre identité, mais plutôt être conscient que l’identité n’est pas et ne devrait jamais être une raison pour ériger des murs ou discriminer les autres, et qu’elle est toujours une occasion de construire des ponts ».

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