Birmanie

Toujours en conflit, la population birmane confrontée à la crise bancaire

Un guichet automatique à Rangoun. La Banque centrale birmane a imposé des restrictions sur les retraits d’espèces par client et par jour. Un guichet automatique à Rangoun. La Banque centrale birmane a imposé des restrictions sur les retraits d’espèces par client et par jour. © Asian Development Bank / CC BY-NC-ND 2.0
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Le secteur bancaire birman est en crise. Alors que les conflits se poursuivent dans le pays d’Asie du Sud-Est, les banques locales ont commencé à limiter les retraits d’espèces sur ordre de la Banque centrale birmane, qui dépend de la junte militaire. La population locale, déjà victime d’une forte inflation et d’une économie en crise, s’inquiète des tensions qui commencent à affecter le secteur bancaire.

Alors que la guerre civile fait toujours rage en Birmanie, les banques locales commencent à limiter les retraits d’espèces par personne et par jour, ce qui suscite l’anxiété de la population locale déjà affectée par l’inflation élevée et l’économie en berne.

Le secteur bancaire birman est en crise depuis le 1er juillet, quand la Banque centrale birmane (contrôlée par la junte militaire) a annoncé son intention d’agir contre sept banques et leurs responsables pour avoir « accordé des prêts immobiliers au-delà du taux fixé ». Il s’agit de la Yoma Bank, l’UAB Bank, l’AYA Bank, la MCB (Myanmar Citizen Bank), la SME-Development Bank, la MMB (Myanmar Metro Bank) et la CHID Bank (Construction, Housing & Infrastructure Development Bank).

La Banque centrale birmane, qui a cité la junte dans son annonce, a ajouté que beaucoup de gens se sont mis à retirer de l’argent auprès de banques privées depuis le 2 juillet. Par conséquent, ces dernières ont réduit les possibilités de retraits, ce qui a aggravé la situation d’émission d’espèces déjà limitée. Un employé d’une banque privée locale, qui répond aux questions sous condition d’anonymat, souligne qu’il n’y avait pas de problème de liquidités avant le mois de juin. Selon lui, c’est la décision de la Banque centrale qui a fait paniquer les gens.

Concernant les nouvelles restrictions, toutes les banques locales fixent les plafonds de retraits entre 1 million de kyats (282 euros) et 2 millions de kyats (565 euros) par jour. Un client ne peut pas retirer plus de 10 millions de kyats par semaine (soit 2 825 euros). Il n’y a pas de limites de dépôts, mais les retraits sont très limités.

« Nous suivons les instructions de la Banque centrale »

« Nous suivons les instructions de la Banque centrale, ce qui inclut leurs restrictions dont les limites sur les retraits, ainsi que des raisons valables pour l’émission d’espèces pour chaque client, et des restrictions sur les comptes bancaires. Maintenant, nous sommes en difficulté parce que le nombre de personnes qui retirent de l’argent augmente tous les jours », ajoute l’employé de banque anonyme.

Dès le 12 juillet, plusieurs banques se sont retrouvées à court d’argent et ne pouvaient plus délivrer d’espèces aux clients. De plus, les banques privées ont limité tous les retraits auprès des guichets automatiques.

Ko Ko Kyi, client d’une banque locale, âgé de 40 ans, a voulu retirer d’importantes sommes sur ses économies, mais il n’a pu prendre que 10 millions de kyats auprès de la AYA Bank le 11 juillet. « J’ai besoin de prévoir mes retraits à l’avance. Je n’ai pas pu non plus retirer d’argent au guichet automatique. Je suis inquiet face à ces restrictions. D’autant plus que si nous avons besoin de liquidités, nous devons en plus payer un pourcentage sur les retraits. »

Alors que les banques privées locales font face à la pénurie de liquidités et aux restrictions sur les retraits, la Banque centrale, qui est contrôlée par la junte militaire birmane, a également annoncé vouloir réduire l’utilisation des espèces et renforcer les paiements numériques et sans contact. L’objectif serait de permettre un nombre illimité de paiements et de transactions financières numériques.

(Avec Ucanews)