Momoko Nishimura, une Japonaise au Synode sur la synodalité
Momoko Nishimura avec le pape François. © collection personnelleLe 20/12/2024
Momoko Nishimura, Japonaise et laïque consacrée comptait parmi les neuf présidents délégués de l’Assemblée générale du Synode des évêques sur la synodalité réuni à Rome en octobre 2024. Elle a apporté l’expérience d’une Église très minoritaire au Japon.
Comment s’est déroulée la deuxième session du synode ?
D’une manière générale, cette deuxième session s’est déroulée dans une très belle ambiance de fraternité. La méthode de la conversation dans l’Esprit nous a aidés à maintenir cette atmosphère d’écoute mutuelle aussi bien dans les petits groupes de travail que dans les assemblées générales. Cela nous a aidés à nous écouter les uns les autres dans une attitude de prière.
Combien y avait-il de représentants asiatiques ? Qui sont-ils ?
Nous étions 43 membres présents sur 44 nommés, dont deux évêques de Chine continentale nommés par le Pape. Chacun avait une voix et un vote. En plus des 43 membres, il y avait un invité spécial avec une voix et des experts (un facilitateur et un théologien), ainsi que des assistants et des collaborateurs. L’Asie était bien représentée. Dans ce groupe, on comptait sept femmes (quatre femmes consacrées, une théologienne, deux laïques), trois prêtres dont deux religieux et un diocésain (sur quatre initialement lors de la première session). Les autres représentants étaient des cardinaux et des évêques.
Quel est leur point de vue asiatique au Synode ? Quelles sont les questions qu’ils soulèvent ? Diffèrent-ils des points de vue européens ?
Beaucoup ont partagé leur propre expérience face aux défis de la pauvreté, du changement climatique, de la guerre, des migrants, etc. La différence avec l’Europe réside peut-être dans le fait que nous partageons davantage des récits et des expériences…
Pensez-vous qu’il y ait une contribution spécifiquement asiatique à l’Église catholique mondiale lors du Synode ? Que pourrait apprendre l’Église de l’expérience des catholiques asiatiques ?
Comme nous sommes une minorité dans la plupart des pays asiatiques, à l’exception des Philippines et du Timor oriental, nous vivons avec des voisins de nombreuses religions. Nous marchons et vivons ensemble en harmonie, en apprenant les uns des autres et en nous respectant. La dimension synodale existe dans les valeurs asiatiques.
Pensez-vous que l’Église catholique soit encore perçue comme une religion étrangère en Asie ?
Les non-catholiques la perçoivent probablement comme une religion étrangère. Mais pour la plupart des personnes qui croient en Jésus, l’Église catholique est un lieu d’appartenance qui fait partie de vous, même s’il y a certaines choses qui peuvent être perçues comme étrangères. Il y a notamment un appel à une plus grande inculturation de la liturgie, comme le souligne le document final de la deuxième session.
Quels sont vos espoirs pour l’avenir de l’Église en Asie ?
Après l’enthousiasme suscité par le Synode sur la synodalité, j’espère que l’Église en Asie pourra avancer avec tous les peuples sans exception et travailler ensemble dans un esprit constructif. Il faut ouvrir la voie pour protéger vraiment la dignité humaine et plus particulièrement pour les femmes, les pauvres, les migrants… Tous ceux qui sont marginalisés. Dans cet esprit porté par le Synode, nous voulons construire ensemble et même si nous ne savons pas encore exactement comment, il y a beaucoup d’espérance dans ce chemin pour l’Église.
Au Japon les gens vieillissent mais grâce aux étrangers et aux missionnaires, la société japonaise peut évoluer vers la diversité. Et à ce titre, l’Église catholique japonaise peut parvenir à servir de modèle pour la société japonaise, en montrant qu’il est possible de vivre ensemble.
Les valeurs bouddhistes et confucéennes font qu’au Japon, l’accent est mis sur les efforts, sur le fait de travailler dur. Et cette même culture a souvent des répercussions négatives sur les Japonais qui ont parfois peu d’estime d’eux-mêmes. Nous essayons donc d’aider les gens à s’accepter tels qu’ils sont, de leur faire prendre conscience que Dieu nous aime comme nous sommes. Par la prière, par le témoignage de vie, et aussi et par les contacts fraternels.
(Propos recueillis par Ad Extra)
À propos de l’auteur : Momoko Nishimura fait partie des dix Asiatiques non-évêques choisis pour participer au Synode. Membre des missionnaires des Serviteurs de l’Évangile de la Miséricorde de Dieu, Momoko Nishimura, âgée de 49 ans, a étudié la théologie à l’université Sophia de Tokyo. Elle a passé six ans de ministère en Argentine avant de revenir au Japon en 2017. Elle a traduit l’encyclique Fratelli Tutti en japonais et travaille aujourd’hui pour la pastorale des jeunes du diocèse de Yokohama. Sa congrégation, relativement jeune, a été fondée officiellement en 2002 en Allemagne, avec pour charisme une vie dédiée à la proclamation de l’Évangile. Présente aujourd’hui dans quinze pays différents, la communauté rassemble des personnes consacrées, des prêtres et des laïcs.
Pour aller plus loin : une interview précédente de Momoko Nishimura publiée en octobre 2023 sur Ad Extra.